CFA et prédations de l’Afrique

Je me réjouis que ce débat longtemps tabou, s’ouvre enfin plus largement. Notre responsabilité c’est, me semble-t-il, comme Césaire le recommande, de montrer aux peuples européens la face hideuse de leur souffle primordial, l’ignominie sur laquelle l’Europe érige son opulence.

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Et, espérer qu’ils (les peuples d’Europe) se révoltent contre une machine qui les fait passer pour des vampires affreux. Utilisons les médias, les réseaux sociaux; Informons-les, sensibilisons-les, mobilisons-les; il y a des chances que l’humain en eux s’éveille à l’origine de nos misères et qu’ils se joignent à nous pour abattre la bête. Définitivement.

C’est naïf, j’en conviens, comme tout rêve !

Quelques questions aux françafricains convaincus

Les jeunes de mon âge ont connu différentes Françafriques; celle qui m’interpelle constamment parce que intimement liée à la progression de la misère dans nos pays et à la dégradation violente du niveau de vie des populations africaines est la Françafrique monétaire, très précisément.

J’ai connu successivement, et je ne suis pas si vieux que cela:

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 – la Françafrique de 1 franc français égal à 50 francs cfa,

 – la Françafrique de 1 franc français égal à 100 francs cfa,

 – la Françafrique de 1 franc français égal à 150 francs cfa,

 – la Françafrique de 1 euro égal à 655,55 francs cfa,

Quelqu’un peut-il nous expliquer pourquoi il doit en être ainsi surtout lorsqu’on sait qu’aucun Etat d’Afrique francophone ne dispose de tissu industriel digne du nom et que ce sont les acheteurs qui fixent le prix de toutes nos matières premières, qu’au final, le béninois, le nigérien et le français achètent leurs ordinateurs et leur téléphones portables sur le même marché, au même prix ?

Le SMIG en France est ramené depuis Juillet 2012 à 1430,25 euros; l’équivalent de 936 813,75 francs cfa. Au Bénin le SMIG est passé récemment de 27000 cfa à 31000 cfa et à 40 000 cfa.  »Le rapport de force » est 30 fois supérieur ou inférieur selon que l’on soitfrançais ou béninois. Les deux(descendants de colons et de colonisés) partagent à plus de 75% les mêmes marchés. Mieux, travailleur ou chômeur, le français bénéficie d’une sécurité sociale respectable, une prise en charge sanitaire et l’Etat lui verse une indemnité pour l’éducation de ses enfants chaque année.

Faute de couverture sociale, le travailleur africain vit dans une telle précarité qu’il paie péniblement la scolarité de ses enfants et ses derniers peuvent mourir de paludisme ou de rhume.

Comparaison n’est pas raison certes, mais, quelqu’un peut-il nous expliquer l’origine de cette innommable disparité entre français et africains francophones ? Pourquoi ce sinistre semble irréversible ? « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »L’Article 1er de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme s’applique-t-il aux africains ?

Pourquoi l’Afrique ne parvient-elle jamais à couvrir ses besoins sécuritaires et sanitaires ? Quelqu’un peut-il nous expliquer pourquoi des Etats dits souverains n’arrivent pas à protéger leurs territoires et leurs peuples de Ébola et des rebelles voyous coupeurs de bras et fumeurs d’herbes pourries ? Pourquoi n’en ont-ils pas les moyens ? Pourquoi ces Etats ne s’en donnent pas les moyens?

Je parle de moyens, en d’autres thèmes, d’argent. Il faut de l’argent pour recruter des jeunes dans nos armées, de l’argent pour les former, de l’argent pour les équiper, de l’argent pour les payer. Cela a le triple avantage de renforcer des armées en lambeaux, de réduire le taux de chômage des jeunes et de garantir la sécurité des populations. C’est en dernier lieu, un gage de paix. Pourquoi nos Etats, quoique souverains, ne disposent pas d’argent pour ce faire ? La boulimie irrépressible de nos dirigeants suffit-elle à justifier soixante années d’impuissance ?

Du reste, l’argent, je veux dire, le billet de banque n’est qu’une performance d’imprimerie. Et, installer des imprimeries dernier cri dans des souterrains secrets et éditer des billets flambant neufs, est à la portée de n’importe quelle entreprise, même médiocre. Alors, au nom de quoi et pour quelles raisons obscures des Etats souverains en manquent au point d’être devenus des théâtres de guerres atroces, de crimes odieux, des charniers à ciel ouvert, des territoires féconds où prospèrent les microbes, les parasites et les virus génétiquement modifiés?

Quelqu’un peut-il nous expliquer pourquoi au lieu de mettre en place un mécanisme d’édition de monnaie similaire à ce qui se fait  au Ghana, au Rwanda et au Nigéria, les chefs d’Etat des pays francophones s’habillent comme des acteurs de film porno pour aller s’abaisser et cirer les bottes à Paris, à Tokyo et à Washington avant de construire des hôpitaux, des écoles et des routes dans nos pays ?

De toute évidence, le mal africain, l’urgence en Afrique francophone est d’bord et fondamentalement monétaire. Tous les autres problèmes sont liés au niveau de vie indéfendable qu’est celui de l’africain francophone d’aujourd’hui dans un monde globalisé où certains se permettent ‘’tout’’ et refusent aux autres, jusqu’au droit de manger à leur faim et où certains gagnent 30 à 500 fois le salaire des autres.

Les sommets organisés de bonne foi et dans le meilleur esprit sans doute, à Versailles, ou à Bruxelles, à grands battages médiatiques ne devraient pas occulter cette évidence: nous ne sommes ni pauvres ni damnés ; nous nous faisons voler. Une éternité que cela dure

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