Deviens pauvre pour savoir ceux qui t’aiment

Chaque jour, quel que soit notre âge, l’expérience personnelle nous apporte toujours quelque chose de nouveau. Parfois, cette nouveauté nous surprend agréablement, parfois désagréablement, mais c’est plus rare qu’on en soit totalement indifférent.

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Les expériences les plus douloureuses sont les plus utiles, car elles nous donnent les armes pour éviter à l’avenir de telles situations. Les expériences des autres nous forment aussi. C’est pour cela que j’apprends beaucoup des autres, et j’apprends un peu aux autres. Voyons donc aujourd’hui comment les autres vous traitent, lorsque vous n’avez plus d’argent, ou quand vous êtes descendu de votre piédestal de chef. Chers amis, c’est surprenant et horrible.

L’illusion du riche bien aimé

Attention, j’assimile au vocable « riche », toutes les personnes qui ne sont pas forcément riches, mais qui occupent une position enviable : Chef d’Etat, ministre, député, ambassadeur, préfet, directeur civil ou militaire de ceci ou cela, etc.

Bien évidemment, il y a ceux qui ne sont rien de tout ça mais qui ont de l’argent et tirent leur notoriété de ce fait. Même si c’est un peu d’argent, la richesse étant une chose relative.

Toutes ces catégories de personnes ont souvent beaucoup de monde autour d’elles et croient parfois naïvement qu’elles sont aimées. A ce sujet, notre artiste traditionnel DossouLetriki (paix à son âme) a produit une chanson intitulée « akuedjèhagbèto », ce qui signifie à peu près en langue nationale Goun : « il est bon d’avoir de l’argent ». L’artiste vante les délices de l’argent en parlant justement du grand monde qu’on a autour de soi, de la célébrité,  de la femme qui est très obéissante et même docile au mari riche, des gens qui se bousculent aux invitations du riche, personne fière et sûre de sa puissance, etc.

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Tout cela est vrai et il en est de même du grand chef (ou même petit chef) qui bénéficie de toute l’ « attention » de ses collaborateurs et des usagers des lieux, quand ceux-ci le savent incontournable. Les hommes s’aplatissent. Ils sont prêts à donner de l’argent ou tout ce qu’ils croiront bon pour être dans les bonnes grâces de ce petit seigneur terrestre. Les femmes aussi rivaliseront de bonnes manières et donneraient aussi tout, y compris « tout.»

Quand le riche devient pauvre

Sans être sadique, je souhaite que tous les riches deviennent pauvres (tout juste un certain temps) pour savoir ceux qui les aiment en réalité. Que les chefs perdent un peu leur pouvoir pour voir l’être humain dans sa réalité.

Toutes les scènes de gentillesse envers le chef et le riche ne valent pas mieux qu’une scène de théâtre de très mauvais goût. Le chef ou le riche s’en rend compte dans la douleur lorsqu’il devient pauvre ou même quand un handicap quelconque l’affaiblit. Il n’en croit plus, ni ses yeux, ni ses oreilles. Il ne reconnait plus ceux qui rampaient à ses pieds, tellement leurs comportements ont changé.

Un cas concret et vrai est celui de mon ami dont je ne dirai évidemment pas le nom. Il était fonctionnaire de l’Etat béninois, bien respecté en famille. Et ce respect augmenta encore lorsqu’il reçu un titre d’affectation du Ministère des Affaires Etrangères qui l’envoyait à un poste diplomatique dans un pays communiste. Dans les préparatifs de son voyage, il commit l’erreur de libérer sa chambre en ville. Il vendit aussi ses meubles et même son moyen de déplacement et alla s’installer auprès de son père au village, tandis que son épouse et ses enfants étaient dans la nature quelque part auprès d’autres parents.

Or, entretemps, la Conférence Nationale était passée par là et nous n’avions plus de relations privilégiées avec les pays communistes. Conséquence, notre ambassade que mon ami s’apprêtait à rejoindre fut fermée et son titre d’affectation fut tacitement annulé. Dans cette nouvelle situation où il se retrouvait brutalement sans argent, sans maison, sans sa petite famille et sans honneur, mon ami commença à découvrir le vrai visage de ceux qui faisaient semblant de l’aimer, y compris des parents très proches.

Plusieurs fois, il a menacé de se suicider. Mais personne ne s’en inquiétait.  On s’en « foutait » royalement. A peine ne l’incitait-on pas à le faire.

Alors une nuit, il se leva et alla se jeter dans un puits à margelle très profond du village. Il mourut évidemment. Voilà ! Paix à l’âme de cet ami broyé par le cœur humain en perpétuel durcissement et diabolisation,  et qui ne rate aucune occasion de vanter plutôt sa propre bonté. Chacun est toujours bon. Ce sont toujours les autres qui sont mauvais.

Tous ceux qui ont été riches avant de connaître de graves difficultés, tous ceux qui ont été chefs avant de dégringoler, tous ceux qui ont été physiquement puissants avant de connaître un handicap vous raconteront leur histoire. Ce n’est pas souvent une très belle histoire d’amour du prochain. Et parfois, cela conduit au pire drame comme ce fut le cas pour mon ami dont j’ai parlé plus haut. Celui qui n’a rien prévu ne peut malheureusement rien empêcher. Celui qui a été assez fou pour mettre tous ses œufs dans la même corbeille des reptiles et des professionnels de l’hypocrisie et de la versatilité n’aura qu’à en constater les dégâts au moment où il ne pourra plus avoir la réaction subséquente et efficace.

Les criminels de l’ingratitude et de la trahison ne se détectent ni à la loupe, ni au microscope. Ils ont le langage et le comportement d’agneau qu’il faut au moment qu’il faut. C’est bien après que ces loups maquillés appliquent sans pitié la pensée de cet auteur qui disait : « il est dans l’ordre des choses de piétiner ce qui est à terre. » Et les gens ne se privent pas de piétiner violemment. Même si celui que l’on piétine est un parent proche, l’ancien bienfaiteur, la personne grâce à laquelle on a eu la vie sauve, on a eu son travail, etc.

Peut-on éviter d’en être victime ?

Il n’y a aucune civilisation humaine sur terre où tout ce que j’ai dit ne se passe. Ma culture générale et mes séjours à l’étranger me permettent de vous le dire. Et à travers tout ce que vous avez lu plus haut, vous savez déjà ce qu’il ne faut pas faire. Si vous voulez savoir ce qu’il faut faire, alors je dis que la première lutte de l’être humain est de tout faire pour ne pas être à terre, sinon, il sera allègrement piétiné, y compris par ses proches parents.

Maintenant, si l’on tombe, ce n’est pas encore la catastrophe. Il faut se battre courageusement, avec détermination et en faisant appel à tout son génie pour se relever. Cela est tout à fait possible. Bien des gens que l’on croyait finis ont pu se relever et ont fait mentir les calculs des ennemis officiels et officieux. Votre serviteur que je suis a vécu le cas. Grâce aux membres de ma famille qui sont humains, ainsi qu’à la bénédiction de Dieu, je suis toujours debout et heureux, mais ce ne fut pas facile. J’ai vu le comportement des gens dans mes différentes situations. Je ne donne mon propre exemple que pour vous monter que c’est bien possible de rebondir, et que vous ne devez jamais l’oublier.

Que conclure

Je demande à ceux qui sont puissants, par leur argent ou leur position quelconque, qu’ils ne vivent qu’une illusion dorée, car tout peut basculer de façon imprévisible. Alors, qu’ils se réconcilient avec ceux qu’ils méprisaient au lieu d’aller tromper Dieu à l’église ou à la mosquée avec un cœur bourré de haine et d’intolérance. Les âmes de leurs victimes sont aussi là pour les poursuivre.

Je demande ensuite à ceux qui n’attendent que les difficultés des autres pour les piétiner méchamment, de savoir que la terre est ronde et qu’elle tourne. Le retour de manivelle, ou le retour de destin de l’autre pourrait les surprendre et faire très mal. Que Dieu nous donne la force de vaincre ces faiblesses

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