Bénin: Séminaire parlementaire sur l’amélioration de la représentation des femmes au Parlement

Depuis 1991, l’Assemblée nationale du Bénin peine à avoir en son sein un nombre raisonnable de femmes députées. Au fil des législatures, la situation n’a fait qu’empirer. C’est pour remédier à cela que la nouvelle législature, sous la houlette du président Adrien Houngbédji, a décidé d’organiser en fin de semaine à Grand Popo un séminaire sur le thème : « amélioration de la représentation des femmes au parlement »

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A quelques jours de la commémoration de la Journée internationale de la femme (Jif), l’Assemblée Nationale du Bénin a décidé de se pencher sur un mal qui le dérange depuis son existence. Il s’agit de la faible représentatitivité des femmes au sein de cette institution. Actuellement, seulement 8% de femmes sont présentes à l’Assemblée nationale. Cette situation relèvera bientôt du passé. Les députés s’y attèlent et le séminaire tenu à Agoué, les jeudi et vendredi derniers, entrent dans ce cadre. Pendant deux jours, les honorables députés et le Président de l’Assemblée Nationale ont travaillé sur cette thématique. Il émane des réflexions plusieurs axes majeurs, dont la possibilité de dégager un siège de députés par circonscription électorale pour les femmes. Les alternatives liées aux bonus financiers accordés aux partis politiques ayant accordé plus de places aux femmes parmi leurs élus, ont également été explorées.

Des recommandations pertinentes

Les travaux ont tourné autour de trois communications, sur le rôle de la femme dans l’histoire politique du Bénin, le code électoral et la place de la représentation nationale et la représentation des femmes au parlement, dans la sous-région et le monde. Au terme des débats, les députés se sont répartis en groupes de travail pour examiner les amendements à apporter au code électoral et à la constitution, afin d’améliorer le pourcentage de femmes au parlement.

A la fin des deux jours d’atelier, les participants ont formulé plusieurs recommandations, visant notamment à obtenir le consensus sur la révision de l’article 26 de la Constitution, et à saisir l’opportunité de la perspective des réformes politiques et institutionnelles pour intégrer les éléments de l’exposé des motifs adoptés à l’atelier. Ils recommandent également d’assurer l’amélioration de la représentation des femmes au sein des assemblées délibérantes, au niveau communal et local, de faire en sorte que toutes les communes soient représentées au niveau du Parlement, de veiller au niveau du Bureau de l’Assemblée Nationale à ce que toutes les désignations des membres des institutions émanant de cet organe, comportent au moins une femme, et d’initier  les actions visant à la prise en compte des résultats du RGPH4, pour l’actualisation du nombre de sièges de députés par circonscription électorale.

Le taux de représentativité des femmes au parlement béninois gravite autour de 8,4%, ce qui place le Bénin au rang de 172ème sur 193 pays, alors que les normes internationales recommandent une moyenne d’au moins 30%. 

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Quelques propos de députés sur l’opportunité de l’amélioration de la représentation des femmes au parlement

Député Antoine Kolawolé Idji

«…Il me semble que c’est l’un des séminaires les plus importants de cette 7ème législature. Le Parlement n’a jamais pu atteindre 10% de représentation des femmes. Il en est ainsi pour toutes formes de raisons. C’est ça que nous sommes venus régler. Mais il faut reconnaître qu’après les débats d’un Parlement particulièrement masculin, les hommes ont peur de perdre leurs privilèges, et ils font recours à toutes sortes d’arguments. Certains font recours au Coran, certains à la Bible et d’autres à notre culture et à nos coutumes. Ils vont jusqu’à faire recours à l’incapacité congénitale des femmes à se mêler de la chose publique et à diriger ; ce qui est en contradiction fondamentale avec notre histoire. Et qui est aussi en contradiction avec ce que nous proclamons être les spécificités du Bénin ; c’est-à-dire l’approfondissement de la démocratie. En effet, comment pourriez-vous parler de démocratie en mettant 52% de la population à la portion congrue de la représentation nationale ? Vous ne pouvez pas dire que les femmes ne sont pas capables parce que c’est ce genre d’arguments que les racistes de tous poils utilisent contre les Noirs.

Ils disent que les Noirs sont paresseux, ignorants, et pas capables. A quelques choses près, c’est la même chose qu’on retourne contre les femmes. Mais moi je dis à ces hommes de se tenir tranquilles, et je dis aux femmes de continuer leur combat. L’évolution est totalement irréversible. L’histoire de notre pays montre à suffisance que les femmes peuvent faire aussi bien et même mieux que les hommes. Donc, on n’a pas besoin de se cacher derrière la Bible, derrière le Coran et la souveraineté. Ce n’est pas la peine. L’évolution que nous voulons amener, ce n’est pas un cadeau que nous voulons offrir aux femmes. En défendant une meilleure représentation de la femme au Parlement béninois, je ne défends pas les femmes. Je défends la société. On ne peut pas aller au développement si on ne fait que donner la portion congrue à plus de 52% de la population… »

Député Sofiath Schanou Arouna

«…Je dirai qu’en tant que parlementaire, j’attends beaucoup et en tant que femme, j’attends davantage. On entend souvent dire que ça ne se donne pas. Mais si nous n’avons pas le soutien des hommes, je ne pense pas que la bataille sera gagnée (…) Le vrai problème, c’est le poids de la culture qui empêche la plupart des femmes d’aller en politique. Les quelques unes qui ont osé aller en politique, nous savons très bien comment elles ont été traitées. Donc, je pense qu’il faudra briser certains tabous et aller vers les hommes pour leur expliquer ce qui se fait… ».

Député Aké Natondé

«…Nous sommes conscients qu’il y a des pesanteurs sociologiques et culturelles qui ne permettent pas toujours la participation de la femme à la gestion de la chose publique. C’est pour cela que le président de l’Assemblée nationale a émis l’idée d’entreprendre des travaux de réformes au niveau de nos textes et lois, pour permettre de régler un temps soit peu cet état de chose. Les pesanteurs sociologiques, culturelles et historiques dont je parlais tantôt, nous en connaissons les origines. Nous savons très bien qu’avant les indépendances, il y avait ce fameux article 124 du droit coutumier qui faisait de la femme, la propriété de l’homme.

Nous ne pouvons pas continuer comme ça parce que les femmes constituent 52% de la population aujourd’hui. Quel développement peut-on faire en continuant à ignorer cette partie de la population de notre pays ? Donc, quelle que soit la lourdeur de ces pesanteurs, nous devons travailler à corriger le tir. C’est ce que à quoi les députés de la 7ème législature s’attèlent… ». 

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