Démission de Candide Azannaï: Un acte de grande bravoure dont l’onde de choc va ébranler l’édifice Talon

La nouvelle de la démission de Candide Azannai, l’enfant terrible de la classe politique, a fait l’effet d’un grand coup de tonnerre dans un ciel serein, en ce mois de mars annonciateur de la grande saison des pluies.

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Diffusée sur notre site d’informations, dès le début de l’après-midi, elle s’est répandue dans toute la ville comme une traînée de poudre et a fait « crépiter », pour ainsi dire, tous les réseaux sociaux. Passés les premiers moments de doute et d’incertitude sur sa véracité, la nouvelle a été confirmée par Guy Mitokpè, le plus jeune député de la présente législature, joint au téléphone par notre rédaction. C’est alors que reviennent en mémoire les propos très durs prononcés par ce dernier jeudi passé, et rapportés par notre confrère Le Matin dans son édition d’hier lundi, à l’occasion du vote de rejet de l’examen du projet de loi portant révision de la constitution en procédure d’urgence.

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«Lorsqu’on introduit un projet comme ce qui vient d’être fait, alors que nous avons déjà fait deux sessions extraordinaires, on nous convie à une troisième session extraordinaire, cela fait déjà deux urgences qu’on souligne, et maintenant on demande qu’on puisse le faire en procédure d’urgence, c’est une insulte. Et nous pensons que visiblement le chef de l’Etat aété trompé. » Des propos pour le moins inattendus, qui ont surpris tout le monde et on a tôt fait de les mettre sur le compte de la fougue d’une jeunesse qui livre sans retenue les secrets d’alcôve. « Quelle mouche l’a piqué ? » s’est-on interrogé. Intervenant deux jours avant cette démission spectaculaire que rien ne laissait présager, ces propos du plus fidèle compagnon du ministre démissionnaire (il était à ses côtés depuis les bancs de la fac), ont la résonnance d’un coup de semonce.

Téméraire et atypique

En attendant d’en savoir plus au cours de la conférence de presse du démissionnaire annoncée par l’un de ses proches pour la journée de demain mardi, on peut d’ores et déjà saluer ce geste politique comme un acte de très grande bravoure dans un pays où le mot démission n’a pas souvent cours dans le langage des politiciens. Pourquoi ? Tout simplement parce que Ministre de la république, à la tête d’un corps déjà discipliné, Candide n’avait pas grand-chose à faire.

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Il aurait pu se contenter, comme certains de ses prédécesseurs, de gérer les achats du paquetage de la grande muette, les rétro-commissions sur achats, et les émoluments des soldats envoyés sur les théâtres d’opération, pendant les cinq ans de mandat, que rien ne lui arriverait. Mais Candide n’est pas le genre de personnage politique à jouer les seconds rôles. Ce compagnon de la première heure de la galaxie Talon adore les coups d’éclats tout autant qu’il supporte mal l’humiliation, parce qu’il a le sens de la justice et de l’honneur solidement chevillé au corps.

On l’a vu très tôt aux côtés de l’homme sur les premières photos qui ont circulé sur la toile, au cours des audiences des procès dits de demande d’extradition formulée par le régime Yayi, au plus fort de l’affaire dite d’empoisonnement et de coup d’Etat. Au pays, Candide était toujours là pour galvaniser les foules, jouer les provocateurs, quand personne n’osait parler et vitupérer contre le régime Yayi. Qui, mieux que Candide, pouvait répondre du tac au tac à l’ancien président, usant des mêmes propos orduriers que ce dernier ? Au point où il a échappé de justesse à une tentative d’enlèvement grâce à la grande mobilisation des populations de jeunes Cotonois, qui ont mis la ville sens dessus-dessous toute une journée.

Le président Yayi a dû reculer, abandonnant toutes ses charges contre lui. Après cela, quand la campagne pour la présidentielle a commencé véritablement, Candide s’est fait plus discret : une sorte de mise en quarantaine en somme, on ne sait pas trop pourquoi. Comme si on avait peur que ses coups de gueule ne fissent du tort au candidat. On a murmuré à l’époque que c’est le candidat lui-même qui a délibérément choisi de mettre sous éteignoir ce « trublion » connu pour son audace et sa témérité, au profit de ceux que Candide percevait comme des ouvriers de la 25ème heure, visiblement préférés pour leur langage moins rugueux, plus policé ! Candide a rongé son frein en silence jusqu’à sa nomination au strapontin de ministre délégué (le seul du gouvernement), à la tête de la grande muette.

Depuis lors, il s’est muré dans un silence que le grand public trouvait bizarre. Lui, habituellement si volubile sur tous les sujets d’intérêt public, s’est terré. Muet comme une carpe pendant les opérations de casse qui ont dénaturé le paysage de Cotonou, de ce natif du quartier populaire de Jonquet qu’il a toujours revendiqué comme son véritable fief. Silencieux aussi depuis que le débat se fait de plus en plus houleux sur la révision de la constitution, Il a dû craquer à la vue des vidéos allusives sur la toile et sur les réseaux sociaux.

Candide Azannai n’est pas n’importe qui dans la classe politique de notre pays : Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, il est, à n’en point douter, après le Renard de Djrègbé, toujours aussi truculent et percutant, l’un des politiciens qu’il vaut mieux pour un régime, avoir avec soi que contre soi. Sa démission marque un grand tournant dans le mandat de l’homme de la rupture, et plus rien ne devrait se faire comme avant ! Les jours à venir ne risquent pas d’être de tout repos dans cette ambiance de manifestations tous azimuts contre le projet de révision constitutionnelle.

Candide Azannai sera, à n’en point douter, au cœur de l’actualité pendant quelques jours voire des mois. Tous ses propos seront passés au peigne fin par tous les acteurs de la scène politique et risquent de faire très mal.

 

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