Sylvestre Amoussou: «Je reviens bientôt,… j’espère réellement que l’Etat va structurer la filière cinéma»

Lauréat de l’Etalon d’argent de Yennenga et du prix spécial de l’Assemblée nationale du Burkina-Faso, à la 25ème édition du Festival panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (Fespaco), avec son long métrage L’ORAGE AFRICAIN – un continent sous influence, Sylvestre Amoussou se prépare à venir présenter les trophées à ses compatriotes béninois à qui il a donné la priorité de ce film en octobre 2016, au centre Artisttik Africa de Cotonou.

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Dans une interview que le réalisateur béninois nous a accordée à propos, il fait part de son interprétation de ces prix quand à son engagement depuis des années pour une autre Afrique, et parle aussi de son attente majeure vis-à-vis de l’Etat béninois.

Lnt : Vous avez fini la 25ème édition du Fespaco à la deuxième marche du podium. Ce samedi 4 mars 2017 à la cérémonie de clôture, qu’avez-vous vécu depuis l’annonce de votre film pour le deuxième prix, jusqu’au moment où vous avez soulevé effectivement l’Etalon d’argent de Yennenga ?

Sylvestre Amoussou : Au moment où le Président du jury long-métrage Nourredine Saïl a décrit le film étalon d’argent, je me suis dit c’est mon film L’ORAGE AFRICAIN – un continent sous influence  qu’il décrivait, mais je n’y croyais pas. Quand j’ai entendu mon nom, j’étais extrêmement heureux et fier. Je voyais également que c’était le travail de toute une équipe qui était récompensé. Mais également la récompense de tous ceux qui ont cru en moi.

Quel a été selon vous, l’élément fondamental de ce film qui vous a valu cette distinction continentale, puisque dans une interview que vous aviez accordée à un site avant le festival, vous vous êtes montré sûr de votre succès à cette édition du Fespaco ?

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Je suis à l’écoute de l’Afrique et de sa jeunesse. J’ai su transcrire leurs émotions et désirs en images. J’ai porté la parole de la majorité des sans voix, sans filtre. Mais je savais également qu’artistiquement et techniquement c’était mon film le plus abouti.

Quel avantage ou mérite pensez-vous que «Félicité» de votre confrère Alain Gomis, a eu de plus que «L’orage africain, un continent sous influence» pour arracher l’Etalon d’or ?  

Seul le jury pourrait vous répondre.

Vous avez espéré l’Etalon d’or, vous avez eu celui d’argent. Etes-vous satisfait ?

Plus que satisfait ; j’ai tout eu. Premièrement, le prix du public dans les salles. Comme le disent plusieurs articles, la tempête s’est abattue sur le festival avec mon film. Deuxièmement, le prix de l’Assemblée nationale du Burkina Faso, décerné pour la première fois, qui est un acte très fort et qui dit clairement que je ne suis plus seul, et quelle récompense dans le pays de Sankara et des hommes intègres… Et enfin l’étalon d’argent décerné par la profession. Alors …

Quels pourraient être les impacts de ces prix tant dans votre carrière que dans le cinéma béninois ?

Ces prix sont extrêmement importants, ils permettent de montrer à nos politiques l’importance de soutenir le cinéma et de structurer notre cinéma.

Voyez-vous à travers ces trophées un début de reconnaissance de votre engagement à montrer une autre Afrique que celle de la misère, de la pauvreté,… et à inciter les Africains à agir ?

Ce n’est pas une reconnaissance que je vois. Et ce n’est pas de reconnaissance que j’ai besoin. Mon engagement pour l’Afrique est total. Je vois que l’Afrique bouge, que la jeunesse va peut-être prendre son destin en mains pour une nouvelle Afrique, car même les politiques commencent à avoir le courage de montrer leur indépendance et le désir d’une autre Afrique. Une Afrique indépendante idéologiquement, économiquement, mais également une indépendance de sa monnaie. L’Assemblée nationale du Burkina Faso vient de donner l’exemple.

Quel a été l’accueil de la France où vous vivez quand vous êtes rentré ?

Extraordinaire. Les gens qui m’ont soutenu viennent tous porter les trophées. Une nouvelle espérance est née.

Beaucoup de Béninois sont impatients de vous voir à Cotonou avec l’étalon. Certains avaient même annoncé sur les réseaux sociaux votre arrivée pour lundi 6 mars dernier. Avez-vous déjà pensé à satisfaire à leur attente ?

Bien évidemment il est essentiel pour moi de leur présenter ces trophées et de partager ce moment de bonheur. Mon arrivée est en préparation.

Ce sera probablement pour quand ?

Très bientôt mais je n’ai pas la date exacte. En octobre 2016 j’étais venu avec le film pour donner la primeur aux Béninois, mais je reviens bientôt et serais ravi que le plus grand nombre de nos compatriotes béninois voit L’ORAGE AFRICAIN – Un continent sous influence.

Quelle a été la contribution de l’Etat béninois dans la production de ce film ?

Le gouvernement précédent m’avait soutenu à hauteur de 10 millions CFA. C’est déjà ça mais pour le cinéma c’est un geste symbolique car le cinéma coûte extrêmement cher.

Qu’espérez-vous de lui encore et de vos compatriotes en général ?

Le film est fait, les récompenses sont là. Chacun me donnera ce qu’il estime être juste pour que je puisse payer l’ensemble des dettes contractées, afin de rendre possible la participation de L’ORAGE AFRICAIN – Un continent sous influence en compétition officielle au FESPACO.

Au-delà, j’espère réellement que l’Etat va structurer l’ensemble de la filière cinéma, pour que les professionnels puissent vivre décemment de leur métier, et qu’il existe une réelle création qui permette de faire briller le Bénin à l’intérieur et à l’extérieur de ses frontières. Ce qui permettra également de développer à travers le cinéma, l’ensemble de la filière tourisme. Nous, réalisateurs, sommes les premiers ambassadeurs de notre pays.

Que promettez-vous à votre tour à vos fans, aux africains,..?

Je ferai de mon mieux pour que mon film soit vu par le plus grand nombre.

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