Guy Mitokpè: ‘’Nous travaillons pour que ce régime puisse réussir…’’

Le député du parti « Restaurer l’espoir », l’honorable  Guy Dossou Mitokpè, a accepté accorder une interview à votre journal à l’issue du vote de rejet émis par les députés à l’unanimité, à propos de la demande d’examen en procédure d’urgence de la révision de la constitution du 11 décembre 1990. Lisez plutôt les réponses de l’honorable aux questions de votre journal.

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Journal le MATIN : les députés viennent d’émettre un vote pour rejeter la demande d’étude en procédure d’urgence du projet de révision de la constitution envoyé par le gouvernement, parlez-nous un peu de vos impressions à l’issue de ce vote.

He Guy Dossou Mitokpè : Merci Monsieur le journaliste. D’entrée de jeu je vais dire que j’étais très blessé à la séance à laquelle nous avons entendu parler de la procédure d’urgence personnellement.

J’étais blessé, j’ai pris ça un peu comme une trahison, parce que nous travaillons pour le peuple et nous travaillons aussi avec le peuple. Et vous devez aussi savoir qu’il y a effectivement des urgences dans la République. Je l’ai dit, la question des jeunes, la question de la qualité de l’eau, la question des femmes, l’emploi des jeunes, ce sont des urgences, parce que cela fait bientôt un an que le président est là, et nous travaillerons afin que le président puisse effectivement rassurer le peuple.

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Nous sommes dans cette dynamique, nous allons travailler pour que la rupture puisse être une réalité, pas pour miroiter un mirage aux béninois si ce n’est pas une tautologie, mais pour prouver au peuple qu’on peut mieux faire.

Mais lorsqu’on introduit un projet comme ce qui vient d’être fait alors que nous avons déjà fait deux sessions extraordinaires, on nous convie à une troisième session extraordinaire, cela fait déjà deux urgences qu’on souligne et maintenant on demande qu’on puisse également étudier ce projet en procédure d’urgence, c’est une insulte. Et nous pensons que visiblement le chef de l’État a été trompé.

Il a été trompé par qui?

Par son entourage bien sûr. Il faut effectivement soulever cette question. Et nous sommes même allés plus loin, pour demander qu’on puisse mettre sur pied une commission d’enquête. Nous estimons que le président a été trompé parce qu’il ne peut pas parler de procédure d’urgence alors qu’il sait qu’il y a d’autres urgences. La révision de la constitution aujourd’hui n’est pas une urgence. Ce n’est une urgence ni pour vous ni pour moi, ni pour les béninois. Et la question a été renvoyée à la commission compétente, mais nous prendrons notre temps en attendant que l’étude puisse être faite. Nous disons que ce qui a tué le jour peut tuer la nuit. Ce qui a détruit le changement peut détruire la rupture. Et nous travaillerons afin que la rupture ne puisse pas échouer.

Mais pour que ce régime puisse réussir, il faut dans le camp du président de la République, des hommes et des femmes attachés à la République. Des hommes et des femmes attachés aux valeurs Républicaines, aux valeurs régaliennes, nous sommes attachés à cela. Et nous disons aujourd’hui effectivement qu’il y a des urgences.

Je l’ai dit, je peux me répéter, sur la qualité de l’eau, sur l’emploi des jeunes, sur la qualité de vie, sur le quotidien des béninois, il y a des urgences à ce niveau, sur la construction des routes, sur la qualité de l’éducation, il y a des urgences, mais sur la révision de la constitution il n’y a pas encore d’urgence.

Et la traduction du vote que vous avez constaté au sein de l’hémicycle, c’est un sentiment qui est partagé par les députés de tous les bords. Et moi je dis, si le chef de l’État a osé accepter introduire un pareil document à l’Assemblée nationale, c’est qu’il a été trompé.

Vous convenez avec moi que ce n’est pas le chef de l’État qui saisit son document, ce n’est même pas lui qui rédige son document, ce n’est pas lui qui met le document dans l’enveloppe, ce n’est pas lui qui met le sceau officiel sur le document, il y a des hommes, des femmes chargés de cela. Donc il faut que nous cherchions à pouvoir comprendre ce qui s’est réellement passé.

Et vous demandez une commission d’enquête pour cela?

Parce que nous considérons ce qui s’est passé comme une trahison.

Est-ce à dire que la majorité parlementaire que vous constituez autour du chef de l’État n’a pas été consultée sur le protocole à adopter, sur tout ce que vous devez orchestrer au niveau de l’Assemblée nationale pour faire aboutir la vision du chef de l’État?

Pour le moment, nous parlons de la forme. Sur la forme, vous voyez notre position. Notre position est sans ambigüité sur la forme. Et elle est ferme sur la forme.

Donc en clair, vous n’avez jamais été consulté sur la procédure à adopter?

Notre position sur la forme est claire et sans ambigüité. Quant au fond, je pense qu’on aura le temps de revenir sur le fond du document. Mais sur la forme, j’ai dit quand on voue l’Assemblée nationale aux gémonies, quand on caricature l’Assemblée nationale, quand on pense qu’au sein de l’hémicycle ce sont les godillots, il faut des hommes et des femmes, des républicains pour dire quand il y a des heureux que ce sont des heureux. Parce qu’au-delà de tout nous travaillons d’abord pour les béninois et les béninoises pour que la qualité de vie des béninois et des béninoises puisse s’améliorer et que le développement dans notre pays puisse être une réalité. C’est ceux à quoi nous sommes intrinsèquement attachés.

Quel est le sort réservé maintenant à ce projet de loi?

Je pense que les jours qui viendront nous édifieront

La session extraordinaire continue-t-elle?

Le document était affecté à la commission compétente, moi-même je suis membre de la commission des lois, nous avons été convié pour le mardi prochain à 16H. Je pense que les Jours qui viendront comme je vous l’ai dit tout à l’heure nous édifieront.

Vous tentez de dédouaner le président de la République alors qu’il a la possibilité de tirer sa demande en procédure d’urgence

J’ai dit tout à l’heure que notre rôle c’est de soutenir le Président afin que ce qui est promis puisse être une réalité. Il y avait plusieurs candidats nous avons soutenu celui qui a gagné. Nous ne sommes pas venus au secours de la victoire.

Nous étions là, nous avons confectionné cette victoire. Mais c’est aussi de notre rôle de dire quand il y a des erreurs que ce sont des erreurs.

 

Propos recueillis pour le Matin par Fidèle KENOU

Publié avec l’autorisation du DP  De Le Matin

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