Le samedi 04 mars 2017, le Chef de l’Etat Patrice Talon a rencontré les empereurs, rois et dignitaires du septentrion. Si l’objectif affiché de cette rencontre est de recueillir les doléances de ces têtes couronnées, celle-ci continue de susciter des interrogations au regard du caractère parcellaire des invitations et du contenu des propositions faites aux hôtes du président de la république.
On ne saura sûrement pas tout ce qui se cache derrière la rencontre du samedi dernier entre le Chef de l’Etat et les rois venus des quatre départements du septentrion. Officiellement, cette rencontre a permis aux rois et dignitaires d’exposer leurs doléances au nouveau président de la république. Ce dernier, a à son tour, promis à ses hôtes d’intégrer dans les réformes en perspective, surtout celle constitutionnelle, des dispositions pour donner plus de pouvoir aux chefferies traditionnelles. Ça c’est le coté officiel de la rencontre. Du moins, ce qu’on a voulu en dire.
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Seulement, cette rencontre ne manque pas de susciter des interrogations. Il n’y a pas si longtemps, le président Patrice Talon a fait une brève tournée dans le septentrion où il a visité quelques villes. On avait cru que cette belle initiative irait à son terme avec la tournée dans la partie méridionale du Bénin, mais tout s’est arrêté au nord et depuis, plus rien.
Quelques mois après, quand le chef de l’Etat décide de rencontrer les rois et têtes couronnées, c’est encore ceux du septentrion qui sont privilégiés. Loin de surfer sur une fibre régionaliste, Talon joue habillement à privilégier « les autres », pour ne pas être taxé de n’agir que pour « les siens ».
En voulant ainsi agir à l’opposé de son prédécesseur Boni Yayi, il ouvre la voie à une discrimination du sud par rapport au nord. Si cette pratique n’est pas du régionalisme, les effets sont identiques. On peut alors s’interroger sur les vrais mobiles de cette rencontre. Pourquoi parler des problèmes de la royauté au Bénin sans associer ceux de la partie méridionale du pays, où plusieurs grands souverains sont encore au trône ? Au nom de quoi prendre la décision salutaire de constitutionnaliser le pouvoir des chefferies traditionnelles, sans y associer les rois d’une grande partie du pays ? Ces interrogations ouvrent la voie à d’autres hypothèses.
L’ombre de Yayi
Selon certains analystes, la rencontre du samedi dernier avec les rois et dignitaires du nord a d’autres explications. Ces sources racontent que le président de la République aurait reçu des informations concordantes sur les percées de son prédécesseur Boni Yayi au nord, surtout auprès de ces rois qu’il entretient toujours, et dont la majorité lui fait toujours allégeance. Ces derniers jours, on a vu le président Yayi se pavaner pour diverses occasions au nord. Visites de courtoisie à des rois, tourisme et visite de pompes de forage, participation à des fêtes communautaires… Yayi ne manque aucune occasion de se montrer aux côtés des populations de cette partie du pays. Pour beaucoup, la rencontre du samedi avec les têtes couronnées est donc plus pour ralentir l’hégémonie de Yayi sur cette région du pays. Et pour se faire, le pouvoir Talon a choisi d’intéresser les rois sur qui il a longtemps basé son influence. Il s’agit là d’une guerre à distance, qui se fait dans la perspective des prochaines élections pour lesquelles Yayi, selon son entourage, s’apprête à revenir en force
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