Révision de la Constitution: La Cpfg dénonce une «trahison» du peuple par Talon

La Convention patriotique des forces de gauche (Cpfg) a animé hier, jeudi 16 mars 2017, une conférence publique sur la situation sociopolitique notamment le projet de la révision constitutionnelle. A cette occasion, la convention a dénoncé une trahison du peuple par le chef de l’Etat.

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Le projet de révision de la constitution est de nouveau à l’Assemblée nationale. Comme les précédentes fois, il suscite de nombreuses réactions. La dernière en date est celle de la Convention patriotique des forces de gauche qui a animé hier, jeudi 16 mars 2017, au Cpa à Cotonou, une conférence publique pour se prononcer sur le sujet. Dans les propos liminaires, le porte-parole de la Convention, Jean Kokou Zounon, est revenu sur la procédure.

Après avoir promis de consulter le peuple sur son projet, le chef de l’Etat, vraisemblablement, est en train d’opter pour la voie parlementaire.  Pour M. Zounon, le «revirement actuel (du président Talon) pour la voie parlementaire constitue (…) une trahison» du peuple béninois. Rappelant les différentes luttes du peuple contre les projets révisionnistes du feu président Kérékou et de son successeur Yayi, le porte-parole de la Cpfg a fait savoir que la promesse du président Talon de soumettre son projet de révision de la constitution au référendum n’est point un «cadeau» mais plutôt sa soumission à «une exigence populaire et démocratique qui s’est forgée pendant plus de 15 ans de luttes contre les volontés bureaucratique et autocratique de révision».

«Talon a peur de la censure du peuple et veut se réfugier au Parlement parce que sa politique d’ensemble en moins d’un an d’exercice du pouvoir est désapprouvée par le peuple », a estimé M. Zounon qui souligne que la voie parlementaire, quoique légale, n’est légitime.

Cela, explique-t-il, parce que les «députés ne sont pas dignes de confiance».

L’implication directe du peuple nécessaire

Lors de la conférence, le porte-parole de la Cpfg s’est penché sur le contenu du projet de révision et est convaincu qu’il ira dans le sens de légaliser la politique gouvernementale. Une politique que Kokou Zounon juge « anti-peuple et anti-démocratique complètement à l’antipode des attentes et exigences des masses populaires ».

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Le conférencier estime par ailleurs que les points à réviser nécessitent une implication directe du peuple. Notamment la question de l’augmentation de la durée du mandat des membres de la Cour constitutionnelle.  « La Cour constitutionnelle, à l’état actuel des choses, est la clé de voûte du système, chargé de la régulation du fonctionnement des institutions, et dont les arrêts sont sans recours. Ses arrêts s’imposent même outrageusement à l’Assemblée nationale. Seul le peuple souverain est au-dessus de la Cour Constitutionnelle. Comment peut-on modifier la durée d’un tel organe doté de tels pouvoirs  sans en revenir au constituant originaire qu’est le peuple ? », s’est interrogé Kokou Zounon. Le conférencier pense qu’il est en de même pour l’augmentation de la durée du mandat des députés et celui des élus locaux.  

Le mandat unique, pas la solution

La question du mandat unique chère au chef de l’Etat n’a pas été passée sous silence lors de la sortie. Selon M. Zounon le mandat unique ne résout aucun problème quant à la bonne gouvernance du pays. « Sans règles de contrôle populaire allant jusqu’à la destitution, le mandat unique inaugure et renforce plutôt le règne de monarque qui peut tout se permettre pendant son mandat », a-t-il indiqué signifiant également que le nombre élevé de partis politiques n’est pas le mal de notre système partisan.

Aussi, la Cpfg, contrairement au gouvernement, estime-t-elle que le projet de révision, avec 46 articles nouveaux, plus du quart du contenu de la loi fondamentale actuelle, entrainera une nouvelle constitution et induira une nouvelle République.  Et c’est la raison pour laquelle, elle exige le retrait immédiat et sans condition du projet de révision de l’ordre du jour des travaux de l’Assemblée nationale. Par la même occasion, elle a demandé au peuple de mettre sur pied et partout à l’intérieur et à l’extérieur du pays des comités de luttes en vue de remplir les conditions pour la réunion rapide des Etats généraux.

Soulignons que la convention patriotique a reçu le soutien de partis politiques (le Parti pour la libération du peuple) et de plusieurs personnalités notamment l’ancien Secrétaire général de la Csa-Bénin, Dieudonné Lokossou et l’ancien ministre Victor Topanou.

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