L’historien Dieudonné Dagan Gnammankou a entretenu le public de Porto-Novo et environs sur la traite des esclaves et le combat mené par des héros de la résistance aux razzias négrières, sur le continent africain et dans les terres de déportation. La salle de conférences du centre de culture Akanga à Porto-Novo, a abrité le samedi 27 mai 2017 dernier, une conférence-débat animée par l’historien Dieudonné Gnammankou, sur le thème « Héros de la résistance aux razzias négrières arabo-européennes en Afrique et dans les terres de déportation ».
Le conférencier, spécialiste des diasporas africaines en Europe, spécialiste des questions de l’esclavage et directeur scientifique du centre Akanga à Porto-Novo, parlera d’entrée de la genèse de son combat « Depuis environ une année et demie, lors d’échanges avec des amis béninois et parfois dans les médias, j’entends certains de nos compatriotes donner une version de notre histoire de l’Afrique par rapport à l’esclavage que je trouve mise à l’envers. Je trouve que ce que nous disons dans notre conscience historique collective, de cette tragédie et de ses implications, ne correspond qu’à une partie de la réalité qui ne permet pas de se faire un tableau général de ce qui s’est passé. Nous nous trompons, nous jugeons mal notre histoire ».
Pour Dieudonné Gnammankou, il était opportun de rétablir la vérité des faits et situer la responsabilité des uns et des autres dans ce siècle d’esclavage. « Nous sommes en train de développer une maison d’édition et des ouvrages ont été déjà publiés sur cette question en France. Aujourd’hui au Bénin, nous travaillons àfaire connaitre cette histoire » précise t-il.
Entre autres sujets abordés par le conférencier, « la lutte contre la traite négrière », « le royaume d’Abomey en 1727 » où il fera allusion au roi Agadja et à ses projets… Ce roi qui conquit Ouidah et Allada et fit déporter des captifs. Le conférencier a également abordé des thèmes comme « les déclarations des rois du Dahomey », « la citation du roi Tezifon d’Allada en 1670 », « le commerce ou la mort », « l’échec des résistances militaires », « les victimes africaines sont-elles les responsables ? », « cas du Burundi » qui a échappé à la razzia de la traite négrière, « Toussaint Louverture d’Allada », « la révolte dans les navires », « la rébellion de 1785-1786 ».
D’autres cas de résistances dont celle du pays « Igbo » n’ont pas été occultés par le conférencier. Le public constitué de personnalités comme un ancien ministre, la mère Dja, des professeurs, d’éminents archéologues, des hommes de culture, de lettre, des étudiants et autres, a fait des contributions et posé des préoccupations pertinentes qui ont eu des réponses appréciées de la part de l’historien Dieudonné Gnammankou.
Réaction du conférencier au terme de la conférence-débat
« Si notre histoire est si mal connue, c’est que nos Etats n’ont pas beaucoup investi dans la recherche et en particulier dans la recherche historique et archéologique. D’autant plus que le gouvernement du Bénin désire relever le niveau du tourisme, rien ne peut plus être fait sans connaitre notre culture et notre histoire. Il faut que la recherche historique soit encouragée et des centres de recherches créer. Non seulement sur notre histoire, mais aussi sur nos héritages et nos influences dans le monde. L’Afrique a longtemps perdu la guerre de l’image et de la communication. Mais aujourd’hui les technologies permettent d’y remédier, et il faudra mettre à disposition non seulement des chercheurs et archéologues, mais aussi d’autres spécialistes pour développer la recherche et mettre en place de grands travaux d’historiens. On devra mettre un point d’honneur à la diffusion des meilleurs contenus possibles… »
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