Qui a intérêt à noircir le continent noir ?

Le continent noir. Ainsi appelle-t-on l’Afrique. La couleur est annoncée. Mais pourquoi cherche-t-on à en rajouter ? Pourquoi noircir plus que de raison le continent noir ? Vous l’aurez constaté : les informations produites par l’étranger sur l’Afrique portent ou poussent rarement à l’optimisme.

Il en est de même avec celles que l’Afrique produit sur elle-même. Comme si tous les centres émetteurs, intérieurs et extérieurs, s’étaient passé le mot ou avaient chaussé les mêmes lunettes pour ne voir et ne lire que les mêmes réalités. Cet afro-pessimisme généralisé n’est ni gratuit ni fortuit. Il mérite qu’on s’y intéresse.

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Ne l’oublions pas : un chef d’Etat français, à l’entame de son mandat présidentiel, n’a rien trouvé de mieux à faire que de venir dire en Afrique, aux Africains que « L’Afrique n’est pas rentrée dans l’histoire ». (Fin de citation). Chaque fois que l’ignorance le dispute à la volonté de tout noircir, on profère sur les autres de vilaines paroles. Des voix s’étaient alors élevées pour faire ravaler la chose à son auteur. Pour autant, l’incident est-il clos, les choses ont-elles changées ? Une bourde, du genre « L’Afrique n’est pas rentrée dans l’histoire » fait partie d’une vaste collection d’idées reçues et d’images idiotes produites sur l’Afrique et sur les Africains.

Ces idées et ces images sont enracinées dans des têtes, sont enfouies dans des consciences. Elles colorent les regards. Elles orientent les points de vue. Elles font pencher dans un sens déterminé les relations de soi à l’autre. Elles dictent et valident une certaine vision du monde, une certaine vision de l’Afrique et des Africains.

C’est à travers ce prisme dépréciatif que l’Afrique et les Africains sont vus, qu’un continent et ses habitants sont appréciés et jugés. Ceci avec force préjugés et opinions préconçues. L’Afrique, le continent des guerres civiles et des conflits intercommunautaires. L’Afrique, le contient du sous-développement. L’Afrique, le continent des pays les plus endettés et des pays les moins avancés de la terre. L’Afrique, le contient de la faim et des épidémies. L’Afrique, le continent des coups d’Etat militaires. L’Afrique, le continent des pratiques les plus viles et les plus rétrogrades…

Voilà le grenier des préjugés où nous sommes invités à venir nous désaltérer jusqu’à plus soif. On peut y faire provision de tout ce qui mérite d’être dit, d’être su, d’être retenu sur l’Afrique et sur les Africains. C’est le vivier offert à toutes les rédactions du monde, celles d’Afrique comme celles hors d’Afrique. En somme, un cadre universel et réducteur conçu pour uniformiser et orienter les regards portés sur l’Afrique. Les étrangers y brillent de mille feux, victimes du syndrome autoritariste du maître couvrant d’un dédain souverain son esclave. Les Africains se laissent prendre au jeu mus par un instinct délirant d’auto-flagellation.

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Pour vous édifier, un quart d’heure d’information sur une télévision ou une radio béninoise ou étrangère. On vous fera transpirer le mal être que vivent des populations africaines croulant sous le fardeau de la nécessité et de la misère. On vous tympanisera des grondements des armes qui dévastent et tuent. On vous annoncera à grand fracas qu’un virus nouveau, redoutablement dangereux, fait des siennes dans une contrée du continent. Ici, on se tue ou on se fait tuer parce qu’un tyranneau de village veut jouer les prolongations au pouvoir. Là, des hordes miséreuses d’hommes, de femmes et d’enfants, fuyant la sècheresse et la famine, descendent des zones rurales et prennent d’assaut des villes surpeuplées et polluées.
C’est à se demander si, en Afrique, il n’y a que des peuples qui souffrent le martyre et qui s’entredéchirent. A qui veut-on faire croire que le mal être, la maladie et la mort sont le lot exclusif de l’Afrique ? Qui a intérêt à tout voir en noir, à tout peindre en noir, à noircir, pour tout dire, le contient noir ?

Nous tenons pour une certitude qu’en Afrique il y a des exemples de réussites individuelles et collectives. Nous fondons la conviction qu’en Afrique, chaque jour, des hommes et des femmes, avec une audace et un courage qui méritent respect se coltinent les épreuves du quotidien et tirent victorieusement leur épingle du jeu. Nous croyons voir poindre à l’horizon une Afrique qui travaille dur, une Afrique qui croit et qui espère ferme, profilant les contours d’un contient qui gagne. Alors, halte à l’intox et à la désinformation

Une réponse

  1. Avatar de Tchite'
    Tchite’

    Il y a certes l’intox et la desinformation, mais la desinformation et l’intox basees sur une certaine realite’ que l’on ne saurait nier.

    L’Afrique tant bien meme qu’elle se meprise parfois, est un continent d’espoir ou tout est possible et dont l’avenir est glorieux si les Africains s’unissent et s’y travaille.

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