Face à l’interdiction puis à l’autorisation de la marche du FSP, le Parti communiste du Bénin rappelle aux autorités (préfet et président de la République) les dispositions légales en terme d’interdiction et d’autorisation de marchesLes scènes de Toboula et de son chef Talon, autour de la marche du 22 juin 2017 du Front pour le Sursaut Patriotique sont instructives de la gouvernance en cours dans notre pays.
1- Le 21 juin 2017, Toboula, le préfet du Littoral, de façon hystérique rugit devant les caméras de la télévision que lui, Toboula tout-puissant a pris un arrêté interdisant toute marche à Cotonou le 22 juin 2017 et qu’il va sévir contre tout contrevenant, même un attroupement de deux personnes dans les rues de Cotonou ce jour-là .
2-Tout de suite après avoir passé cette tirade liberticide à 20 h, la télévision Canal3 diffuse en bande passante que le Président Talon a ordonné le rapport de l’arrêté du préfet Toboula et autorise toutes les marches.
3- Le 22 juin 2017, des quotidiens du matin à la solde du pouvoir entonnent à ce propos, des éloges à la gloire de Talon le démocrate.
Mais est-ce vraiment le rôle d’un Chef d’Etat d’une république démocratique, d’autoriser ou d’interdire une marche pacifique ? Il suffit de se poser cette simple question pour se rendre compte à quelles sottises les louanges de courtisans peuvent conduire.
1- Le droit de manifestation sur la voie publique est un droit prévu par la Constitution (Article 25). Comme tout droit constitutionnel, (le droit de réunion, la liberté de conscience, de culte, etc.), il n’est pas soumis à une autorisation préalable des autorités. Cependant, pouvant gêner le droit d’aller et venir d’autres citoyens, la jouissance de la liberté de manifestation est soumise à une déclaration signée par trois responsables des organisateurs auprès du maire, 72 heures avant la date de l’événement avec indication de l’itinéraire. C’est le maire qui prend acte de la déclaration. Les chevauchements éventuels d’itinéraires peuvent donner lieu à des propositions de changement d’itinéraire, mais pas à des refus. Le Front pour le Sursaut Patriotique a rempli ces formalités et a reçu un récépissé de la mairie de Cotonou le 20 juin 2017.
2- L’arrêté du préfet interdisant la marche du Front se base sur des prétextes, des plus fallacieux : trois demandes de manifestations adressées à lui, préfet et non venant de la mairie sur les mêmes itinéraires ; et insuffisance des effectifs de police pour encadrer ces différentes marches. Ces arguments et les menaces du préfet sur les antennes des télévisions, indiquent qu’il s’agissait clairement d’une violation flagrante et arrogante d’un droit constitutionnel.
3- En ce qui concerne le Chef de l’Etat, il n’a rien à voir avec l’autorisation ou l’interdiction de jouissance d’un droit démocratique, sauf si l’on se trouve être dans une dictature autocratique. Dire que le Chef d’Etat autorise une marche, cela signifie et confirme aujourd’hui que toutes les autres interdictions des marches par le préfet Toboula étaient sur ordre et/ou avec l’accord du Chef de l’Etat.
4- Le Chef d’Etat du Bénin, selon la Constitution gouverne avec un gouvernement dont il est bien sûr le chef, mais dont les membres ont des attributions à respecter, à commencer par le Président lui-même. Un préfet, même s’il est le représentant de l’Etat dans le département, dépend directement d’un ministre, en occurrence celui de l’intérieur ou de la décentralisation. Si l’arrêté d’un préfet doit être rapporté, l’ordre doit venir officiellement du ministre de tutelle ou passer par celui-ci. Alors, si c’est le Chef de l’Etat qui annonce qu’il a ordonné de rapporter un arrêté d’un préfet et non le ministre de tutelle, cela indique tout simplement que ce chef d’Etat gouverne sans son gouvernement : il est tout simplement un autocrate.
Et c’est cette nature de pouvoir autocratique que Talon et sa cour, ont encore offert à la risée du monde entier le 21 juin 2017.
Cotonou, le 23 juin 2017
Le Parti Communiste du Bénin
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