Déchets plastiques – Lokossa: Plus d’un million de sachets déversés dans la nature

En dépit de maintes efforts âprement consentis par les six communes du département regroupées dans le Groupement intercommunal (GI –Mono), les populations résistent toujours à se défaire de l’usage de sachets plastiques non biodégradables.Le flux des sachets plastiques non bio dégradables sur le marché local, la gestion des déchets plastiques provenant de ces sachets  et autres emballages non biodégradables constituent la croix et la bannières pour les autorités au niveau local dans le département du Mono. Du coup, des ménages déversent dans la nature à Lokossa aussi bien à Comé de centaines de milliers de sachets plastiques non biodégradables.

C’est définitivement ancré dans les habitudes des populations du Mono, l’utilisation des sachets plastiques. C’est le moins qu’on puisse dire au regard de la quantité de cette matière déversée chaque jour sur le marché local par la principale porte d’entrée qu’est la frontière bénino-togolaise de Hillacondji.

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En effet, depuis plusieurs années, l’utilisation des sachets plastiques non biodégradables comme emballage est devenue un des éléments récurrent dans le vécu quotidien des béninois. On rencontre ces emballages dans les marchés, les super marchés, les officines de pharmacie, les kiosques bref partout.

Dans la ville de Comé, le phénomène est très manifeste sur le long de la route nationale. Ici, on vend tout en sachets. De l’alimentation chaude en passant par les consommables alimentaires, rien n’échappe à cet emballage très volatile et présent sur tous les étalages.

Vieilles comme jeunes dames sur cette voie, très enjambées, proposent aux voyageurs en escale toutes sortes de produits en sachets plastiques. On y sert du ‘’Ablo’’, du ‘’Akpèssè’’ des pains grillés, de la viande séchées etc. Amèbouto, la trentaine, est une jeune dame vendeuse des pains grillés communément appelés ‘’petit-pain’’ et de la chaire cuite de l’escargot toute assaisonnée.

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Rencontrée entre deux taxi en stationnement le long de la double voie en bitumage dans cette ville, elle confie qu’elle utilise cinq (5) à dix (10) paquets de sachet plastique par jour ; soit environ 125 emballage par jour. Pour elle seule, Amèbouto utilisent 3500 emballages de sachet plastique non dégradable en un mois.

Loin du tumulte des vendeuses, le scénario est le même dans certaines officine de pharmacie de cette ville. Sous le couvert de l’anonymat, un agent de pharmacie fait un aveu triste « Nous utilisons ici les sachets de couleurs noirs et blanches que vous voyez là ; c’est ce qui est mis à notre disposition ». Il poursuit en disant « les sachets bio dégradables estampillés coûtent chers et ces emballages ne sont pas subventionnés (en tout cas pas à ma connaissance) par l’Etat qui veut lutter contre les sachets plastiques ».

Dans cette pharmacie, près de 500 emballages plastiques sortent chaque  semaine. Le phénomène est pareil partout où l’on commerce. A une trentaine de kilomètre de la ville Comé, précisément à Lokossa, le sachet plastique occupe une place prépondérante dans le commerce. Il est présent dans toute la chaine sociale. On en rencontre également dans les services.

Les mesures contre les déchets plastiques à Comé et à Lokossa

A l’heure actuelle, s’il n’est pas aisé de fermer les frontières à l’exportation de cette matière dangereuse à l’environnement, il est encore moins aisé pour les autorités locales de venir à bout de sa prolifération et son impact négatif sur l’environnement.

Dans un communiqué radiodiffusé, le maire de la ville de Comé, a enjoint les populations d’abandonner l’usage des sachets plastiques pour tous leurs besoins notamment pour la vente des aliments chauds et des consommables alimentaires. A travers plusieurs émissions de sensibilisations radiodiffusées, le maire Pascal Hessou, a touché le plus le grand nombre d’usagers de cette ville. Il a entrepris plusieurs autres actions dans ce  sens afin de réduire l’usage et par ricochet l’impact  de ces emballages sur l’environnement. Hélas !

A Lokossa le constat est épatant. Pour lutter efficacement contre ce qu’il convient désormais d’appeler phénomène des sachets plastiques, l’inspecteur de l’environnement, M. Germain Sacramento, chef service vulgarisation, statistique et suivie-évaluation à la direction départementale du cadre de vie Mono-Couffo,  dresse l’état des lieux dans la ville de Lokossa en guise d’exemple. « En dépit des sensibilisations et mesures d’assainissement urbaine, la ville de Lokossa reste toujours en proie aux déchets plastiques non biodégradables » a indiqué Sacramento.

Il constate que « chaque ménage utilise au minimum 5 sachets plastiques toutes les 48H soit environs 75 emballage par ménage et par mois». « Si nous ne disposons pas de données définitives sur la quantité de sachets plastiques déversés par mois dans la nature à Lokossa, on peut sur la base des données statistiques disponibles évaluer approximativement cette quantité » a déclaré M Sacramento.

Ainsi donc, si on a 75 sachets plastiques par ménage et par mois à Lokossa, on a en conséquence approximativement une quantité de 1.561.650 emballage de sachets plastiques non dégradables déversés dans la nature par mois et par ménage à Lokossa, d’après les explications de l’inspecteur de l’environnement, Germain Sacramento. Car on dénombre 20 822 ménages à Lokossa sur une population totale de 104 961 Ha à l’issue des travaux du 4ème recensement général de la population et de l’habitat (RGPH4), qui se sont déroulés en 2013 sur toute l’étendue du territoire national et d’après le document intitulé  Effectif de populations de villages et quartiers de villes du Bénin, rendu public par l’Institut national de la statistique et de l’analyse appliquées (INSAE) en Février 2016 (pages 59 & 60).

Ces sachets plastiques qui constituent des déchets spécifiques de par leur nature non biodégradable, sont immédiatement rejetés dans la nature après usage.  En dehors des déchets solides ménagers, M. Sacramento montre une autre voie de prolifération des sachets plastiques dans la ville de Lokossa : il s’agit du voyage des sachets au gré du vent.

Selon lui, « le vent apporte également beaucoup de sachets dans cette ville ce qui explique l’état de pollution de vous pouvez constater en dépit des efforts de la mairie ». Selon les propos de l’inspecteur de l’environnement, « La mairie de Lokossa fait un  effort constant chaque jour pour l’enlèvement des déchets solides ménagers par le biais des Organisations non gouvernementale (ONG) à moyens très limités. Ces dernières ont pour mission l’enlèvement les déchets solides ménagers dans la ville. Pour bien accomplir cette tache, la ville est tracée en zone sous le contrôle desdites Ong chargée de l’enlèvement des déchets solides ménagers » a déclaré Sacramento.

Mais il faut signaler que la réussite de cette opération passe par un abonnement des populations auprès de ces Ong d’enlèvement des DSM. Ce qui n’est pas toujours chose faite provoquant ainsi un accroissement des dépotoirs sauvages.  Elles ne contribuent pas à l’enlèvement des déchets.

« Du coup vous verrez des sachets partout aussi bien sur le dépotoir sauvage que dans les caniveaux » a laissé entendre M. Sacramento

Des failles dans la chaine de gestion des déchets plastiques

Pour assainir correctement l’environnement, cela nécessite un mécanisme de traitement des déchets solides ménagers. Au regard du constat fait par l’environnementaliste, « La chaine n’est pas encore fonctionnelle sur toute la ligne car les points de regroupement  ne sont pas opérationnels. Les mairies sont à pied d’œuvre dans l’étude d’impact environnemental d’un point de regroupement».

En effet, les points de regroupement sont construits pour l’acheminement des déchets solides ménagers mais ils ne sont pas opérationnels dans les communes du Mono notamment à Lokossa parce qu’il n’y a pas encore une décharge finale. Selon les explications de l’inspecteur Sacramento, « les DSM sont déposés vers les points de regroupement puis ils sont convoyés vers les décharges intermédiaires. A cette étape, ils sont triés : les biodégradables à part et les non biodégradables à part. Ensuite on voir comment recycler les bio dégradables et les non biodégradables seront convoyés vers la décharge finale ».

Les maires des six communes du Mono seraient à pied d’œuvre pour la création de cette décharge finale dans la commune de Comé, plus précisément dans l’arrondissement de Oumako.

Des palliatifs pour un environnement sain

Par ailleurs des structures indépendantes participent activement à l’enlèvement des déchets plastiques non biodégradables. « Par exemple en 2016, grâce à une organisation scolaire dénommée ‘’doigts écolo’’ dans la commune de Comé, les élèves du collège général d’enseignement 1 de cette ville ont ramassé 12000 sachets plastiques en une matinée. Cette opération a permis d’interdire la vente en sachets plastiques au sein de cet établissement. D’autres établissements ont pris le pli et emboîtent les pas à Ceg1 Comé » a déclaré M. Sacramento.

A l’endroit des populations,  il recommande  de limiter l’utilisation des sachets plastiques par la méthode de réutilisation. « On peut utiliser le même sachet à plusieurs reprises ; ça permet de limiter la quantité en circulation». M. Germain Sacramento, inspecteur en environnement pense à une alternative pour remplacer les sachets plastiques non biodégradables.

«  Il faudra se tourner vers les tissus écrus de la Sitex et de la Compagnie béninoise des textiles (CBT) pour la fabrication et la commercialisation des sacoches ; promouvoir les sacs en raphia. La loi sur l’interdiction des sachets plastiques non biodégradables sera le tremplin de toutes ces mesures. Mais en attendant, les populations doivent comprendre que c’est une matière qui détruit aussi bien l’environnement que la santé humaine ».

Si la mobilisation des autorités locales peinent à juguler cette crise environnementale, il urge qu’une mesure nationale soit prise pour accompagner les communes dans ce sens.

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