La célébration ce mercredi 21 juin 2017 de la journée internationale de la musique, nous sert de prétexte pour jeter un regard critique sur l’état actuel de la musique africaine. Entre désir d’authenticité et réflexes d’ouverture à la modernité, la musique africaine bat de l’aile avec des fortunes diverses.
Peut-on proprement parler de musique africaine ? Oui, serait-on tenté de répondre en considérant que la musique africaine se distingue des musiques provenant des autres parties du monde de par son originalité et sa structuration. Mais ces éléments de démarcation de la musique dite africaine disparaissent peu à peu aujourd’hui sous l’effet des influences extérieures.
La musique africaine ainsi se trouve devant un réel embarras : celui de l’authenticité et de l’universalité. Par authenticité, elle entend conserver sa matrice qui est l’oralité avant d’intégrer la polyphonie : cette mixture de sons produits par différents instruments. La musique africaine accorde donc une place importante à la vocalité, au message qu’on voudrait faire passer avant la musicalité (tout qui fait danser ou qui donne du plaisir à écouter).
C’est ce qui fait la particularité de la rumba congolaise ou du récit musical des griots des Mandingues. Mais ce souci d’authenticité se heurte à la question de la modernité ou de l’ouverture au marché musical international. C’est à cette étape que l’on retrouve la «world music».
Ce style musical se pose dorénavant comme l’élément commun à toutes les sonorités qui veulent s’exporter à l’international. La world music admet que les paroles soient dites dans les langues africaines, mais l’arrangement musical doit correspondre à ce que l’on danse dans les pays occidentaux. C’est cette influence de la world musique que l’on retrouve chez le jeune chanteur malien «Sidiki Diabaté» ou le béninois «Dibi Dobo». De tels exemples peuvent être multipliés à l’échelle du continent. Pourtant, certains pays africains avaient réussi autrefois à exporter des rythmes authentiquement africains.
Nostalgie du passé glorieux de la musique africaine
C’était le cas de la Rumba congolaise portée par des virtuoses comme : Franco, Seigneur Tabu Ley ou encore Pierre Moutouari. On a aussi connu le Soukous, le « Ndombolo », ou le groupe « Zaiko Langa Langa ». Le « Makossa » et le « Bitkutsi » venus du Cameroun constituaient aussi des sonorités africaines bien consommées au-delà du continent. Il en est de même du Mbala du Sénégal avec Youssou N’Dour, ou encore de la musique « Rai » modernisée d’un certain Khaled, l’Algérien.
C’est avec nostalgie qu’on se rappelle de ce passé glorieux de la musique africaine, avec des voix qui ont caressé nos oreilles d’enfants à l’instar de Myriam Makeba de la RSA, Cesaria Evora du Cap-Vert, l’Ivoirienne Nayanka Bell, l’ivoirienne Aicha Koné, la Sénégalaise Kumba Gaolo, la Béninoise Angélique Kidjo…
L’Afrique doit préparer la relève des Alpha Bondy, Tiken Jah FaKoli, Salif Keita, Manu Dibango, Fela Ramson Onakula Kuti, Papa Wemba, Gnonas Pedro et bien d’autres encore. Cette musique africaine actuelle intercalée entre modernité et authenticité tend maladroitement à devenir une musique d’ambiance sans véritable message, avec une grande propension à l’érotisme. Le grand défi de la musique africaine d’aujourd’hui est de savoir s’adapter aux exigences de l’universalité, tout en essayant de conserver son originalité
Laisser un commentaire