La Maison des médias à Cotonou a servi, hier mercredi 19 juillet, à la présentation du fruit des investigations de journalistes. Des deux présentations, celle qui retient notre attention est relative au thème : « Acquisition des terres à Abomey-Calavi : immersion dans le dédale foncier ». L’enquête a révélé à la faveur d’une conférence de presse, qu’en plus de la mafia foncière existant, acquérir un lopin de terre dans ladite commune c’est acheter un procès en justice.
«Plus de 75% des dossiers pendant devant le tribunal d’Abomey-Calavi traitent de problèmes domaniaux ». Cette déclaration est de Maryse Assogbadjo, journaliste au quotidien de service public ‘’La Nation’’. C’était hier mercredi 19 juillet 2017, au cours d’une conférence de presse à la Maison des médias de Cotonou. Ce fort taux montre bien que s’acheter une parcelle à Calavi relève d’un véritable chemin de croix.
Entre autres problèmes domaniaux : les annulations de vente, de convention de vente, la remise en cause de vente par les ascendants, l’empiétement de l’un sur le domaine de l’autre, et la superficie liée au recasement. Selon les explications du journaliste, pour répondre au procès, les différentes parties sont obligées de faire le chemin de croix devant le Tribunal de première instance (Tpi) de première classe de la commune, autant de fois que nécessaire.
Causes du calvaire des acquéreurs
Ce périple des acquéreurs, soutient-elle, est également dû à la lenteur du système juridico-foncier que les acteurs judiciaires imputent au manque de personnel, à la délicatesse des problèmes fonciers, et au paiement des frais liés à l’expertise dans le cadre du traitement des dossiers. Dans le second volet de sa présentation intitulée « manœuvres astucieuses », elle a fait observer que les lotissements à Abomey-Calavi sont des nids de corruption, où les acteurs à divers niveaux constituent les bourreaux des populations et des acquéreurs de parcelles.
Une mafia foncière
« Plus de 1500 acquéreurs de parcelles à Calavi n’ont pas retrouvé leurs parcelles dans le répertoire d’état des lieux, parce qu’elles ont été vendues par les lotisseurs », a laissé entendre Maryse Assogbadjo, pour mettre en exergue cette mauvaise gouvernance foncière. Elle a indiqué que les voies 40 de la commune sont morcelées et vendues. Les jeunes n’ont plus d’aires de jeu à Godomey à l’en croire.
S’agissant de la dernière partie de sa présentation relative à la peur qui anime les acquéreurs de parcelle, elle a fait savoir que tous les acquéreurs de parcelles de ladite commune ne jouissent pas de leur droit de propriété en toute quiétude. Ces derniers, argue-t-elle, peuvent se faire spolier un jour.
« Cette situation résulte souvent de la vente d’une même parcelle à plusieurs acquéreurs » s’est-elle désolée.
A sa présentation suivra celle de Christian Hounougbé sur le thème : « Urbanisation « incontrôlée » dans le sud-Bénin : alerte, menace sur les terres agricoles ». Ici, il est porté à la connaissance de l’auditoire que l’absence de plan directeur dans les communes et la pression démographique sont des causes probantes.
A celles-ci, poursuit-il, s’ajoute la spéculation foncière. Il conclut en expliquant que la sécurisation foncière est incontournable pour permettre aux agriculteurs, éleveurs, pêcheurs et exploitants forestiers, d’investir en toute confiance dans des terres qu’ils pourront valoriser durablement. Ces enquêtes ont été réalisées dans le cadre du projet « Pour des médias plus professionnels au Bénin » de la Maison des médias, financé par Osiwa.
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