Avant la transmission mardi dernier du rapport de la commission d’étude de la création d’une force unique chargée de la sécurité intérieure au chef de l’Etat, le président de la commission Félix Tissou Hessou, a dans son discours, fait l’état des lieux. Dans ses propos, le général à la retraite a souligné combien il était important de mettre un terme au système bipolaire de sécurité intérieure, afin de faire face efficacement aux nouveaux défis mondiaux. Une réforme qui trouve tout son sens dans le caractère déterminant revêtu par la sécurité dans le développement du Bénin. Lisez ci-dessous le discours.
Monsieur le Président de la République,
Mes premiers mots sont ceux de gratitude. Au nom de tous les membres de la commission d’étude de la création d’une force unique chargée de la sécurité intérieure en République du Bénin, je vous exprime avec déférence toute notre reconnaissance pour la généreuse confiance placée en nous.
Depuis le mois d’août 2001, grâce aux études nationales de perspectives à long terme, les différentes stratégies de développement de notre pays disposent d’un cadre global d’orientation, de cohérence et de convergence, pour faire du Bénin en l’an 2025 « un pays phare, un pays bien gouverné, uni et de paix, à économie prospère et compétitive, de rayonnement culturel et de bien-être social. »
Monsieur le Président de la République,
Vous avez décidé de faire preuve d’audace en faveur de la réforme du secteur de la sécurité dans notre pays. Votre raison a fondé cette décision de mettre définitivement un terme au système bipolaire de sécurité intérieure, arrimé jusque-là à deux ministères différents poursuivant sensiblement les mêmes objectifs.
Mais, nonobstant les mêmes missions, la gendarmerie et la police nationales se livrent, malheureusement, à une compétition indigne et nuisible à tous égards sur le terrain de la compétence, en lieu et place d’un espace de complémentarité. Cette concurrence aveugle mais bien féconde en préjudices, a eu pour corollaire la perversion des comportements et attitudes des personnels, pour finir par hypothéquer à jamais la moindre chance d’émergence d’une synergie de pensée et d’action indispensable à la fiabilité, donc à l’efficacité de la posture sécuritaire nationale.
Face à cette paralysie suicidaire, et dans ce contexte géopolitique de guerre mondiale en morceaux, vous avez eu raison, Monsieur le Président de la République, de privilégier une vision de proactivité fondée sur une prospective géostratégique. En effet, qui d’entre nous ici présents pourrait prétendre avec certitude que la terre de nos aïeux, l’héritage ancestral que nous avons le devoir sacré de léguer dans la forme la plus florissante et puissante, c’est-à-dire viable, fiable et enviable, aux générations futures, ne subirait pas dans les prochains jours, l’outrage fatal de l’ère du temps qui le transformerait en un macabre théâtre de cette ténébreuse guerre asymétrique.
« L’avenir ne se prédit pas, il se prépare», conseillait Maurice Bloodel. Le leadership éclairé du Gouvernement que vous présidez, affiche l’inébranlable conviction de bâtir un avenir radieux pour le Bénin, notre Nation éternelle. La Force Unique de Sécurité Intérieure (FUSI) se révèle être la condition première, la composante déterminante de la dynamique des mutations qualitatives qui fondent et fécondent le développement intégral durable que le programma d’Action du Gouvernement projette dans un très proche avenir pour notre pays.
Or, on n’improvise pas une réforme; celle-ci bien pensée et méthodiquement bien conduite s’impose d’elle-même. C’est la raison d’être de la présente commission dont les conclusions des travaux menés, quatre mois durant, dans un esprit de grande responsabilité patriotique, formatent une force républicaine moderne, entièrement vouée à la cause de la Patrie. Portée par une nouvelle philosophie, cette force rompt avec le carcan du conservatisme congénital, condescendant et inopérant, pour s’orienter vers l’anticipation en amont qui promeut la collaboration avec la communauté dont elle émane, à la gestion du fait sécuritaire. Car en définitive, il s’agit,
Excellence, Monsieur le Président de la République, pour le triomphe de l’essentiel et de l’accessoire sur toute l’étendue du territoire national, de faire coïncider la vision du gouvernement et de l’administration centrale au quotidien de la vie réelle des citoyens.
A cet égard, la police républicaine dont vous allez bientôt doter notre pays doit entretenir une constante osmose avec les populations, pour acquérir les qualités et les habitudes d’une police du peuple, par le peuple et pour le peuple.
Monsieur le Président de la République, L’œuvre de redressement qualitatif que vous avez à accomplir sur le chantier de la sécurité intérieure s’apparente à une révolution. Cette réforme ne saurait être une demi-mesure encore moins un raccommodage puisqu’elle prône un changement des pratiques et des mesures. Au demeurant, la mise en œuvre méthodique, diligente et conséquente de cette architecture implique une série d’adaptation des attitudes et réflexes, des bouleversements de comportements et de manières de penser, d’agir, de produire et de se produire. Elle a surtout besoin de votre invincible ardeur de vainqueur soutenue par une volonté politique éclairée et reposant sur trois piliers fondamentaux enracinés autour de :
1- Une loi de programmation et d’orientation aux fins d’une harmonie et d’une compatibilité de l’effort de sécurité aux besoins et ressources de la Nation, ainsi que d’une gestion et gouvernance en toute transparence, loin de toute tendance à l’improvisation. Il y a là le seul secret de garantir à la force une résilience à toute épreuve à travers le temps et l’espace, la qualité, la crédibilité et l’autorité de la force restant largement tributaires des moyens qu’on lui affectera.
2- Une maîtrise « de la capacité psychologique de la force pour maintenir et agir favorablement sur le mental et le moral des ressources humaines afin qu’elles se sentent en toutes circonstances utiles et conscientes de leur place et de leur rôle dans l’œuvre d’édification d’une nation unie, démocratique et prospère.
3- La promotion d’un solide esprit républicain avéré qui prône J’exigence et la nécessité de maintenir la force en dehors de toutes influences néfastes, en dehors de toutes manigances mafieuses, en dehors de tout jeu politique, en dehors de toute coloration ethnique, régionale, philosophique, religieuse, en dehors de toutes relations privilégiées et de tous réseaux qui engendrent la corruption, l’injustice et la frustration.
Monsieur le Président de la République,
Avec votre autorisation, le colonel Yaya, premier rapporteur de la commission sera invité à vous rendre compte de l’épure du rapport final de nos travaux, à travers ses grandes lignes
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