Plainte d’Ajavon dans l’affaire cocaïne au Bénin: Comment le parquet bloque la procédure

Après son arrestation et sa relaxe « au bénéficie du doute », dans l’affaire des 18kg de cocaïne pure, Sébastien Ajavon a décidé de contre-attaquer. C’est pourquoi le 17 février 2017, il a porté plainte contre X au tribunal. Et ce, avec constitution de partie civile, pour savoir qui a brisé les scellés de son conteneur. Mais depuis, c’est la croix et la bannière pour lui et ses avocats. Le ministère public tente par tous les moyens de torpiller la procédure, et d’empêcher la manifestation de la vérité.

Arrêté le 28 octobre 2016 par la gendarmerie Nationale après la découverte d’un sachet de 18kg de cocaïne dans l’un de ses conteneurs, Sébastien Ajavon avait été gardé à vue pendant huit jours, avant d’être présenté au procureur de la république, puis à une cour spéciale de flagrant, délit le 04 novembre. Ecouté, il a été relaxé au bénéfice du doute. On croyait que le gouvernement allait faire appel de cette décision… Erreur. Dans les quinze jours qui ont suivi cette décision, c’est le statu quo. C’est pourquoi le 15 février 2017, afin de laver définitivement son honneur en faisant connaître la vérité, Sébastien Ajavon introduit une plainte contre X, auprès du président du tribunal de première instance de Cotonou, avec constitution de partie civile, pour savoir qui a brisé les scellés du conteneur de Comon Sa, et introduit le sachet de cocaïne dans le conteneur. Sa démarche vise deux objectifs. D’abord, de faire connaître la vérité à l’opinion nationale et internationale sur cette affaire, et lui permettre après de demander une révision de son procès, afin que le mot « au bénéfice du doute » en soit retiré. Pour une telle plainte, la procédure recommande que le président du tribunal désigne un juge à qui il confie le dossier. Ce dernier informe le procureur qui prend une réquisition, et autorise le juge à enquêter sur le dossier avant de passer au procès.

Mais dans le cas d’espèce, lorsque le juge a saisi le procureur pour avoir ses réquisitions, ce dernier a traîné les pas avant de répondre par un refus d’informer. Cela voudrait dire qu’il n’autorise pas le juge à informer. Pour le contourner, le juge utilise une autre possibilité des textes, passe outre ce refus et prend l’ordonnance lui permettant de commencer ses investigations. Surprise ! Le procureur de la république fait appel de cette ordonnance, suspendant de facto la procédure. Il ne fait non plus aucune diligence pour transmettre le dossier à la Cour d’appel. Ici aussi, il a traîné les pas, faisant fi des délais. C’est alors que les conseils de Sébastien Ajavon envoient une lettre de protestation, avant que le procureur ne se décide à envoyer le dossier au Procureur général près de la Cour d’appel de Cotonou. Ce dernier aussi ne se presse guère. Les conseils d’Ajavon protestent à nouveau. Le 07 août 2017, un nouveau désaveu pour le parquet. La Cour d’appel prend un arrêt pour autoriser le juge à poursuivre la procédure et à instruire l’affaire. En clair, l’appel formulé par le procureur a donc échoué. Nouvelle surprise, le procureur général fait un pourvoi en cassation le 10 août, mais à ce jour le dossier n’est toujours pas arrivé au niveau de la Cour suprême. Le délai prévu par la loi étant déjà passé, les avocats de Sébastien Ajavon s’apprêtent à protester contre cette lenteur imposée. Depuis le 15 février 2017, cette plainte contre X connaît toutes les tribulations. Le procureur de la république et procureur général ont systématiquement travaillé à bloquer la procédure. Lorsqu’on sait que ces deux sont sous les ordres du ministre de la justice, on se demande quel est l’intérêt du gouvernement à bloquer la procédure. Pourtant, le Chef de l’Etat clame sa bonne foi et une justice impartiale. Et le garde des sceaux a lui, toujours affirmé que la lutte sera sans merci contre les trafiquants de produits illicites. Voici curieusement une plainte contre X, qui devrait permettre de retrouver des trafiquants, mais que le gouvernement lui-même empêche d’aboutir. Curieux n’est-ce pas ?

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5 réflexions au sujet de “Plainte d’Ajavon dans l’affaire cocaïne au Bénin: Comment le parquet bloque la procédure”

  1. C’est la seule solution pour le gouvernement pour ne pas « manger la honte » dans les nombreux dossiers traités avec ruse, rage et vengeance.

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  2. Hum ! Djogbenou , c’est toi qui tord ainsi Le Bras à la justice maintenant , par le parquet que tu commandes ?

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