L’ex-directeur de campagne de Sébastien Ajavon lors de la dernière élection présidentielle de février-mars 2016, Valentin Houdé, a fait une déclaration le mardi 15 août 2017, au cours de laquelle il a annoncé son soutien indéfectible au président Patrice Talon, en guise d’adhésion à l’idéologie du nouveau départ.Un acte de retournement de veste qui constitue la suite d’une longue série. Le chauvinisme restera pendant longtemps le grand mal de la politique béninoise. Les acteurs politiques de premier plan excellent dans la pratique du nomadisme. Une mobilité permanente qui exprime une incapacité morbide à s’attacher à une formation politique, ou à rester fidèle à un partenaire politique.
Ce phénomène remonte à l’avènement de la démocratie en 1990. Le nomadisme politique repose sur une logique clientéliste et opportuniste, qui vise à marchander le soutien à un candidat d’une élection politique donnée ou au régime au pouvoir. C’est cette logique mercantile qui commande l’action de l’acteur politique, qui utilise son aura et sa notoriété pour vendre au plus offrant son soutien.
Le nomadisme politique et la poursuite du gâteau
Les échéances électorales et l’avènement d’un nouveau régime aux affaires, constituent des occasions idoines pour ces partisans de l’utilitarisme politique. C’est ce qui est arrivé depuis le changement de régime en avril 2016. Les soutiens de taille de certains candidats à la dernière présidentielle, ont naturellement retourné leurs vestes en abandonnant leur allié politique d’hier. Ils sont allés faire allégeance au régime en place.
Chacun de ceux qui ont fait défection à leur ancienne chapelle politique, a su trouver des raisons pour justifier son acte. Me Jacques Migan, l’un des conseils du candidat Ajavon à la dernière présidentielle, a été parmi les premiers à quitter le navire Ajavon pour monter dans le paquebot du nouveau départ. A sa suite, Rachidi Gbadamassi, grand artificier de la campagne de Sébastien Ajavon dans le nord du pays, a lui aussi rallié le nouveau départ, non sans critiquer son ancien partenaire politique.
Célestine Adjanohoun et Nazaire Sado n’ont pas pu à leur tour résister à l’attraction de l’appât. C’est naturellement qu’ils sont aussi montés dans la barque du nouveau départ. Et pour boucler la boucle en termes d’infidélité politique, c’est celui qui a servi Sébastien Ajavon comme directeur de campagne, Valentin Houdé, qui vient lui aussi de retourner sa veste pour arborer le costume de la rupture. Des vagabondages politiques qui trouvent leurs fondements dans la poursuite de la direction du gâteau. De telle façon que l’on s’impose de changer de couleur politique chaque fois que le pâtissier gâteau provient d’un autre bord politique. Certains retournements de vestes poursuivent d’autres visées.
Retourner sa veste pour s’assurer une protection
C’est le cas de certains cadres du défunt régime, parmi lesquels : des anciens ministres et des députés en fonction, qui conscients d’avoir géré avec peu d’orthodoxie les fonds mis à leur disposition, sont allés négocier leur admission dans le camp du régime au pouvoir.
Question de s’assurer une protection de la part des dirigeants actuels. L’une des conséquences de cette absence de fidélité, politique est le développement des contradictions éhontées.
C’est toujours avec stupéfaction qu’on observe des acteurs politiques qui défendaient corps et âme un idéal hier, le condamner le lendemain sous un nouveau régime, avec une énergie débordante. Nait alors la classe des rhéteurs, capables de soutenir une idée aujourd’hui et son contraire demain, sans aucune gêne. Le chauvinisme politique peut en partie expliquer pourquoi depuis l’avènement de la démocratie, aucun acteur politique digne de ce nom n’a jamais réussi à devenir locataire du palais de la Marina
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