Après une longue période de silence, le président de l’Association de lutte contre le racisme, l’ethnocentrisme et le régionalisme, Alcrer, a accepté de se prononcer sur plusieurs aspects de la vie politique de notre pays, sur son combat et sur son supposé mutisme. Au cours d’un entretien à bâtons rompus, l’une des figures de proue de la société civile béninoise s’est confié à votre journal, à cœur ouvert. Nous vous livrons ci-dessous la première partie de cette interview, dans laquelle il présente sa lecture du limogeage de l’ancien ministre des Infrastructures et des Transports.
La Nouvelle Tribune : Martin Assogba, merci d’accepter de nous accueillir dans vos locaux, nous voulons d’abord recueillir votre avis sur le limogeage surprenant du ministre Hervé Hêhomey par le chef de l’Etat, Patrice Talon.
Merci, je suis Martin Assogba. Je suis le premier responsable de l’ONG, Association de lutte contre le racisme, l’ethnocentrisme et le régionalisme (Alcrer). Vous me posez la question de savoir ce que je pense du limogeage d’Hervé Hêhomey, ancien ministre désormais des Travaux Publics. Vous savez, sous tous les cieux on nomme des ministres,on fait des remaniements, on les déplace ou parfois on les dégomme. Présentement, ce ministre a été dégommé bien que tout le monde sait que c’est un proche du président de la République et qui d’ailleurs, travaillait avec le président de la République dans l’une de ses sociétés quand il n’était pas encore au pouvoir.
Donc, il (le chef de l’Etat) doit avoir une certaine confiance ou une confiance certaine en lui,etc’est pour cela que le président l’a fait ministre des Travaux Publics. Ce n’est pas rien ministre des travaux publics. Par rapport au PAG aujourd’hui, c’est un très grand poste. Mais brusquement,nous entendons à notre plus grand étonnement qu’il a été limogé. Il a peut-être déçu son ami qui l’a fait ministre…Parce que je suis sûr qu’il doit y avoir un cahier des charges, où quelque part le ministre Hêhomey n’a pas rempli toutes les conditions.Et comme le chef de l’Etat lui ne veut pas savoir si tu es son frère, son ami, son meilleur ami, etc.dans le cadre de son travail, tout ce qui pourrait éventuellement retarder son élan, il semble vouloir s’en dégager.C’est comme ça que moi j’analyse la situation.
Tout le monde parle de remaniement, mais rien depuis. Plutôt un limogeage, sans remplacement automatique comme le font de nombreux chefs d’Etat. Son poste a par ailleurs été confié immédiatement à un des ses ‘’ex’’ collègues du gouvernement. Le problème doit se situer entre le ministre dégommé et le chef de l’Etat lui-même. Eux seuls peuvent savoir ce qui l’a fait partir plus tôt, avant le remaniement. Mais pour moi, c’est vraiment dommage. Je ne veux pas prononcer des mots blessants. C’est vraiment dommage parce que quand quelqu’un te fait confiance et te place à un poste de si grande responsabilité, tu devrais tout faire pour ne pas passer à coté.
Je suis sûr que Hêhomey aurait commis une erreur grave. C’est pour cela qu’il a été révoqué. Il aurait commis une erreur grave, mais avec ma petite expérience, j’ai appris des choses, j’ai entendu des choses, mais ce sont des supputations. Moi j’ai appris que M. Hêhomey aurait, je parle au conditionnel, crée un mouvement dans son fief, dans sa région, et qu’il aurait la prétention d’être en 2019, un éventuel candidat à la députation. Est-ce qu’il s’est entendu avec son chef qui est le chef de l’Etat avant de mettre en place un tel mouvement ? Et deuxièmement, j’ai appris aussi qu’un pont a cédé dans le septentrion. J’ai vu le pont à la télévision.
J’ai appris que le chef de l’Etat l’aurait dépêché là-bas pour aller voir comment remédier à cette situation.Pour permettre aux populations de ne pas être coupées de part et d’autre de la circulation, et qu’au lieu d’aller à cette mission il a préféré aller dans son fief, assister à un match de football. Est-ce vrai, est ce faux, je n’en sais rien, mais je dis pour que le chef de l’Etat en arrive à cette extrémité, il doit y avoir un problème. Et l’ancien ministre Hervé Hêhomey doit avoir une conscience qui se ferait des reproches. Voilà.
(La suite dans notre parution de demain jeudi)
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