L’idée des élites politiques de la partie septentrionale du Bénin de fondre leurs partis et mouvements politiques en une seule formation politique, semble de prime abord admirable. Elle semble constituer une réponse à la prolifération des formations politiques, nées d’un multipartisme « intégral ». Mais ce qui suscite des interrogations ici, c’est le fait que ces partis et mouvements politiques en fusion, appartiennent tous à une même aire géographique. Toute chose qui laisse penser à un regroupement politique à visée régionaliste.
L’information a fait le tour des chaînes de radio et de télévision. Les réseaux sociaux l’ont suffisamment relayée. La presse écrite n’était pas du reste. Entre titres apologétiques et analyses critiques, chaque organe de presse y est allé de son approche pour restituer cette information à laquelle l’opinion a accordé une oreille attentive. Les organisateurs ont expliqué eux-mêmes que ce regroupement des cadres des partis et des mouvements politiques, poursuit comme objectif la création d’un grand parti politique. Ils déclarent que le défi aujourd’hui : «c’est fusionner ou disparaître». C’est pour cela qu’il faut se réunir autour d’une grande formation politique à portée nationale, capable de voler la politesse aux grandes formations politiques telles l’Union fait la Nation, le Parti du renouveau démocratique, la Renaissance du Bénin ou encore le Parti social démocrate, etc.
Les raisons officielles du regroupement
Les organisateurs de ce regroupement ont reconnu eux-mêmes que les formations politiques qui veulent ainsi se regrouper ne sont que des micro-partis, qui ne pèsent pas grand-chose sur l’échiquier politique national. C’est pour cela que ces formations politiques ne sont parfois présentes que dans une ou deux communes au plus. Ainsi donc, les formations politiques tels : Fard Alafia, Durr Barka, Coalition Ggr, Nfd, Rdi, Anfani, Fud et des mouvements politiques alliés, ont décidé de se fondre dans une grande formation politique fédératrice. La présence des cadres politiques invités à cette rencontre témoignait du sérieux accordé à cet évènement. Ce sont des figures telles : Daniel Tawéma, Alassane Seidou, Barthélémy Kassa, Eugène Dossoumou, Grégoire Laourou, Théophile N’Dah, Léon BioBigou, et Jean Chabi Orou, etc.
Ce regroupement politique laisse tout de même paraître une grande curiosité. C’est que tous les partis invités ou qui adhèrent à ce vaste mouvement, appartiennent à une même aire géographique qu’est le nord du Bénin. Une accointance qui ne saurait être une simple coïncidence. En fait, si des leaders politiques veulent fusionner pour former une grande force politique, pourquoi limiter cette opération aux partis ressortissants uniquement d’une même région ? Certainement on rétorquera que ce mouvement est ouvert à toutes les formations politiques, et qu’il poursuit l’ambition d’une couverture nationale. De tels arguments seront loin de convaincre, puisqu’une démarche de fusion qui entend se hisser au-delà des considérations ci-dessus mentionnées, devrait commencer par une négociation avec des acteurs politiques d’autres régions du pays comme le Sud et le centre.
Les véritables intentions de cette coalition
C’est ce qui donne à réfléchir sur les véritables intentions de ce regroupement politique. Pour avoir entendu l’un des objectifs de ce mouvement qui porte sur le soutien au programme d’actions du gouvernement, il y a lieu de formuler l’hypothèse que ce mouvement se prépare ainsi pour représenter le régime au pouvoir lors des élections législatives de 2019. Il n’est donc pas exagéré de penser que ce regroupement politique, poursuive aussi des ambitions politiques qui se limitent au niveau régional, le nord Bénin. L’idée de regrouper des partis politiques du septentrion pour former un grand bloc homogène, vise à les préparer à affronter un adversaire qu’on juge aussi influent que robuste. Il s’agit de l’Alliance des forces cauris pour un Bénin émergent, Fcbe, incarnée par l’ancien président Boni Yayi.
Dans la perspective de ces législatives, le régime a conscience de l’influence que l’ancien président exerce encore dans le septentrion. D’abord parce qu’il est de cette région et pour nombre de ses réalisations infrastructurelles. Ensuite, vu que la gestion des affaires par l’actuel régime n’a fait que renforcer le sentiment de rejet ou de déconsidération de cette région, qui n’a déjà eu que très peu d’élites nommées dans le gouvernement. Contrairement à l’aire Yayi. Cette région a aussi le sentiment qu’une frange de son élite subit des règlements de compte : le cas Boni Yayi, à qui l’actuel régime ne reconnait aucune réalisation remarquable. Il est plutôt présenté comme la source des malheurs du pays, alors que l’actuel régime ne fait pas mieux. Pour donc contrer les Fcbe et Yayi Boni qui ont tous les arguments pour obtenir le vote des habitants du septentrion, il faut créer un vaste regroupement politique capable de faire le poids
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