Mais on est où là ! Le prince peut-il prétendre être roi du vivant de son père ? On était tous là quand M. Pag, que dis-je… Le ministre du ciel et de la terre, sans préavis, a été renvoyé de la cour royale. Monsieur le président pour partager le couvent avec vous, faudrait-il ne rien voir, ne rien entendre, beaucoup écouter et parler peu ? Hervé Hêhomey a-t-il trop dit ? Ou son limogeage est-il une décision stratégique ? Le politique béninois dans son fonctionnement apprend au commun des mortels que la vérité d’un fait peut en cacher un autre.
On a souvenance qu’après les différents limogeages brusques de super ministres, l’arbre a caché l’étendue de la forêt ; une funeste affaire de mafia au sommet de l’Etat éclata. On se refuse de penser que cela soit aussi le cas pour le diacre Hervé. Le départ du truculent ministre des Infrastructures et des Transports nous réserve-t-il les mêmes scénarii ? En l’espèce, sur la forme, vous rejoignez votre ex ami Boni Yayi. En tout cas, le serpent au vélo est le seul détenteur de sa stratégie de pédalage. Hervé Hêhomey a péché par naïveté politique et l’a appris à ses dépens. Le zèle d’un politique au service d’un chef d’Etat est comme la facture que vous tend un huissier de justice à la fin de votre bail. Soit vous la payez cash, soit vous prenez rendez-vous avec le juge de l’histoire, n’est-ce pas la loi du balayeur balayé ?
Monsieur le président, vos détracteurs me diront que votre décision n’est pas pour rendre justice à Boni Yayi. Mais ne dit-on pas souvent que le second nom de Dieu, c’est le temps ? Ce qui est frappant dans le cas d’espèce, c’est que vous réitérez à tous que vous êtes le seul garant constitutionnel. Cette situation révèle clairement l’opacité que d’aucuns vous reprochent, le copinage au sommet de l’Etat et dans une certaine mesure, la dictature et l’absence de contradiction. Puisque tout est éphémère, on peut faire mieux.
Monsieur le président, la communication sur votre régime est comparable à une dynastie en plein deuil, observant les rites de préséance. Et si on libérait la parole ? Car si le silence est d’une éloquence extraordinaire, c’est à la parole de lui donner son poids. Quand on limoge son ministre dans des conditions pareilles, la version officielle de sa mise en congés aux gens qu’on dirige nous paraît nécessaire. Même si rien ne vous y oblige. La communication sous la rupture est mauvaise. Comme en politique rien n’est anodin, les événements, les faits, feront l’histoire.
Boni Yayi et Patrice Talon, sur la mise en congé des fonctions de leurs ministres ne sont en rien différents. Si l’homme a sa voix, si la nature a la sienne, les événements ont aussi la leur. Une amitié, une déception, une histoire ! Anaxagore ne postulait-il pas « l’homme est la mesure de toute chose » ? A chacun sa vérité.
Roddly Odiric-Odilon (Contribution)
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