La polémique sur le Franc ne faiblit pas. Après l’épisode de l’arrestation puis de l’expulsion de l’activiste Kemi Seba du Sénégal, Kako Nubukpo, économiste et ancien ministre togolais, haut fonctionnaire de l’organisation internationale de la francophonie répond à Lionel Zinsou et Ouattara.Tout en qualifiant l’expulsion de Kemi Seba de fait grave (lire ici), Kako Nubukpo a tenu à repondre aux autorités qui prennent la défense du Franc CFA sur la chaîne française TV5 Afrique. Au nombre de ces autorités, le président ivoirien Alassane Ouattara et l’ancien premier ministre béninois, Lionel Zinsou.
Pour lui le fait que certaines autorités refusent le debat sur le sujet est ce qu’il appelle la servitude volontaire: syndrome qui s’observe selon lui quand l’esclave refuse la liberté que lui offre son maître. Rappelant que le franc français n’existe plus mais que la zone franc existe toujours, il a dénoncé la situation des banques centrales qui dépendent du ministère français de l’économie alors qu’en Afrique elles ne sont soumises à aucun système politique.
« Quand vous écoutez les autorités françaises elles vous disent nous suivrons ce que les africains auront décidé. Alors ce que je ne comprends pas c’est pourquoi nos dirigeants ne prennent pas leurs responsabilités pour mettre en place une vraie monnaie africaine. » S’est-il interrogé.
M. Nubukpo à poursuivi son argumentation en affirmant que la monnaie Fcfa arrimée de manière rigide à l’euro est un frein à la compétitivité; en plus de cela elle profite aux grands groupes européens qui peuvent ainsi rapatrier leurs bénéfices, et à l’élite africaine.
Réponse à l’argument de Lionel Zinsou et d’Alassane Ouattara sur la stabilité monétaire du FCFA
Concernant l’argument de la stabilité du FCFA véhiculé par Ouattara et Zinsou, Kako Nubukpo est catégorique :
« Cette stabilité elle est illusoire et surtout mortifère parce qu’elle se fonde sur la paupérisation massive de nos populations. On bride le crédit, on bride toute l’activité. Ce qu’il faudrait faire c’est développer le credit productif (…) créer des emplois, et pour ça, il faut absolument sortir du Franc Cfa; et je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi nous mettons 50% de nos réserves de change auprès du trésor à Paris. D’autres banques centrales déposent leurs réserves auprès de la banque des règlements internationaux. Je crois que c’est une question de génération. Les gens que vous venez de citer ont quasiment l’âge du Franc CFA. Ils n’arrivent pas à comprendre les aspirations de la jeunesse. » a affirmé M. Nubukpo.
En guise de solution, il parle de rendre flexible le Franc Cfa en le rattachant à un panier de devises. Pour soutenir cette vision, il rappelle par exemple que les pays africains ont pour premier partenaire commercial la Chine. Si le FCFA devait être arrimé à une monnaie ce devrait être le yuan chinois. L’etape suivant devrait être la préparation de la fin du Franc CFA en accord avec l’agenda de l’union africaine sans oublier les étapes sous-régionales.
Laisser un commentaire