« … Est-ce que après le premier mandat je vais tenir ma promesse, celle du mandat unique, c’est celle-là n’est-ce pas ? Je vous ai dit qu’il n’y a pas de question tabou.Pour ceux qui ont eu l’occasion d’écouter ma première sortie durant les urnes, celle qui précédait mon retour au pays, j’ai eu à décrire la situation politique de mon pays et j’ai fait état de ce que j’ai pu observer. Mon analyse et mon appréciation de notre modèle politique.
Et j’ai dit que le Bénin était un pays à reconstruire totalement et que pour le faire, il faut des réformes courageuses. Et que la possibilité de renouvellement d’un mandat était une tare, un frein à l’action. Que celui qui est au pouvoir, dans le premier mandat et qui a le regard rivé sur le renouvellement de son mandat, ne peut pas courageusement entreprendre des réformes dont certaines seront douloureuses, impopulaires. D’ailleurs, ce qui se passe aujourd’hui me donne bien la preuve que j’avais bien raison. Les critiques, la situation est difficile. Et si je devais exclusivement tenir compte des paramètres de mon retour potentiel en 2021, je n’aurais rien fait de tout cela. Et c’est pour cela que j’estime que mon diagnostic est vrai et fondé, et que l’idéal aurait été d’instaurer le mandat unique.
J’ai tout fait pour faire passer le projet de révision de la constitution avec des propositions innovantes dans le modèle politique que nous avons. Au niveau de la justice, la Cour constitutionnelle et plein d’autres choses. Mais malheureusement, j’ai eu un échec. Mais je fais parfois contre mauvaise fortune, bon cœur. Je peux être fataliste parce qu’en général je ne suis pas un « looser ». J’ai tellement cru, j’ai tellement mis d’énergie et de volonté que j’ai été surpris par des revers, à trois voix près, donc à un cheveu près. Je me suis dis que j’avais peut être tort. Peut être que le moment n’était pas encore arrivé et que j’étais peut être trop en avant sur mon temps. Et dans l’exercice de mes fonctions, je dois vous avouer que certaines réformes que j’ai préconisées, je les ai perçues comme inopportunes au vu de ce qui s’était passé. Et sur la question du mandat unique, je continue de penser que c’est une bonne chose.
Je continue d’y croire, mais ce n’est pas contre Patrice Talon que j’ai une crainte de mauvaise gouvernance, mon diagnostic est général. C’est pour les gouvernants et j’ai dit qu’une telle proposition, pour qu’elle soit crédible, elle devrait commencer par moi-même. Je n’ai pas en diagnostiquant le phénomène, en me regardant, en regardant mes valeurs, mes travers, je n’ai pas dit que je vais être un mauvais président si je dois être chargé de gérer un deuxième mandat. Ma remarque n’est pas exclusivement tournée vers moi-même. Ma remarque est générale. Donc j’aurais bien voulu instaurer cette réforme-là et la démarrer par moi-même. Mais à défaut que cette réforme ne soit acceptée, il n’y a pas de raison que je continue de proclamer haut et fort que dans tous les cas, moi pour faire un bon mandat il faut que mon mandat s’arrête, que je ne sois pas candidat à un second mandat. Je suis sincère avec vous.
Il n’y a aucune raison que je le dise et je dis une chose sur les antennes de la télévision de mon pays, je ne sais pas si vous l’avez entendu, que je n’ai pas d’aversion pour la fonction, je n’ai pas d’aversion pour la charge. Certes c’est difficile, c’est dur. J’aime bien sortir pour aller danser, m’amuser. Je n’ai plus le moyen de le faire. Rouler en voiture, faire des kilomètres. Pour ceux qui me connaissent, je suis un homme libre, un jouisseur quand même, un tout petit peu. J’aime bien profiter de la vie, je n’en ai plus l’occasion, mais ce n’est pas pour autant que j’ai une aversion pour la fonction. J’ai été candidat, j’ai levé la main, on ne m’a pas forcé à être candidat. Et je n’ai pas d’aversion pour l’effort non plus. La question de ma candidature éventuelle en 2021, pour moi-même, elle sera indécente parce que je viens de subir une épreuve de santé qui me fait voir la vie autrement. Donnons le meilleur de nous-mêmes à chaque instant. Je suis sincère avec vous, je voudrais donner le meilleur de moi-même à chaque instant. Je voudrais pouvoir prendre de bonnes décisions, agir en bonne conscience de ce qui est bon, de ce qui est mauvais. Je veux avoir la lumière de prendre des bonnes décisions à chaque instant, 2021 est trop loin. Mon idéal pour mon pays en termes de réformes politiques demeure.
Ce que je ferai personnellement si les réformes ne passent pas, ou si les réformes passent en 2021, relève désormais de mon opinion personnelle de ma vie, de mes ambitions, de mes challenges à cet instant là. Je souhaite que chacun de nous soit là présent demain pour faire le bilan du parcours ensemble. Qu’on ait la chance d’avoir longue vie jusqu’à ce moment là, pour apprécier ce que nous avons pu faire ensemble et pour rire, se moquer des décisions que je prendrai en ce moment. Est-ce que je tiendrai malgré tout à cette promesse que j’ai faite de dire que 5 ans c’est beaucoup dans la vie d’un homme en termes de sacrifices… Ou bien je dirai en ce moment que je me sens encore capable de sacrifices, je ne sais pas si je suis dans cette dynamique. On appréciera ensemble le moment opportun. »
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