La conférence publique organisée le jeudi 26 octobre 2017 au Cpa de Cotonou par le Front pour le Sursaut patriotique, s’est transformée en procès qui avait comme accusés : le Ravip et l’entreprise Safran. Le président du Fsp, Jean Kokou Zounon, assurait la défense de la partie civile. Malgré l’absence des avocats de la défense, le procès s’est tenu.
Me Jean Kokou Zounon, avocat de la partie civile, a relevé plusieurs griefs à l’endroit des deux accusés. Il a démontré que le Ravip est une arnaque technique, politique et financière. Comme arnaque technique, il fait remarquer que : « l’article 2 de la loi 2017-08 relative à l’identification nominative et personnelle d’une personne, reprend les mêmes éléments prévus dans la loi 2009-10 du 13 mai 2009, portant organisation du recensement électoral national approfondi, et d’établissement d’une liste électorale informatisée ». Ensuite, il met en relief le fait que : « aucun organisme technique compétent et stable, reconnu dans notre pays, n’assure ni la préparation ni la mise en œuvre, ni même le suivi du Ravip ».
Plus encore, il trouve que la présidence de la commission de supervision du Ravip n’a pas été confiée au ministre en charge des statistiques mais plutôt à celui de la justice. De même que la réalisation du Ravip n’est point concédée à l’Insae, qui en est pourtant spécialisée, mais plutôt à l’Ant qui est chargée de la réalisation de la Lépi. C’est pour cela qu’il interpelle Bruno Amoussou et Adrien Houngbédji, qui au temps de la Lépi réclamaient que sa réalisation soit confiée à l’Insae. Et s’étonne de leur silence aujourd’hui que le gouvernement qu’ils soutiennent a écarté l’Insae de la réalisation du Ravip. Il relève enfin que la réalisation ne prévoit aucun organisme d’actualisation des données liées aux naissances, aux décès, aux changements de résidence principale ou secondaire, ou de changement de statut matrimonial, etc.
Il présente aussi le Ravip comme une arnaque politique dans la mesure où : « la loi sur le Ravip fait partie des lois scélérates et pirates comme les lois sur l’embauche des collaborateurs extérieurs, l’espionnage des citoyens etc. ». Il démonte par ailleurs le mensonge du gouvernement qui déclare mordicus que le Ravip n’a pas une finalité électorale. A ce propos, il cite l’art 13 al 2 de cette loi : « le registre national sert de base à la production des données nominatives, personnelles et biométriques à mettre à la disposition de l’organe chargé par la loi pour l’établissement de la liste électorale permanente informatisée (Lépi) ». Dès lors, la désignation de Safran comme partenaire technique participe du désir du gouvernement de capitaliser son expérience dans le tripatouillage des listes électorales.
L’avocat de la partie civile présente le contrat de gré à gré avec Safran, décidé par le gouvernement en Conseil des ministres du 18 novembre 2016, comme relevant d’un projet de dilapidation des fonds publics et de production de hold-up électoral. Il est revenu au cours de son plaidoyer sur le passé sulfureux et hideux de Safran dans divers pays africains où elle a servi. En Côte-d’Ivoire comme au Kenya en passant par la Guinée Conakry, le Nigéria et le Mali, l’entreprise Safran a partout mauvaise presse.
Il s’étonne donc que ce soit à cette entreprise qui ne laisse que troubles et désolation derrière elle, comme c’est le cas au Kenya actuellement, que le gouvernement a confié une tâche aussi importante. Il appelle l’ensemble des citoyens à se mobiliser pour barrer la voie à ce projet, et sera appuyé dans cette position par plusieurs témoins à charge, qui à sa suite ont aussi dénoncé cette opération du Ravip et appelé à son boycott. Les avocats de la défense ne s’étant pas présentés à la barre, la Cour a décidé de renvoyer l’affaire au 3 novembre 2017. Puisqu’il est prévu ce jour, une grande marche de protestation du Fsp contre le Ravip
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