Ad imposibilem nemo tenetur. M. le président, à l’impossible nul n’est tenu. Le vivre ensemble est désormais chose mal aisée. « Nettoyez » a-t-il postulé ? Lorsque dans une République, une autorité du rang de ce préfet en vient à de pareilles expressions, le Rubicon est très tôt franchi et les conséquences qui en découlent sont très dangereuses. L’autorité est un serviteur, mieux un homme de paix.
Lorsque le préfet du ciel et de la terre a déclaré qu’il nettoierait de son territoire imaginaire, tout individu qui s’opposerait au RAVIP, vos concitoyens laissés perplexes s’attendaient, de votre part, à une sanction pour faute lourde, comme ce fut le cas dans un passé pas très lointain. J’aime à dire en la matière qu’il n’est pas bon, voire souhaitable, que les faits et les évènements donnent raison à de simples esprits et que la sagesse en soit déroutée.
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Mr le président, les temps ont passé pour les années lunaires. La nostalgie de ces années là peut toujours exister et nous en sommes conscients. Mais de là à l’imposer à un peuple la politique martiale qui en découle, est incompréhensible voire inadmissible. J’ai eu plusieurs fois à vous le dire, la haine que peut générer de telles déclarations nourrit des feux cachés. C’est de la frustration que naît la guerre. Dans les démocraties sérieuses, le juge constitutionnel s’en serait saisi au nom du principe de droit, faisant appel au parjure. Ante quam agatis cogitate. Réfléchissons avant d’agir. On ne parle que lorsque l’on a un mot plus fort que le silence. Quand l’autorité n’a rien à dire de constructif, elle laisse sa langue collée à son palais.
le président, certains de vos amis ou partis politiques déclarent tous azimuts qu’ils se sont battus pour que plus jamais pareils agissements n’aient droit de citer dans notre jeune démocratie. Battus pour vous, afin que loin de tous ces agissements de Staline, s’installent à jamais des politiques avant-gardistes capables de garantir à tous les citoyens, le droit d’aller et venir. S’assurer un repas par jour n’est pas chose aisée pour que les autorités au sommet de l’Etat puissent passer leur temps à discuter sur le sexe des anges. Nous sommes dans un Etat où tout est urgent. Vous-même avez déjà des difficultés par rapport à certaines décisions que vous qualifiez d’inopportunes. Mettez de la sérénité autour de vous. Autrement, toutes les actions se révèleraient comme un cautère sur une jambe de bois.
Monsieur le président, comparaison n’est pas raison. Mais quand les faits vous y obligent, vous vous laissez attendrir. Boni Yayi, Patrice Talon, deux frères siamois ? Même mode de gestion ? Dans une cour, lorsque les faits rattrapent le roi, et que le palais est en feu, il prend les responsabilités de ce qui arrive et ne jette pas en pâture celui qui a mis feu au palais. Faudrait-il encore le prouver. Etait-il nécessaire de relever le secrétaire général démissionnaire en Conseil des ministres extraordinaire ? Pourquoi tout ce spectacle ? Il vaut mieux en rigoler, sinon l’on ne cessera jamais d’en pleurer. La politique est parfois passionnante, très cruelle à des périodes difficiles, mais pathétique pour ceux qui s’y consacrent. Mêmes pratiques dénoncées hier, mêmes réponses apportées aux faits aujourd’hui. Rien n’a encore changé et rien ne changera. Oiseau de mauvais augure, j’assume. Je prends le risque de vous le dire. Sous vos auspices, la situation du Bénin n’a guère connu d’amélioration qualitative. En dehors de quelques initiatives d’aménagement d’espaces verts ici et là, tout le reste est comparable à un musée revêtu de quelques apparats, laissé dans un état de délabrement. Mieux, dépourvu de ses objets principaux au profit des collectionneurs véreux. Quand j’ai fini de l’affirmer, je m’en remets à l’intelligence de l’aveugle qui ne voit toujours pas, mais va son chemin.
Monsieur le président, de plus en plus vous êtes loin de votre peuple. Comment peut-on avoir sollicité dans ce climat qui vous était délétère le suffrage universel de ses compatriotes, et après avoir été investi de la charge présidentielle, se refuser d’aller à la rencontre de ceux-ci ? A partir de là, les populations doivent apprendre qu’un homme politique quel qu’il soit, ne pense pas à elles, ne dit que ce qui leur plairait dans le lieu et le temps indiqué. Ne dit-on pas souvent que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute ? Vous avez vu et vécu. Désormais vous saurez vous y prendre. Mais choisir de vous tromper une fois de plus n’est pas encore grave. De toute façon, la vie est un choix. Vous avez fait un choix, subissez-en les succédanées.
Monsieur le président, la situation est grave. Vous êtes le seul à infléchir la tendance. Mettre en œuvre la vraie rupture d’avec l’ordre ancien, pour que le présent que nous maîtrisons, puisse servir à nous rabibocher autour de la devise Fraternité-Justice-Travail. Qu’aucun citoyen ne soit lésé au profit d’une caste qui caporalise actuellement tout. Ne pas le faire, c’est faire partie des souffrances de son peuple. Je pense que sous le règne de votre prédécesseur, la situation de chaque Béninois était encore acceptable. Au loin, j’estime que vous, pour l’instant, avez mis au chômage nombre de béninois à travers la libération des espaces non occupés jusqu’à l’instant présent. Au finish, je crois que le Béninois d’hier avait une situation financière qui lui permettait de faire face aux péripéties du quotidien. Je suis déçu et triste pour vous. Décidément, que lui arrive–t-il ? Ce peuple est maudit. Béhanzin avait-il raison ? Vous êtes le problème. Pensez-y.
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