Police républicaine au Bénin : des interrogations sur ce corps en gestation

Le compte rendu du Conseil des ministres signé du secrétaire général du gouvernement et rendu disponible depuis hier mercredi, rapporte les deux projets de lois portant sur la création de la police républicaine, à transmettre au parlement. Cet acte consacre la phase décisive de concrétisation de la fusion de la police et de la gendarmerie en seul corps. Une grande première dans les pays d’Afrique francophone, mais qui suscite quelques interrogations.

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Le projet de fusion de la police et de la gendarmerie du gouvernement, est rendu à sa phase décisive avec la transmission des deux projets de lois au parlement, décidée par le gouvernement lors du Conseil des ministres du mercredi 18 octobre 2017. Le premier projet de loi porte sur la création de la police républicaine, et le second est relatif au statut spécial de la police républicaine. La suite de ces projets de lois dépendra du vote au parlement. Si l’issue est favorable, cela permettra au gouvernement de réaliser ce projet innovateur que le chef de l’Etat avait présenté au public le 16 décembre 2016, dans le cadre de la cérémonie officielle de présentation du programme d’actions du gouvernement, Pag. Par ce projet, le chef de l’Etat annonçait que dès 1er janvier 2018, la police et la gendarmerie devraient fusionner pour former un seul corps.

Le chef de l’Etat expliquait que la police et la gendarmerie assurent des fonctions de sécurité des citoyens. Et qu’au lieu que ces deux corps se livrent à des actes de concurrence, ce qui impacte négativement leurs rendements, il serait raisonnable de les fusionner pour une unicité de moyens, de ressources et d’objectifs. Le chef de l’Etat disait être convaincu que ce nouveau corps répondrait mieux aux missions de sécurité publique. Pour ce faire, il a créé une commission qui avait à sa tête le général Félix Hessou Tissou, ancien ministre de l’intérieur, donc expert en questions de sécurité.

Cette commission a siégé pendant des mois et a produit un rapport qui a été présenté et remis au chef de l’Etat en présence du ministre de l’intérieur, des autres membres du gouvernement, des hauts gradés de l’armée, de la gendarmerie et de la police. C’est de ce rapport que s’est certainement inspiré le gouvernement pour élaborer les deux projets de lois qui sont transmis au parlement pour adoption.

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Des interrogations cependant

Mais cette police républicaine en devenir, produit de la fusion de la police et de la gendarmerie,  reste encore à découvrir. Surtout pour ce qui est des aspects opérationnels de cette fusion. Puisque la police et la gendarmerie en réalité ne remplissent pas fondamentalement les mêmes missions. Et ceci commence déjà au niveau de leurs formations. La gendarmerie est généralement rattachée à l’armée avec cependant quelques missions qu’elle partage avec la police. Comme celles d’auxiliaire de la justice avec des officiers de police judiciaires à la police, et comme à la gendarmerie. On peut donc dire que la gendarmerie est ce corps d’hommes en tenue qui se trouve à mi-chemin entre l’armée et la police. En trouvant à la gendarmerie des points de similitude avec la police, on découvrira nécessairement aussi des lignes de différenciation.

A l’instar de la formation qui rapproche la gendarmerie de l’armée, les grades sont aussi similaires à ceux de l’armée à partir du grade d’adjudant jusqu’à celui de général. C’est pour ces points de différence qu’on peut s’interroger sur la logique de cette fusion qui reste jusqu’ici une première en Afrique noire francophone. Comment ces deux corps qui ont reçu des formations distinctes peuvent fusionner efficacement sans brouille ? Bien plus, on peut s’interroger sur la production des équivalences des grades entre les deux corps… La police républicaine ainsi créée utilisera-t-elle les grades de la gendarmerie ou ceux de la police… Quel peut être le grade correspondant à commissaire dans la gendarmerie ou colonel dans la police ? Bien d’interrogations auxquelles l’absence de vulgarisation du rapport de la commission ne permet d’avoir de réponses jusqu’ici

 

2 réponses

  1. Avatar de OLLA OUMAR
    OLLA OUMAR

    Ils connaissent quoi même ce ruptu.c.ons aux affaires en sécurité,pour inventer quoi ; aucune expertise , aucun think-tank , sauf comment piller les ressources du benin .
    Au benin , nous ne disposons que de quelques grandes villes ( si on peut dire ) et si c’était si utile cette refonte , des pays phares comme la Côte d’Ivoire l’aurait déjà mise en application .
    Que ces charlatans , bonimenteurs dégagent du paysage

  2. Avatar de GbetoMagnon
    GbetoMagnon

    Cette précipitation est une con… La Gendarmerie est une police militaire (historiquement), dont la caractéristique est le maillage du territoire au plus près des populations.

    Au delà de ses missions de prévôté (police et investigations en milieu militaire), elle en a, que son ADN militaire permet de remplir plus efficacement (maintien de l’ordre massif, intervention d’intensité moyenne et haute dans le cadre d’imposition de l’ordre public, etc…)

    Il n’est que de voir le Togo, qui fait donner la troupe contre la foule et le résultat en termes de morts, pour se rendre compte qu’on va supprimer un aspect du continuum sécurité/défense, déjà nettement insuffisant.

    Pour la concurrence, il aurait suffit d’un commandement unifié et d’assignations précises de missions et de répartitions territoriales.

    Bref, qu’en dise les officiers gendarmes à la retraite ?

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