30 ans de démocratie en Afrique : Les dividendes sociales et économiques toujours non perceptibles

L’hôtel Golden Tulip le diplomate de Cotonou, a servi de cadre du 10 au 12 novembre 2017 au dialogue politique régional organisé par l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale (Idea), en partenariat avec l’Abdc et de l’Oif.Portant sur le thème : « Trois décennies de transition démocratique en Afrique : Quels dividendes pour les citoyens ? », ces échanges ont été une occasion pour les participants de non seulement faire des critiques, mais aussi et surtout réfléchir sur les mécanismes permettant aux pays africains de renforcer le lien entre gouvernance démocratique et développement durable, au profit des citoyens.

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La démocratie a-t-elle été un fer de Lans pour le développement économique des pays africains ? Cette question qui mérite d’être posée ne manque surtout pas de pertinence dans la mesure où depuis trente années de transition démocratique en Afrique, il y a certainement eu des dividendes de la démocratie. Lesquels dividendes sont partiellement politiques, et insuffisants au plan social et économique pour les citoyens. C’est à juste titre que l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale (Idea), en partenariat avec l’Association béninoise de droit constitutionnel (Abdc) et de l’Organisation internationale de la francophonie (Oif), a organisé un dialogue politique régional autour du thème : « Trois décennies de transition démocratique en Afrique : Quels dividendes pour les citoyens ? », pour faire le bilan. C’était du 10 au 12 novembre 2017 à l’hôtel Golden Tulip le Diplomate à Cotonou.

Le choix de la République du Bénin pour l’organisation de ce dialogue, se justifie par deux raisons. D’une part, le fait que ce pays ait joué un rôle de pionnier et de moteur dans les transitions démocratiques en Afrique, avec l’organisation de la conférence nationale du 18 au 28 février 1990. D’autre part, le Bénin est le premier pays d’Afrique francophone a accéder au statut de membre plein de l’Idea international en 2016.

« Une thématique qui interpelle la conscience »

Pour planter le décor, les participants ont eu doit au discours de bienvenue du professeur Joël Aivo président de l’Abdc, et à celui du représentant de l’Oif auprès de l’Union africaine. Dans un discours singulier, le président de l’Abdc n’a pas manqué de saluer la pertinence du thème avant d’expliquer les raisons qui ont permis à son association de s’associer à cette organisation. Selon les explications du professeur Joël Aivo, les raisons sont de deux ordres. Primo, c’est d’avoir autour de cette question diverses personnalités pour diagnostiquer, critiquer proposer et faire avancer.

« Diverses personnalités parce que notre vœux à l’association était de convier à Cotonou des universitaires de renoms, des hommes expériences, ceux qui ont été déjà aux responsabilités et les gouvernants actuels. Nous voulons réfléchir à Cotonou sur cette thématique, l’Afrique au travail,  l’Afrique en travail et l’Afrique qui décolle économiquement », a-t-il déclaré.

« Il était aussi important d’avoir au cours de la thématique cette diversité de personnalités pour être sûr d’aborder l’ensemble des sujets qui traversent notre continent », ajouté le doyen de la faculté de droit de l’Université d’Abomey-Calavi. La seconde raison pour laquelle l’Abdc appuie l’organisation de ce dialogue politique soutient le professeur, c’est parce que cette question interpelle la conscience même. Par ailleurs, ce dialogue politique permet à l’élite politique africaine de se demander ce qu’elle a fait de l’indépendance du continent, ce qu’elle a fait de la vie de plusieurs générations pour la liberté et pour le progrès économique.

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« Depuis l’adhésion de notre continent au pluralisme politique, est-ce-que le continent africain a tiré profit de la démocratie, que nous a-t-elle apporté ? Nous sommes quelque part à l’heure du bilan. Et l’occasion nous est donnée de jeter un regard prospectif, objectif, critiquer ce que nous avons fait des 30 dernières années de démocratie », a-t-il ajouté avant d’exprimer son espoir que de ces travaux sortiront des perspectives pour une Afrique gagnante.

Abondant dans son sens, l’ambassadeur Boubacar Issa Abdourahmane, représentant de l’Oif auprès de l’UA, n’a pas manqué de vanter les mérites du Bénin en matière d’alternance démocratique, avant de souligner que les dividendes de cette démocratie durant les trente (30) dernières années, n’ont pas été perceptibles au plan social et économique pour les citoyens dans bon nombre de pays africains.

Nécessaire conformité des lois votées aux préceptes fondamentaux

Pour permettre aux uns et aux autres de comprendre les contours de cette thématique, des panels portant sur des thèmes tout aussi pertinents ont été installés. Mais avant, l’ancien ministre et président de la Cour constitutionnelle du Bénin, Robert Dossou, a fait observer que le plus grand bénéfice de cette démocratie en transition, depuis le chemin parcouru en 1984, est le statut du citoyen.

Pour que les dividendes de cette démocratie soient perceptibles sur le plan social et économique pour les citoyens, maître Robert Dossou souhaite que les lois votées soient conformes aux préceptes fondamentaux de l’homme. Le premier panel relatif à « Comment réconcilier la démocratie procédurale/formelle et substantielle/réelle ? » , a été un moment de grands échanges.

Les différents panélistes ont expliqué que dans la plupart des démocraties africaines, le parlement produit des lois sur la satisfaction du système. Ce qu’ils appellent fonctionnement autocentré. Mieux, le parlement ne légifère pas sur les lois qui concernent le peuple. La démocratie procédurale ou formelle est un leurre en Afrique. Ils fondent leur argumentaire sur la perversion des partis politiques et des institutions politiques observée en Afrique.

S’agissant du deuxième panel portant sur le thème : « La question des droits socioéconomiques et culturels dans le processus de démocratisation en Afrique depuis trois décennies », les différents intervenants ont indiqué que ces droits n’ont pas été suffisamment, sinon pas du tout, respectés les trois décennies durant. Ils ont invité les politiques africains à se pencher sur ces questions de développement.

« Accès aux services publics et fourniture des services publics dans les pays africains depuis trois décennies ». Tel est le thème qui a cristallisé les échanges du troisième panel. A ce niveau, les panélistes ont peint en noir les services publics reçus par les citoyens dans les différents pays. Selon eux, depuis les trois décennies ces services sont restés identiques, c’est-à-dire de mauvaise qualité. Ils estiment même que ces services se sont détériorés

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