Bénin : L’échec, l’autre face du succès

On peut le prendre pour de la provocation : nos échecs sont nos meilleurs alliés. Parce qu’ils peuvent nous aider à rebondir, à renaître, à nous reconstruire. A condition toutefois   que nous sachions en faire un levier.C’est vrai : l’échec brise plus d’un. Mais l’échec élève bien d’autres, devenant le ressort puissant qui les propulse vers les cimes de leurs plus hautes ambitions. « E na lè wa mi gbédéa ». En fait, tout dépend de nous. Tout dépend de ce que nous faisons de nos échecs.

La route du « Nouveau départ », en moins de deux ans, est jalonnée d’échecs. Peut-il en être autrement ? Seuls ceux qui ne font rien ne risquent pas de se salir les mains. L’homme d’action marche dans la gadoue. Il a les mains pleines de cambouis. Devons-nous en souffrir au point de nous cogner la tête contre le mur ? « Qui craint de souffrir, souffre déjà de ce qu’il craint ». Nous avons listé une dizaine de nos échecs.  Moins pour remuer le couteau dans la plaie. Mais davantage pour nous appeler à un sursaut salutaire.

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L’échec du projet de révision de la Constitution. Nous avons péché, ici, par trop d’assurance. Nous avions pensé que c’était plié, oubliant que « Ici, c’est le Bénin ». Insuffisance notoire des quatre « C » que sont consultation, concertation, communication, consensus. Le fabuliste nous l’a pourtant appris : ne jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.

La fracture du « Front du refus ». Ce Front là n’avait qu’un contenu électoraliste. Il n’affichait aucune vision de gestion stratégique, commune et partagée du pouvoir. Cela a échappé   à la plupart de ses initiateurs et animateurs. La fin de l’élection présidentielle a signé la fin de sa mission. Il eut fallu le savoir.

Les grèves qui perturbent le monde du travail. Nous soumettions, il n’y a guère longtemps, le gouvernement aux épreuves d’un examen de passage, la CNPE. C, comme communication. N, comme négociation. P, comme participation. E, comme évaluation. L’agitation qui ébranle le front social tient au fait que nous ne visitons pas assez et pas souvent ces quatre fondamentaux de l’action publique.

La destitution en cascades des maires des communes. Cela traduit l’échec de notre rêve d’une démocratie au quotidien, d’un développement à la base. C’est l’échec du  » moins d’Etat, pour mieux d’Etat », l’échec du projet global de décentralisation dont il ne restera plus, à terme, qu’une coquille vide.

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Les querelles qui secouent les partis politiques. La classe politique, morte depuis belle lurette de sa plus belle mort, cherche à se signaler à notre mémoire. Il est vrai qu’en   Afrique les morts ne meurent point. Voilà pourquoi la classe politique s’entête à courir après une illusion comme une poule   couverait des œufs pourris.

La libération de l’espace public. Les insuffisances, excès et dérives qui ont jalonné l’opération ont signé son arrêt de mort. Beaucoup de bruits pour rien. Ceux qui ont été contraints et forcés de libérer les espaces publics reviennent en force. Et personne, aujourd’hui, ne s’aviserait de les en chasser. L’opinion publique n’a pas été convaincue du bien fondé d’une telle opération pourtant utile et salutaire.

La sortie en demi teinte des « Ecureuils ». Pour les phases préliminaires du CHAN, championnat d’Afrique des Nations, et pour le tournoi régional de l’UFOA, pour une fois, nous   n’avons pas été ridicules. L’équipe est rentrée depuis au bercail. Mais, plus rien. Tout le monde s’est dispersé aux quatre vents. L’idée d’un simple débriefing n’a effleuré personne. Il eut été utile, pourtant, que nous fassions le point sur nos forces et faiblesses ; que nous sachions ce que nous avons appris de cette sortie. Qui croit cuver son vin en négligeant de faire ce qu’il doit risque de se réveiller avec du vin à la bouche.

L’hospitalisation du Chef de l’Etat à Paris, en France.  La maladie a des impératifs devant lesquels il est impérieux que le malade se plie. Le Chef de l’Etat a pensé, avec raison, qu’il bénéficierait de meilleurs soins de santé sur la place de Paris que sur place à Cotonou. Dans les faits et en vérité, c’est le choix entre le désert et l’oasis. Cela ne souligne que mieux nos obligations pour changer notre système sanitaire plutôt grabataire.  En attendant, poussons la chansonnette de l’espoir : « ça ira » !

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