Depuis la publication du communiqué du Conseil des ministres qui incrimine l’ancien président du Conseil d’administration de la Cnss, de perception de commissions occultes, d’autres acteurs sont entrés en scènes notamment le DG de la Cnss Dramane Diatéma, et le ministre Romuald Wadagni. Ils ont présenté le mis en cause comme étant péremptoirement coupable des faits qui lui sont reprochés. Ceci, avant même que le dossier ne soit transmis à la justice. Un peu comme si les conférences de presse sans contradiction peuvent se substituer aux procès.
Comme s’il ne voulait pas aller au procès pour des raisons évidentes, le gouvernement se substitue déjà à la justice pour prononcer la culpabilité de Laurent Métongnon dans l’affaire de placement des dépôts à termes auprès de la Bibe. Dans la seule journée du lundi 6 novembre 2017, deux conférences de presse ont été organisées. La première par le directeur de la Cnss Dramane Diatéma, qui face à la presse a produit un argumentaire à charge contre l’ancien Pca de son institution. Il a non seulement soutenu que les placements effectués en 2014 et 2015 étaient des placements à risque, mais a voulu dédouaner les dirigeants actuels de la Cnss en affirmant que les 4 milliards injectés par la caisse à la Bibe ne relèvent pas des placements, mais plutôt de la recapitalisation de la banque pour sauver les 16 milliards placés par l’ancienne équipe du conseil d’administration. Il a aussi indiqué que c’est par décision de justice que son institution s’est vue contrainte de faire cette recapitalisation.
Des arguments discutables
A l’observation, non seulement les explications du directeur de la Cnss présentent des aspects discutables, mais il y a surtout le fait que n’eut été le passage de Laurent Métongnon sur une station de radio privée de la place, l’opinion n’aurait pas su que les dirigeants actuels de la caisse avaient eux aussi placé 4 milliards dans cette même banque. Cette remarque peut aussi être faite à la sortie du ministre de l’Economie et des Finances, Romuald wadagni, qui au cours de sa conférence de presse a expliqué aux journalistes les raisons de la culpabilité de l’ancien président du conseil d’administration de la Cnss. Il est lui aussi revenu sur les placements inconséquents ou du moins motivés, des 17 milliards auprès de cette banque par l’ancienne équipe du conseil d’administration. A grand renfort de documents non soumis à la contradiction des mis en cause, le ministre des Finances a fait son « one man show », au cours duquel il n’a pas été en mesure de donner la preuve de la perception des commissions dites occultes par les 3 présumés mis en cause. On peut tout de même s’interroger sur la sincérité du gouvernement. Puisque le rapport du conseil des ministres dit que c’est le Ministre de l’Economie et des Finances qui a introduit une communication lors du dernier conseil des ministres. Mais ce rapport qui n’accable que l’ancien président du conseil d’administration de la Cnss, l’ancien directeur général et le Daf, ne précisait nulle part que l’actuelle équipe dirigeante de la Cnss a elle aussi injecté 4 milliards dans la même banque.
Un moyen d’intimidation
Il y a fort à parier que cette information n’aurait jamais été connue de l’opinion si l’ancien Pca de la Cnss ne l’avait fait connaitre. On peut donc déduire que c’est cette révélation de Laurent Métongnon qui a fait courir les deux hauts commis de l’Etat pour fournir des explications sur ce placement curieux de 4 milliards dans une banque dite en faillite. Le gouvernement est définitivement mal à l’aise dans cette affaire de placement de dépôts à termes… Et il n’y a pas de doute que cette affaire est comme l’estime Laurent Métongnon une véritable machination d’autant que ni le Dg Cnss de l’époque ni le Daf pourtant nommément cités par le fameux communiqué du conseil des ministres, n’ont fait l’objet du même lynchage médiatique. Pour une affaire censée donner lieu à un procès, qu’est ce qui peut justifier ce lynchage médiatique orchestré par le gouvernement ? Que recherche réellement le gouvernement en investissant les médias pour faire passer sa sentence sur le dossier en lieu et place de la justice ? Les faits reprochés à l’ancien Pca de la Cnss sont-ils fondés ou relèvent-il de la stratégie d’intimidation d’un syndicaliste dénonciateur des maladresses managériales du régime en place ?
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