Chronique de Florent couao Zotti : Hommage à un combattant

Mardi 7 novembre 2017.Campus d’Abomey Calavi, amphithéâtre Houdégbé. 10 heures. Le monde des grands jours était là, venu de tous les horizons, de toutes les facultés, de toutes les universités du Bénin; les uns, en costume noir strict et sévère,  le cou étranglé par la cravate, les autres, plus décontractés, en tenue de sortie.Au podium,  le nouveau recteur de l’université, le docteur Maxime da Cruz, entouré des amis et proches de Guy Ossito. L’hommage rendu au professeur pour son admission à la retraite, ne devrait souffrir d’aucune contrariété. Dans son rôle qui lui allait comme un gant, Florent Eustache Hessou faisait la police des interventions.

C’est lui risquait les calembours, les tours d’esprit, les anecdotes, distribuait la parole aux nombreuses personnalités qui, chacune, par son témoignage, tenaient à dire le type de commerce qu’elles ont entretenu avec le professeur, de par quel sceau il les a marquées. Ce qui faisait l’unanimité, ce qui faisait que tout ce monde tenait tant à s’exprimer, c’était le caractère entier du personnage, son charisme,  son intransigeance pour le travail bien fait, son attachement pour l’excellence. Surtout lorsqu’il s’agit de recherches, d’argumentaires scientifiques.  En cela,  les témoignages des uns et des autres ont été édifiants.

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Il y eut les témoignages de ses anciens étudiants– dont un, devenu ministre, Kapko Mahougnon; il y eut les témoignages de ses collègues- dont un, Bienvenu Koudjo,  directeur de cabinet; il y eut les témoignages des hommes de théâtre– dont un, Tola Koukoui, venu lire des extraits de son ouvrage, Traces à venir…Il y eut les témoignages d’un ami d’enfance–dont un, venu de Lomé…

Tout au long de la cérémonie,  l’heureux élu était resté presque impassible. Par moments, des sourires venaient lui détendre le visage. Parfois, c’était un rire vite réprimé qui le surprenait. Il savait les sentiments qu’il inspirait aux gens, il savait que sa réputation de critique littéraire  «  aussitôt sorti, Ossito détruit  » n’était pas exagérée et que, pour que les auteurs béninois sortent des conforts convenus dans lesquels les ont installés les critiques complaisantes, il fallait secouer le cocotier. Me viennent en mémoire ces moments de conférences âprement discutées où les esprits les plus brillants de la FLASH, venaient en découdre avec lui au Centre Culturel Soviétique. J’ai encore en tête ces articles publiés dans Ehuzu (l’actuel La Nation) le vendredi de chaque semaine où les autres universitaires tentaient de faire pièce à ces théories sur la littérature africaine.

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Mais, reconnaissaient d’autres personnes, il y avait aussi le Midiohouan convivial, affable, toujours à l’écoute de ses frères, le geste plutôt généreux. Un personnage que l’on pourrait croire complexe, contrasté,  mais qui finalement, n’est qu’à l’image de l’intellectuel de son temps. Un homme de nuances, d’enthousiasme et de conviction.

Quand,  à la fin des différents témoignages,  Guy Ossito Midiohouan a pris la parole, tout l’amphithéâtre s’était mis debout pour le saluer.  De voir tant de monde l’entourer,  de constater ce fleuve de sentiments lui couler dessus lui a inspiré un mot,  un seul, complot. Il y a eu complot pour que cette cérémonie se réalise, pour que ces anciens étudiants puissent être là, pour que ces collègues puissent s’être associés, pour que ses parents, amis,  admirateurs puissent avoir rallié l’amphithéâtre. C’était le complot des gens biens pour la bonne cause.

Visiblement ému, GOM a égrené les mots, lentement, doucement comme s’il sentait leur charge sur la langue, espaçant leur articulation comme s’il voulait échapper à l’émotion qui alourdissait sa respiration. On était heureux pour lui. Mais un combattant ne quitte jamais le front. Si dans son fusil les balles sont finies, l’engagement au combat est toujours intact surtout pour insuffler à la jeunesse la rage et la foi qui déplacent les montagnes. Heureuse retraite professeur

Une réponse

  1. Avatar de Epiphane Oloro CARRENA
    Epiphane Oloro CARRENA

    Vibrant et très plaisant témoignage d’un jeune et prolifique. Courage mon brave.

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