Conseil économique et social: Diaspora et Nouvelle Conscience

En rencontrant les béninois installés en France, le Chef de l’Etat a visé essentiellement à leur exposer les grandes lignes de son programme d’action ainsi que les différentes mesures qu’a prises le gouvernement depuis l’avènement du nouveau départ.L’occasion nous est ainsi offerte de mener la réflexion sur la situation de la diaspora dans l’Hexagone; et c’est à cette fin que nous impliquons d’entrée de jeu le Conseil économique et social à la lumière d’une nouvelle prise de conscience des choses.

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Une diaspora jusqu’alors réservoir de soutien politique

Les élections, notamment la présidentielle, ont toujours donné lieu à la sollicitude des citoyens à l’étranger dans les pays de résidence où des bureaux de vote ont été installés. Le chef de l’Etat en fonction s’adjugeait alors les moyens de dépêcher des émissaires pour aller battre campagne en sa faveur près la diaspora. Le jeu valait la chandelle si tant était que les suffrages de la diaspora étaient susceptibles de faire la différence et de changer la donne en impactant les résultats des élections. Il faut dire qu’abstraction faite de la recherche d’une clientèle électorale ponctuelle et de son soutien politique, les autorités en place de naguère, ne se préoccupaient pas outre mesure de la diaspora.

Du soutien politique à l’intérêt pour le développement du pays

Nous situons la séance de travail du Chef de l’Etat avec la diaspora en France dans le cadre d’une mutation de l’exclusif soutien politique, vers l’intérêt pour la conduite des affaires du pays. Il s’était agi, en effet, d’exposer aux concitoyens, le programme d’action du gouvernement puis de les informer des actions menées jusqu’alors. Mais à quel volet  du programme s’étaient-ils montrés le plus réceptifs ? Il est convenant de saluer, en prélude, la bonne facture de la rencontre, la clarté et la haute qualité des exposés  et, de manière discursive, l’excellent effet de communication ainsi généré ; nous ne pouvons qu’en tirer fierté de notre Ministre des Affaires Etrangères, mais aussi de notre Ambassadeur près la République Française. A tout seigneur tout honneur donc.

A cela près, nous estimons, en nous fiant à l’applaudimètre  et sauf erreur d’appréciation de notre part, que  l’auditoire avait montré de l’intérêt plutôt pour les différentes actions menées jusqu’alors par le gouvernement telles la répression des fraudes et les économies réalisées subséquemment ;  les  résultats des audits notamment de la fonction publique, la gestion des bourses universitaires de même que les innovations  dans le domaine foncier.

Par contre, le programme d’action du gouvernement n’avait pas paru enthousiasmer particulièrement les concitoyens si ce n’était les informations qu’il leur avait apportées. Et comment pouvait-il en être autrement ; ils n’ont pas les ressources  pour y contribuer. En fin de compte, c’est le côté informatif de la rencontre qui a prévalu et non pas celui de la contribution au développement. En tout état de cause, il est évident que ce n’était pas auprès de la diaspora que le Chef de l’Etat était allé chercher des appuis financiers pour la réalisation de son programme d‘action. Les couacs de la diplomatie ne lui ont pas permis de s’adresser à ceux qu’il fallait.

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Le gouvernement toujours à la traîne de la communication de masse

Il nous été donné d’apprendre à la faveur de cette rencontre avec la diaspora en France que nombre  d’actions salutaires  ont été menées, dont mention n’avait pas été faite aux béninois de l’intérieur,  notamment pour ce qui est des fraudes et des arrestations. Pourquoi donc cela ; chercherait-on à préserver l’honorabilité déchue des fossoyeurs ou qu’est-ce ? La lutte contre la corruption ou autres malversations ne serait pas complète si l’on ne divulguait pas largement les résultats obtenus et  si l’on ne dévisageait pas  les délinquants.

Une certaine conception du social

Il avait  été dit au cours de la conférence que le gouvernement faisait plus de social que l‘on ne pensait et que le social qu’il faisait était  « structurant ». Que le gouvernement fasse ce qu’il peut dans le domaine social, nous n’en disconvenons point. Mais, dans notre entendement, le social n’est pas chose à planifier à l’instar du développement. Le social, ce n’est pas pour demain ; c’est d’abord pour maintenant tout en posant des jalons pour pérenniser le ‘’maintenant’’. Il n’est pas concevable que l’on laisse les populations dans la misère aujourd’hui sous le prétexte que l’on prend des mesures « structurantes » pour que demain d’autres ne meurent plus de la même misère. Les deux  stratégies devraient être concomitantes et aller de pair pour répondre au social. De même l’action sociale n’est pas structurellement du développement, de même le développement n’est pas forcément du social. A regarder les choses de plus près, créer des cantines scolaires ne nous parait guère relever du social, mais plutôt du développement nonobstant les apparences. Les cantines procèdent, en effet, d’une politique d’accès et de maintien des élèves à l’école ; elles visent à corriger les faibles taux de scolarisation. La finalité de cette politique, c’est donc  la formation efficiente des enfants, c’est la préparation de la relève pour assurer le développement. Cela n’est alors pas pas du social d’autant que les cantines ne fonctionnent pas tout au long de l’année civile et qu’elles n’intéressent que les enfants du niveau primaire ; leur effet est donc  limité ne serait-ce qu’à ce double titre et il ne permet pas de les classer dans le social à proprement parler. On ne fait pas une politique sociale par intermittence.  Il demeure, néanmoins, que l’action du gouvernement dans ce cadre des cantines scolaires mérite d’être saluée. Une enveloppe de 27,2 milliards de nos francs par an, intégralement financés par le budget national sur une période de quatre ans ! Et il est heureux que la gestion en ait été confiée à une organisation aussi expérimentée que le Programme alimentaire mondial.

Nouvelle Conscience et diaspora ; le Conseil économique et social interpelé

Tout bien considéré, la constitution de la diaspora en France ne peut faire l’objet de grande fierté. Nonobstant les motivations personnelles qu’il convient de respecter car elles peuvent être nobles, l’on peut se demander pourquoi tant de nos concitoyens se retrouvent là-bas. Provenant d’un pays chaud mais grelotant, emmitouflés et engoncés dans des vêtements qui ne sont pas les leurs pour parer le froid, privés d’espace pour s’exprimer librement, rasant les murs et tirant le diable par la queue des fois, ils sont là-bas pourtant, et pour cause ; ils y   trouvent la sécurité de vie. Quand ils sont malades ils ne pleurent les dépenses ni pour se faire diagnostiquer le mal qui les perturbe ni pour se rendre chez le pharmacien. Ils sont là-bas parce qu’ils bénéficient d’une couverture sanitaire et sociale conséquente. Ils y demeurent  parce qu’ils  sont assurés que dans leurs vieux jours, ils bénéficieront d’une pension de retraite et, le cas échéant, d’un minimum vieillesse qui leur permettront de vivre dignement. Est-ce fierté d’admettre que c’est essentiellement  en raison du fait que nos autorités dirigeantes n’ont jamais, depuis plus d’un demi-siècle d’exercice du pouvoir d’Etat , réussi à offrir ces avantages aux citoyens de l’intérieur ? Les autorités dirigeantes, mais aussi et sauf déficit d’information de notre part,  le Conseil économique et social qui a pour rôle de faire au Chef de l’Etat des propositions à caractère économique et social pour améliorer le quotidien du citoyen.

L’on pourrait répliquer, à juste titre il est vrai, que si nos concitoyens de la diaspora bénéficient de tous ces avantages, c’est parce qu’ils travaillent et qu’ils paient à la sécurité sociale, des primes prélevées à la source, qui plus est, renforcées par la part patronale. Mais, c’est précisément en raison du fait que tout le monde ne peut trouver du travail chez nous, que nous proposons, à cor et à cri, une couverture sanitaire et sociale, populaire et universelle fondée non pas sur le travail de tout un chacun et les salaires, mais sur le principe de la solidarité nationale par le biais de la levée d’une taxe-cotisation d’un montant minime passant inaperçu, sur un ou deux produits de grande consommation ; une taxe-justice qui mettra tout le monde, toutes classes sociales confondues, au même niveau de protection sanitaire et sociale. Que nous ayons une activité professionnelle ou non, nous tous consommons dès notre naissance. Faudrait-il encore ressasser, une fois de plus, que le système que nous proposons est à l’abri de tout déficit éventuel ; à l’abri de toute faillite ; le capital social se renouvelant et se renforçant  sans discontinuer. Au demeurant, il n’implique en rien l’Etat financièrement parlant; il ne relève pas du budget national et ne requiert aucune subvention. Alors, pourquoi l’Etat se cramponne-t-il à un système  vieillot et injuste fondé sur le travail et les primes individuelles, qui a montré ses limites. Pourquoi l’Etat ne veut-il donc pas permettre à la société de prendre sa destinée en mains dans un large mouvement de solidarité nationale salutaire pour tous, d’autant que les autorités qui se sont succédé jusqu’alors n’ont pas été à même d’innover en la matière et de protéger l’ensemble des citoyens. Est-ce tout simplement parce que ce système  n’intéresse guère les plus fortunés d’entre nous qui eux, n’en ont que faire et n’ont cure de cette protection populaire ? Qu’est-ce alors ? Au demeurant, gageons qu’avec ce système de protection, bon nombre de compatriotes de la diaspora retrouveront le chemin du retour avec, dans leurs bagages, les expériences qu’ils auront acquises outre-mer. Pourquoi donc le  Conseil économique et social ne pourrait-il pas s’y intéresser et en saisir le Chef de l’Etat, comme il est de ses devoirs ?

Nouvelle conscience et exode des cerveaux

Il est un fait que les plus nantis de la nation vident systématiquement le pays des forces vives  que sont les enfants et les jeunes  censés assurer la relève. Au demeurant, l’on se félicite béatement de les envoyer  à Paris,  pour y faire leurs études en sachant pertinemment  qu’ils ne reviendront jamais ou même en les encourageant à ne plus revenir. Et  c’est ainsi que nous détruisons nous-mêmes, notre pays méthodiquement et par anticipation. Le temps jadis, les enfants revenaient tout fiers, imbus de l’idée qu’ils se devaient de participer au décollage de leur pays sans même se soucier de ce que sera leur condition de vie dans la mère patrie. Il me souvient clairement que le jour de mon départ pour la France où il m’envoya poursuivre mes études, mon père alors Ministre de la République et grand adepte de la transmission du savoir, me réveilla à l’aube et parmi ses derniers conseils me dit d’un ton grave et les larmes aux yeux: «  tu connais l’histoire de la jarre trouée de Guezo. Figure toi que si tous les enfants qui partent en France revenaient au pays ; qu’ils mettaient tout leur savoir dans la jarre et qu’ils en bouchaient les trous avec leurs doigts, le développement de notre pays sera assuré ; je t’envoie là-bas pour que tu reviennes » Cette histoire n’a eu de cesse de résonner dans ma  tête tout au long de mon séjour à l’étranger jusqu’à ce que je ne m’en départisse qu’une fois que je pris fonction au Ministère des Affaires Etrangères de mon pays.

Aujourd’hui, la donne a changé, les enfants ne reviennent plus ;  notamment en raison des avantages sociaux dont ils bénéficient là-bas et dont nous avons fait état ci-dessus. Ils s’en vont grossir les rangs de la diaspora et tout le monde s’en contrefiche s’étant fait, malencontreusement, à la situation C’est ainsi que nous programmons, en amont, l’exode des cerveaux, la saignée de nos potentialités et de nos ressources intellectuelles. Que diantre ! Comment pouvons-nous affecter de faire du développement sérieux dans ces conditions et avec ce handicap-là ? Il est temps, qu’en la matière, nous nous remettions en cause, à commencer par les autorités politiques elles-mêmes qui sont bien loin de nous donner le bon exemple, et qui devraient, par contre, chercher à installer chez nous, dans toute la mesure du possible, ce qui retient les concitoyens à l’extérieur.

En ces moments d’un nouveau départ par une nouvelle conscience où il nous revient de revisiter nos comportements ; en ces jours où les jeunes tirent la sonnette d’alarme et sonnent, tous azimuts, le tocsin du sursaut patriotique, notamment sur les réseaux sociaux, il nous revient de prêter l’oreille à ce qu’ils nous disent et, entre autres, d’inventer des mesures idoines susceptibles de les inciter à revenir au pays non pas en s’attendant à intégrer la fonction publique, mais pour y réaliser leurs projets. Le nouveau départ, c’est aussi cela et il n’y a pas de nouveau départ sans une nouvelle conscience ; l’attelage me parait incontournable.

Ambassadeur Candide Ahouansou(Contribution)

4 réponses

  1. Avatar de OLLA OUMAR
    OLLA OUMAR

    Chat , vraiment un  » boulgui-boulga  » comme le dirait notre ami Casimir  » du dessin animé.
    Faut dire à  » l’ambassadeur  » ahouansou que écrire n’est pas obligé, et qu’il a besoin de repos 

  2. Avatar de Chat
    Chat

    C’est quoi ce gloubi-boulga! Je ne comprends rien au message de Monsieur Candide Ahouansou.

  3. Avatar de aziz
    aziz

    Moi j’ai déja tiré mes propres conclusions..sur la problématique du développement économique ,social et humain qui profitera à tous..

    Je j’ai dit ici à maintes reprise…

    Quelque soit la personne..qui se trouvera à la tete du benin…quelque soit sa volonté de bien faire..sa technicité dans plusieurs dommaines…celà ne marchera pas..

    Le concept..selon lequel…le pays doit etre gouverné de façon vertical…a fait déjà ses preuves…et celà ne marchera pas

    Il faut expérimenter..une gouvernance inclusive et horizontale….je veux parler de la gouverance par la décentralisation intégrale du pays..avec des vrais pouvoirs de décision

    Cette façon de voir n’arrange..pas les lobby,les oligarchesnles initiés..ceux qui vivent,profitent du caractère jacobin de l’état

  4. Avatar de Napoléon1
    Napoléon1

    Dans un pays où si vous tombez malade et que vous avez de l’argent, vous ne trouverez pas même un seul hôpital digne de ce nom pour vous soigner. Mêmes les médicaments que l’on vous prescrit et que vous achetez sont de faux médicaments voire ceux qui ont perdu leur effet sensé de guérir.

    Le Président de la République vient se soigner à l’étranger et ceux qui sont dans le sillage du pouvoir obtiennent l’évacuation aux frais de l’Etat pour aller se soigner à l’étranger. Les 99 % restes de la population sont abandonnés à leur sort.

    Vous voulez que les gens ne cherchent pas à quitter un tel pays ou vous demandez à ceux qui ont trouvé couverture sociale et sanitaire avec minimum de vie ailleurs de revenir dans un tel galère?

    Les hommes qui ont dirigé le pays depuis près de 60 ans avaient- ils un sens de responsabilité? S’ils avaient un tel sens, ils auraient créé le cadre nécessaire favorisant à tous une sécurité sociale et un minimum de vie. Les moyens n’ont pas manqué, ils ont été souvent détournés pour l’enrichissement personnel de quelques individus et continuent de l’être.

    Il reste à souligner que ce pays ne pourra être construit que par ses
    ressortissants du dedans et du dehors, pas par d’autres.

    Mais pour le faire, il faudra d’abord une révolution pour détruire cette génération de classe politique malveillante, pourrie qui n’a jamais voulu l’avancement du pays pour le bien-être du plus grand nombre. Quand aura mis fin à cette classe politique traître, comme ce fut le cas au Ghana il y a de cela quelques decennies, tout ira au mieux.

    Car on ne reste pas dans le „maillant pour tirer le maillant“. Nous devons d’abord mettre fin à toute la pourriture.

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