Après plusieurs mois de passage dans l’informel, le Bloc pour la majorité présidentielle -conglomérat de députés soutenant le Chef de l’Etat-, a fini par se doter d’un comité de pilotage. Avec cette organisation, le Bmp se consolide pour jouer un grand rôle dans la mise à genou de l’institution devant le gouvernement.
Le 19 décembre 2016, alors qu’il lançait le Programme d’action du gouvernement (Pag), Patrice Talon avait affirmé sans barguigner « Je suis votre poulain… Votez pour moi les yeux fermés ». Plus d’un an après, cette petite blague se révèle comme une prophétie. Les projets de loi du gouvernement dont certains sont transformés en proposition de lois, sont votés avec une célérité inquiétante. L’Assemblée nationale a effectivement donné l’impression de voter les yeux fermés.
Ceci grâce au Bmp –constitué aux lendemains de l’échec du projet de révision de la constitution le 04 avril 2017-, dont la soixantaine de députés travaille pour le vote mécanique, politique et sans grand débat des lois. Et c’est surement pour renforcer cette tendance, que les députés de cette majorité ont décidé d’avoir un comité de pilotage. Ceci leur permettra de mieux s’organiser, pour faire passer telle une lettre à la poste, les lois parfois inquiétantes initiées par le gouvernement Talon et votées à la « va vite » par les députés. Seulement voilà, sur les 22 députés promus comme responsables, une bonne douzaine a fait l’aventure yayiste. On y trouve sept anciens ministres du président Yayi, et cinq autres députés qui furent, dans le passé, ses argents défenseurs. Au total, douze anciens yayistes figurent parmi les 22 qui composent le bureau du comité. Comme quoi, le Bmp d’aujourd’hui n’est en grande partie que l’ancienne majorité parlementaire sous Yayi. Et c’est là tout le paradoxe. On ne comprend pas pourquoi le gouvernement qui passe son temps à vilipender l’ancien régime, a recruté tous ses anciens lieutenants, même les plus corrompus. Le comité de pilotage du Bmp a permis de voir le vrai visage de cette majorité parlementaire, qui dit accompagner la politique de lutte contre la corruption du président Patrice Talon. A voir la courtoisie des échanges entre le Chef de l’Etat et certains députés cités dans les dossiers de prévarication, il y a bien des raisons de croire et de dire que le Bmp ressemble à un havre où vont s’abriter les pilleurs de l’économie, qui ne veulent pas subir la fougue vindicative du chef de l’Etat
Laisser un commentaire