Les cinq syndicats opérant sur la plate-forme portuaire de Cotonou, ont été surpris le vendredi 24 novembre 2017 de la déclaration du chef de l’Etat. Lors de la rencontre au palais de la République sur la privatisation du port envisagée par Patrice talon, ce dernier a déclaré qu’il n’était pas au courant de toutes les grèves qui ont paralysé le port.
Cette déclaration, ajoutée à une supposée adhésion des syndicats au choix d’un mandataire au port, ont suscité des réactions ce mardi. Et il y a lieu de s’interroger sur la méthode de gouvernance du chantre de la rupture.
Le chef de l’Etat a surpris les syndicats de la plate-forme portuaire. Au cours de la rencontre avec eux sur la nomination d’un délégataire pour gérer le Port autonome de Cotonou, le président Talon a affiché son indifférence face aux perturbations créées par sa réforme. Nonobstant une série de grèves lancée par les travailleurs de la plate-forme portuaire pour s’opposer à l’appel à concurrence AAPC N°0825/PRMP/MIT/SPRMP pour le recrutement d’un mandataire au Port de Cotonou, le chef de l’Etat a déclaré qu’il n’était informé de rien. Dans ses propos face aux syndicalistes, le président de la République a soutenu mordicus n’avoir pas eu vent de la grève des syndicats qui a pourtant paralysé le port de Cotonou.
Cette manière subtile de tourner en dérision les travailleurs démontre une fois encore que malgré les grèves pour dire non à la privatisation du port, le chef de l’Etat a minimisé la situation. On se souvient que les syndicats du port avaient annoncé et observé un mouvement de grève de 48 heures, les mercredi 14 au jeudi 15 juin 2017, pour des points de revendication dont l’annulation pure et simple de toutes les procédures tendant à introduire le privé dans la gestion du port de Cotonou, le retrait pur et simple de l’avis d’appel à concurrence AAPC N°0825/PRMP/MIT/SPRMP, la suspension immédiate des réformes dans le secteur portuaire qui mettent en péril l’économie nationale, et les emplois dans le secteur portuaire… Puisqu’il n’y a pas eu d’entente entre le ministre des Infrastructures et des transports d’alors et les partenaires sociaux, un deuxième mouvement de grève avait été observé par les acteurs de la plate-forme portuaires. Une troisième motion de grève illimitée avait même été notifiée au ministre du travail et au ministre des Infrastructures et des transports, parce que le gouvernement, selon les explications des syndicats ce mardi, est resté dans sa logique de ne non satisfaction des revendications des travailleurs. Le ministre des infrastructures et des transports a fini par inviter les partenaires sociaux à s’entendre sur les points de revendication, assortie d’un protocole d’accord signé le 04 juillet 2017.
Plusieurs étapes pour résoudre la crise au Port
Après cette étape, un atelier de réflexion sur le dossier de recrutement de mandataire pour la gestion du port de Cotonou a été organisé à Bohicon du 10 au 12 août 2017. Une occasion pour toutes les parties d’explorer les contours de la privatisation du port grâce aux communications d’experts maritimes. Selon les syndicats, le ministre des Infrastructures a procédé au lancement et à la clôture des assises. Il revient alors à se demander le but de la déclaration du chef de l’Etat. Dans l’euphorie de la grève, l’un des directeurs techniques du port en la personne de Philipe Aboumon, avait même été relevé de son poste par le ministre. Toujours dans cette crise, le directeur général des travaux publics a joué sa médiation. Séraphin Agbahoungbata, ancien intendant du palais aussi. A moins qu’il n’ait pas mesuré la portée de sa déclaration, le président de la république vient ainsi de jeter un certain discrédit sur sa personne.
Un prétexte pour forcer la réforme
Le chef de l’Etat dit n’avoir jamais été informé des mouvements de grève des travailleurs, de la signature d’un protocole d’accord ou encore du séminaire de Bohicon. Cette déclaration de Talon est diversement appréciée par les syndicats, dont certains pensent qu’il ne peut pas ne pas en être informé. Le ministre Hervé Hêhomè ne pouvait pas se permettre de prendre un engagement sans aviser le chef du gouvernement. D’autres encore martèlent que le président Talon jette en pâture son ministre après s’être débarrassé de lui, et pensent que sa déclaration n’est qu’un prétexte pour faire passer en force sa réforme. Au regard de tout ce qui précède, il apparaît clair aux yeux des syndicalistes que le président Patrice Talon se moque royalement de leurs propositions. Néanmoins, Il a fait entendre que la seule chose qui pourrait lui faire changer d’avis, c’est que ces derniers lui montrent la dangerosité et les inconvénients liés à la privatisation du port. Joint au téléphone hier jeudi, Urbain Kanlinsou le secrétaire général du Syntrapac a expliqué que le rapport de leurs propositions sera envoyé au président ce lundi
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