CRI de CŒUR à SEM le Président de la République du Bénin: SDF- CULTURE ! Quelle SOUVERAINETÉ ?

Dans l’après-midi du mardi 28 Novembre 2017, aux environs de 17 heures, je me suis porté au Ministère de la Culture et du Tourisme, Route de l’Aéroport, pour déposer un pli au secrétariat particulier du Ministre Homéky Oswald. Déjà dans le couloir, il faut constater qu’il n’y avait aucune lumière dans les bureaux des collaborateurs directs du Ministre, comme d’habitude. Une fois entré dans le bureau concerné, je constatai un tas de paperasse au sol que rangeait une Jeune Dame qui m’expliquait que je dois aller déposer mon courrier au Ministère du Sport. Pourquoi ? C’est comme cela désormais ; telle la réponse.

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Presque assommé, je perdis brièvement mon équilibre sur ma canne. Ce n’est pas possible ! La porte se referma dans mon dos. Du couloir lugubre aux escaliers de ce premier étage, mes yeux laissèrent échapper deux grosses gouttes de larmes chaudes que je me dépêcher d’essuyer. Je pris le chemin de l’Unafrica, j’hurlai ma colère devant le Ministère des Sports, je traversai la cour qui était bourrée de véhicules. Je montai les escaliers avec ma béquille pour déposer le courrier qui m’est si cher et reçus la décharge de la SP. Je traversai dans le sens inverse la cour plus noire de voitures. Au portail, devant le petit monde, j’hurlai davantage ma déception.

Comment sommes-nous arrivés à ce résultat catastrophique du traitement de la Culture en 18 mois exactement ? Comment ? N’est-on pas en droit de se poser cette question ? N’est-il pas difficile de voir s’effondrer de la sorte quelque chose qui fait 47 années de votre vie, de votre combat ? Quelque chose qui donne encore du sens à votre existence ! Le métier, le sacerdoce dans ses conditions programmées désormais incertaines, improvisées, et si lamentables depuis le sommet de l’Etat valent-ils la peine de se poursuivre ? On devrait se suicider écrivait quelque part Eugène IONESCO dans ce « Formidable bordel ».

Connaissez-vous au Bénin, les noms de Collectivités familiales tels Agbahossi, Gantin, Alapini, Bagri, Djogbénou, Hountondji, Houngbédji, Dassabouté, Lafia, Agbénonsi, Bamisso, Okio, Batoko,Wadagni, Bio-Bigou, Ogou, BIO-Tchané, KoukpakI, Ogouma, Toko… ? Nous en avons par milliers du genre patronymique qui peuplent nos villages et qui nous entourent, nous forgent à tous les instants de nos vies. Avec ces noms patrimoniaux, nous sommes en présence de fortes résonnances linguistiques, ethnologiques, culturelles dont les études endogènes ne manqueraient de remplir d’intéressants volumes encyclopédiques de la diversité culturelle qui caractérise les richesses de nos identités régionales, de notre souveraineté nationale.

Nous est-il alors possible de mettre du coup au placard ces immenses réalités socio culturelles pour déposséder la Culture-Mère d’un domicile fixe ? La Culture est une entité originelle. On ne saurait la déconsidérer sur sa terre natale. Sagbohan Danialou avec ses cordes vocales, peut se gaver de Gari et Abobo, arrosés de Sodabi ; il peut attacher un pagne au cou y ajouter une jupette en raphia enjouée de perles et de cauris. En frénésie de roulements de tambours, son art et son image vont parcourir le monde et pourraient ramener des trophées…si nous savons y mettre le prix.

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Le Sport est une activité, importée, adoptée et certes universelle, étrangère à nos traditions. Que peuvent l’athlète ou le sportif qui se nourrissent de Kluiklui, et Atassi aux abords des rues, qui s’entrainent sur des aires de jeux inadaptées non entretenues ? Les sportifs localisés au terroir, avec leur détermination, à peine équipés, à peine encadrés et suivis, avec des séances sporadiques d’entrainements et d’internements sauraient-ils nous décrocher la lune devant leurs adversaires chouchoutés ailleurs par des politiques d’Etat ?

Enfants du Bénin debout ! L’Hymne national est une entité culturelle de notre souveraineté nationale qui met au garde-à-vous les sportifs sur les stades. Alors ! Comment pouvons-nous rabaisser tant la culture ? SDF : sans domicile fixe ! Et vouloir la mettre aux pas dans ces espaces exigus. Le mépris ne date pas d’aujourd’hui. Le drame c’est qu’il resurgit maintenant de manière bien tragique et répétée en 18 mois d’un quinquennat hallucinant.

Pendant la Révolution, nous avons lutté pour sortir la Culture du Ministère de l’Education et du Sport. La Culture s’est alors forgée sa première personnalité dans la formulation : Ministère de la Culture et de l’Alphabétisation logé à Cotonou au Palais des Congrès d’alors avec à sa tête le Camarade Cakpo Chichi Tonakpon Gratien. Pendant la transition du Renouveau démocratique et sous le Quinquennat Soglo, nous nous sommes battus au sein du Collectif des Associations d’Artistes pour décrocher des monuments à certains carrefours des grandes voies de circulations urbaines et inter urbaines. Nous avions exigé la mise en application des textes de la Charte Culturelle. Nous avions émis l’idée du Milliard culturel. Effectivement, nous sommes arrivés en 2015 au quintuple milliard culturel sous le régime défunt.

Sur ces terrains engagés du militantisme culturel, je me souviens des Mercredis Rouges. J’ai dû porter un foulard rouge pour assister à une réunion de personnes ressources au Ministère en Charge de la Culture. Nul n’a osé m’interpeler. J’étais volontiers dans mes convictions.

Compatriotes Tola Koukoui, Orden Alladatin, Ousmane Alédji, anciens Directeurs du FITHEB, vous qui êtes bien proches du Président de la République qui se mure gravement au sujet de nos appels répétés au profit du secteur, vous qui avez la possibilité de le joindre, vos silences seraient coupables ou complices en ces moments déconcertants et bien regrettables de la Mère-Culture.

Anciens Directeurs du FITHEB, vous savez mieux que moi le rôle que joue le FAC : Fonds d’Aide à la Culture dans l’organisation financière du FITHEB. Vous connaissez bien les couvents de Cabinet ministériel, les responsabilités des ministres en leur qualité de Président du Conseil d’Administration du FAC. Vos passivités, vos silences interpellent.

Enfants du BENIN debout !

Il nous faut une vision très précise de notre identité, de notre Culture. La Culture ne devra plus être une entité nationale qui vacille au gré des régimes. On devra même l’inscrire dans la Constitution, comme c’est le cas de la langue française, langue officielle de travail. Voilà une langue étrangère qui se taille une place mirobolante dans notre loi fondamentale pendant que la Culture Mère se trouve en ballotage perpétuel et déguisé au sein des administrations politiques. Devons-nous assister toujours impuissants à ce jeu de tennis de table où les Chefs d’Etat font et défont le siège de la Culture ?

Le Ministère des Finances est-il jamais délocalisé ? Le Ministère des Affaires Etrangères n’habite-t-il pas depuis des décennies les mêmes domaines et dispose des espaces de travail plus modernes ? Le ministère de la Santé à l’autre aile de Cotonou n’occupe-t-il pas un vaste domaine qui ne manque d’infrastructures appropriées d’une année à une autre ? Le Ministère du Plan et du Développement ne fait-il pas  admirablement peau neuve ?

Enfants du BENIN debout!

Sur la Route de l’Aéroport, juste à coté du Ministère de l’Economie et des Finances un long et lumineux panneau nous loge dans ce bâtiment chinois : Ministère du Tourisme et de la Culture. En ces heures-ci où le Fonds d’aide à la Culture est vidé dans sa forme et de ses fonds l’Etat est en train de construire des garages pour les voitures.

Enfants du BENIN debout !  C’est là, le domicile fixe de la CULTURE Mère. Rien ne doit déposséder la Culture de ce domaine où les artistes ont commencé à poser quelques griffes d’arts plastiques dans les espaces de travail. Un nouveau ministère aux devenirs incertains, éphémères ne serait déloger un ministère aux velléités endogènes. Dans la hiérarchie des armées, comment déloger un Général et l’implanter dans les bureaux d’un Caporal ?

Chers Compatriotes, Excellence Monsieur le Président de la République, les acteurs du secteur artistique et culturel, par ma voix vous sollicitent respectueusement à une réflexion, à une véritable réhabilitation de la Culture, socle du développement national.

Artistiquement vôtre !

AMPLIATION                                          

Assemblée Nationale           

Cour Constitutionnelle                                  Koffi  GAHOU

Cour Suprême                                            Spécialiste en ART

Conseil Economique et Social                 BP 248 ABOMEY- CALAVI

Médiateur de la République                      doyenkoffi@yahoo.fr

Ministère de la Culture                        République du  BENIN  

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