Une histoire d’or et de diamant

Cinq. C’est un chiffre comme un autre. Mais rapporté à ce que nous tenons pour la richesse du Bénin, cinq devient le chiffre magique d’une prospérité avérée. Celle à même de changer la face et le destin de notre pays. Mais à condition que les Béninois commencent à voir le Bénin, moins comme il est, mais davantage comme il devrait être.

Notre pays couve, en effet, cinq mines d’or et de diamants. Nous en sommes les propriétaires légitimes. Mais des propriétaires qui peinent à reconnaître leurs biens et à les exploiter à bon escient. Nous les côtoyons sans les voir.  Nous en rêvons avec la fausse croyance qu’elles sont le privilège des autres. Aucun désir ardent de les découvrir. Aucune volonté de les intégrer à notre patrimoine. Aucune ambition de les transformer en des réalités vivantes dans la forge de l’imagination, sur l’enclume de l’action.

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C’est désormais clair : c’est à tort que nous nous déclarons pauvres. C’est par méprise que nous nous affichons aux yeux du monde comme « Les damnés de la terre ». A la vérité, nous sommes assis sur cinq mines d’or et de diamant, projetant la pitoyable image de ce mendiant qui se réduit à vivre d’aumône alors que la nature l’a magnifiquement doté.  Revue de nos cinq mines d’or et de diamant.

1- Nos ressources humaines. Celles-ci attestent, de façon formelle, reprenant à notre compte le titre d’un ouvrage, qu’   « Il n’est de développement que d’homme ». La ressource humaine béninoise est la clé de notre croissance et de notre développement. Les Fon ne s’y sont pas trompés : « Gbèto wê gni dokun ». D’où la nécessité d’investir dans l’homme. Et il se trouve que notre ressource humaine a l’avantage d’être   essentiellement jeune. Investir dans la jeunesse, c’est investir dans l’avenir. Cela nous oblige à la rigueur et aux exigences des semailles d’aujourd’hui, celles qui portent la promesse des heureuses moissons de demain.

2- Nos réserves foncières. Quand on voyage à travers le Bénin, on ne peut pas ne pas être frappé par le spectacle plutôt désolant de milliers d’hectares de terres en friche. Elles s’étendent à perte de vue comme un défi à Dieu. Le créateur n’a-t-il pas fait de nous des « pères de l’univers » ? « Gbè to » en fongbé. L’heure est venue, à défaut d’entendre le cri de nos intérêts, d’entendre la voix de la raison. Elle nous recommande, aussi vrai que la terre ne ment point, de reprendre possession de nos terres. C’est la base de la richesse nationale.

3 – La créativité de nos inventeurs, artisans et artistes-créateurs.  Certains de nos concitoyens s’illustrent dans les jardins de la création, de l’invention, de la recherche, de l’innovation. Ils sont en face à face constant et continu avec l’esprit. Malheureusement, ils ne bénéficient pas du respect qui leur est dû, d’un environnement favorable à leurs élaborations. Last but not least, le fruit de leur travail est relégué aux oubliettes. Plutôt un meuble chinois qu’un meuble dessiné par un artisan béninois. Plutôt recourir systématiquement à la science de la santé venue de loin que d’œuvrer à la consolidation des assises nécessaires au développement de celle héritée de nos ancêtres. Plutôt le complet veston cravate, par 36° à l’ombre, qu’une belle coupe qui porte la griffe et le génie de nos couturiers.

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4- Notre patrimoine culturel. Il s’agit aussi bien de l’acquis, précieux héritage à fructifier, que de nos contributions actuelles, contemporaines. Malgré les avatars de l’Histoire, nous ne sommes pas nus. Même si nous avons souvent tendance à chercher à nous dénuder face aux autres. Nous congédions alors nos immenses capacités de création. Nous piétinons notre incommensurable pouvoir d’invention et de production. Pouvons-nous avoir été le berceau de l’humanité et accepter de devenir la poubelle du monde ?

5- Notre diaspora. Nous devons en faire un démembrement   du territoire national. Au vrai, notre diaspora, c’est le treizième département du Bénin. Il faut en finir avec l’idée réductrice tendant à la confiner dans le rôle subalterne d’un tiroir-caisse ou d’un distributeur automatique. Une diaspora mobilisée, organisée et motivée est pour sa métropole un bien précieux. Comme incubateur d’idées, de projets, de propositions. Comme pépinière d’expertise. Comme vivier d’experts. Comme banque d’investissement et de développement. Comme base diplomatique pour des actions ciblées de plaidoyer et de lobbying partout dans le monde. Oui, sonne pour nous l’heure de voir, enfin, le Bénin avec les yeux de l’esprit

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