Bénin : Pourquoi la démission de Dato est-elle un non-évènement

La démission de Simplice Dato, conseiller à la cour constitutionnelle annoncée sur les réseaux  sociaux tôt dans la matinée de cette veille du week-end, a fait le buzz dans la seule journée de vendredi dernier. Dès le lendemain samedi et jusqu’à hier dimanche, la fièvre du grand chambardement au sein de la Haute Institution annoncée par les Cassandres est retombée…

En attendant l’ouverture des bureaux ce lundi. Pendant ce temps, les séides du régime de la rupture sont montés tour à tour au créneau, dès le soir du vendredi, qui pour expliquer le bien-fondé de l’acte posé par le haut conseiller, comme s’il avait été mis dans la confidence, qui, à l’image de l’inénarrable Jacques Migan, pour annoncer que l’Assemblée nationale ne se conformera pas à la décision de la cour relative au droit de grève. Les déclarations  tonitruantes de cet avocat plutôt volubile, qui ne sait plaider que sur les plateaux de télévision -jamais au prétoire-, et qui a servi tous les régimes politiques, sont d’une rare gravité et de nature à compromettre le cours de notre système démocratique conquis de haute lutte.

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En attendant de nous pencher sur cette forme de communication à la Goebbels, digne des heures sombres de la Gestapo et dont le seul but est de préparer l’opinion à accepter la nouvelle autocratie comme politiquement inéluctable, qu’il nous suffise de dire pour l’heure que la démission du sieur Simplice Dato, ci-devant, Avocat au barreau de Cotonou et conseiller à la Cour, est un non évènement. Ceci, pour deux raisons dont la première est liée à celles invoquées officiellement par les thuriféraires du pouvoir de la rupture, et la seconde au mode de désignation des membres des institutions de contre-pouvoir.

L’annonce de la démission du sieur Dato n’a pas eu l’effet escompté. Et pour cause ? Elle est venue comme un cheveu sur la soupe, après l’une des décisions les plus lumineuses et les plus objectives que la cour ait jamais prononcées, sur le droit de grève. Comment comprendre en effet, qu’un juriste de haut niveau puisse refuser d’adhérer aux arguments développés par la cour elle-même, pour revenir à la lettre et à l’esprit de la Constitution de 1990, en son article 31 ? A qui veut-on faire avaler la pilule de la démission de Dato comme l’expression d’un désaccord avec son président, dont le seul avis fait plier tous les autres membres de la Cour ? Après les attaques frontales d’une certaine presse contre la cour toute la semaine écoulée, et au regard de l’exploitation qu’en ont fait les séides stipendiés du pouvoir, cette  démission apparaît sous son vrai jour, celui de la fidélité aux réseaux qui président aux nominations dans les hautes sphères de la galaxie politique. Et c’est ici que le passé de Dato vient éclairer son présent.

Quand le nom de Simplice Comlan Dato a commencé à circuler il ya cinq ans comme membre de la cour, il était quasiment inconnu du grand public, et même des journalistes à l’exception de ceux qui le rencontraient au tribunal, au détour d’une assignation pour diffamation. Et certains de se souvenir de cet avocat longiligne à une certaine époque, aujourd’hui rondouillard qui ne s’occupait que des gros dossiers, tels que nos amis avocats les aiment. De recoupement en recoupement, on a fini par dénicher les coordonnées de l’homme qui n’était visible ni sur le terrain de la lutte politique, ni sur celui de la société civile. C’était tout simplement un avocat propriétaire d’un cabinet relativement prospère, fondateur aussi, ensemble avec son épouse, d’un établissement d’enseignement secondaire quelque part dans les bas-fonds de Cotonou. Comment diantre a-t-on pu penser à celui-là, qui ne s’est jamais occupé que de lui-même et de ses intérêts, pour occuper un poste de cette importance !? Un poste qui engage le devenir de la Nation. La faute incombe à l’ancien président Yayi, à son obsession de l’équilibre régional et à l’extrême imprécision des dispositions constitutionnelles. C’est lui qui a demandé au président du parlement d’alors, aujourd’hui solidement ancré dans la rupture, de lui trouver « quelqu’un du sud » (sic), pour compléter à trois le nombre de ses représentants à la Cour Constitutionnelle. C’était à l’époque où les deux trains du Parlement et de l’Exécutif sifflaient à l’unisson. Aujourd’hui, Dato est simplement retourné chez son mentor, au service du nouveau chef de gare, et… de ses intérêts à lui bien compris.

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Simplice Dato est un cadre comme un autre de la république, interchangeable.  « Incolore, inodore et sans saveur », il peut s’adapter à tout moment à toute situation,  au gré de ses mentors et de ses intérêts. De ce point de vue, son entrée à la cour comme son départ constituent un non évènement

6 réponses

  1. Avatar de Lazare DJOSSOU
    Lazare DJOSSOU

    Il faut des arguments solides pour démissionner. Si demain Dato devient membre de la prochaine cour constitutionnelle, l’analyse du journaliste nous donnera raison que Dato n’est pas sage.

  2. Avatar de Akowanou
    Akowanou

    Il y a trop de vermines au sein du régime dit de la « rupture » qui voudraient abattre l’actuelle République pour en une autre à leur convenance. Mais les béninois, les vrais sont debout !
    Ils n’y parviendront pas.

  3. Avatar de Zakela
    Zakela

    La démission de dato ce comprend.vous savez bien que dato a été propose par nago au temps de yayi aujourd’hui nago est du cote de talon qu est ce que vous voulez que dato fasse il doit démission pour dire que lui n ait pas d accord de ce non lieu de hoto pourqu a la fin de leur mandat on le nom président de la cour,sa c est du désordre les politicien de ce pays se moque du peuple mais tout sa va les rattraper un jr

  4. Avatar de Samuel
    Samuel

    SVP nous parlons ici de droit. ce n’est pas la politique. La decision de la cour est politique; elle n’a pas dit le droit. Et si la cour veut faire la politique ce n’est plus bon pour notre démocratie.

  5. Avatar de Karl
    Karl

    En bon Béninois, l’homme a déjà fait ses calculs et veut vite se repositionner pour la prochaine mandature. Alors, il faut se faire entendre et bien voir. Pauvre Bénin, il y a de tes fils et filles qui n’ont aucune conviction si non leurs intérets personnels et égoites. Tchikoiii

  6. Avatar de Gbogbolikiti
    Gbogbolikiti

    SI SEULEMENT LE CONSEILLER DATO ÉTAIT UN PUR DÉMOCRATE.

    De la démission incompréhensive du Sieur DATO de la Cour constitutionnelle, une certaine rumeur a fait allusion à la décision rendue par la cour sur le droit de grève retiré à certains corps de l’administration publique.

    Cet argument ne peut en aucun cas sous-tendre cette démission, si le conseiller démissionnaire était un bon et pur démocrate, car l’on sait tous que dans tout système démocratique, c’est toujours la voie de la majorité qui a remporté.

    Tenez, c’est pas pour rien que, selon la constitution du Bénin, notre Assemblée Nationale est composée de 83 Députés. Ainsi, lors de l’élection du bureau de cette institution d’État, ce n’était qu’une seule voix qui avait départagé les deux candidats en lice pour le poste du président. Aussi, nombreuses ont été des lois qui ont été votées par la majorité parlementaire, malgré les points de vue divergents de la minorité. Et pourtant, aucun député ou la minorité toute entière n’a jamais prétendu à une quelconque démission, parce qu’elle n’a pas été entendue ou compris. Elle se plie automatiquement et immédiatement à la décision de la majorité, sans débat aucun. Une fois ces lois promulguées par le Président de la République, elles s’imposent à tout le peuple béninois et même à cette minorité qui n’avait pas donné son plein accord.

    De même, la cour constitutionnelle, selon notre loi fondamentale, est composée de sept (07) membres. Une décision émanant de cette cour, implique la responsabilité de tous les 7 sages qui la compose, puisque la loi de la démocratie s’impose à eux tous, sans exception. C’est toujours la voix de la majorité qui passe dans notre pays depuis plus de 27 ans. Ainsi, aucun de ses membres fut-il conseiller ou president, ne peut démissionner, suite à une décision rendue par le collège dont il appartient.

    CE SERA PUREMENT ET SIMPLEMENT UNE TRAHISON DU GROUPE.

    Pour rien au monde, un bon démocrate ne peut se comporter comme un super citoyen, en décriant le travail de son groupe. Il peut bien avoir sa position sur une decison, mais il lui revient toujours, pour l’amour de la Patrie, de se plier à la décision de la majorité du comité auquel il appartient.

    Je n’aimerais pas suivre cette rumeur qui infirme déjà, depuis la mise sur la toile de cette lettre de démission de l’ex Conseiller Dato à l’attention du président de la Cour, le Professeur Holo. Mais s’il advenait que ce juriste de haut niveau s’était basé sur cet argumentaire branlé tout azimut par dame rumeur, pour tenir sa plume, je lui conseillerais de la fermer à jamais, au risque de reculer notre démocratie chèrement acquise.

    Je demanderais aux uns et aux autres de savoir raison gardée, surtout sur ce cas de démission, une première dans l’histoire de notre pays, encore que la lettre du Sieur Dato n’a nulle part précisé le(s) motif(s) qui justifie(nt) son retrait définitif de ce groupe.

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