Bénin : Zoom sur une année mouvementée et pleine d’incertitudes

2017 a été une année très agitée sur beaucoup de plans en République du Bénin. Votre journal se propose de revenir sur les privatisations des sociétés ou offices d’Etat, les gestions déléguées, les licenciements qui ont entrainé le chômage avec des conséquences au plan social, et l’aggravation de la misère. Patrice Talon a pris le pouvoir le 06 avril 2016, des mains de Boni Yayi. A l’époque, les populations avaient trouvé le messie. Le « agbonnon » national a été vu comme l’homme providentiel. Un espoir et des attentes légitimes, parce que le peuple vient de finir avec 10ans d’un régime et d’une classe politique, qui pour lui avaient déçu. Mais très tôt, les langues se sont déliées, le rêve s’est écroulé. Les Béninois ont découvert une autre face du nouveau président de la République, qui voulait opérer ses réformes dans la rigueur et la fermeté, « pour être porté en triomphe à la fin de son quinquennat », comme il aime à le répéter à qui veut l’entendre.

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L’homme du nouveau départ a choisi l’option du dégraissage de l’administration  dans toutes ses dimensions. Il a donc commencé très tôt à privatiser ou fermer des sociétés ou offices d’Etat.

C’est alors qu’en septembre 2016, les nouvelles autorités du pays ont annoncé les couleurs en licenciant collectivement du personnel du Fonds national de développement agricole (Fnda), de l’Agence de promotion des aménagements hydro-agricoles (Apah-Sa), de l’Agence Béninoise de Sécurité Sanitaire des Aliments (Abssa), et de l’Agence de Développement de la Mécanisation Agricole (Adma-Sa). Plus loin et sur un tout autre plan, les membres de l’Autorité de régulation des communications électroniques et de la poste (Arcep), seront renvoyés par décision prise en conseil des ministres.

En début de l’année 2017, la première structure à tomber sous le coup de la fermeture est la Société nationale pour la promotion agricole (Sonapra). Une société qui en son temps ployait sous d’énormes liquidités, au point où la banque mondiale lui a demandé de construire des usines aujourd’hui propriétés privées de la Sodeco. Sans aucune mesure, les travailleurs sont renvoyés et seront livrés à eux-mêmes.

Ce n’était que le début, parce que d’autres structures seront dans le viseur du chantre du nouveau départ. Les Parc W et la Pendjari dans le septentrion, seront mis en affermage et confiés à une société sud-africaine (African Park Network). C’est d’ailleurs ce dossier qui a valu au capitaine Patrice Trèkpo, Sg. par intérim du Syna-Efc, sa révocation. Ceci, pour avoir dénoncé les graves conséquences de cette option prise par les autorités sur les agents des eaux et forêts, et la faune.

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Dans la même logique, on apprendra plus tard la privatisation de l’office d’appui à la sécurité alimentaire (Onasa), la centrale d’achat des intrants agricoles (Caia), et bien d’autres. Toutes choses qui visent une gestion efficace et un bon rendement de ces structures selon le gouvernement.

Même les secteurs névralgiques n’y ont pas échappé

La constitution béninoise du 11 décembre 1990, dit que les secteurs stratégiques et vitaux de l’économie nationale, sous quelque prétexte que ce soit, ne doivent pas faire objet de privatisation. Il s’agit des secteurs de la santé, de l’eau, de l’énergie, de la communication, des mines, etc. Mais en toute violation des textes, l’équipe de Patrice Talon a clairement affiché sa volonté de mettre les hôpitaux de Djidja, Covè et autre en affermage. Au plan de la télécommunication, la fermeture de Libercom Sa avec comme conséquence des pertes d’emploi, a été décidée en conseil des ministres. Le Cnhu, l’Homel, la Soneb, la Sbee, le port et autres, s’ajouteront à la liste.

La privatisation annoncée du plus grand complexe hospitalier, était l’un des points de revendication des agents de santé, qui ont paralysé le secteur pendant deux mois à travers des mouvements de débrayage.

La même situation s’est produite au Port autonome de Cotonou (Pac). Les Syndicats des travailleurs (PAC), de la Cobénam, de la Sobémap, du Cncb, de l’Asecna et du Ttpse, sont fortement mobilisés pour contrer la volonté du gouvernement de tout privatiser. Ayant appris l’avis d’Appel Public à Candidature pour le recrutement d’un mandataire pour la gestion du Port de Cotonou, ils avaient observé courant juin dernier, des grèves de 48h sans service minimum, pour exiger son retrait pur et simple. Aussi, ont-ils exigé la reprise immédiate des opérations d’empotage et de dépotage par la Sobémap sur son parc, à l’instar de Bénin Terminal ; l’annulation sans délai des arrêtés signés non ventilés par le Ministre des Infrastructures et des Transports d’alors, portant octroi d’agréments de manutention aux sociétés Atral et Pik NetWork au Port de Cotonou, le retour du Besc au Conseil National des Chargeurs du Bénin (CNCB), aux fins d’assurer l’équilibre d’exploitation de l’entreprise. Tout ceci, pour sauvegarder les acquis socio-professionnels.

Et puis la misère du peuple s’est aggravée

Avec toutes ces mesures du gouvernement Talon, l’horizon s’est davantage assombri en 2017 pour des travailleurs contraints au chômage. On assiste à l’aggravation de la misère, due à la mauvaise répartition de la richesse intérieure. L’inégalité des chances tant décriée sous l’ancien régime, a atteint des proportions inquiétantes sous la rupture. Cette situation et les nombreux problèmes qu’il y avait dans les autres secteurs, ont fait que les membres du front pour le sursaut patriotique (Fsp), ont exigé de l’actuel régime, la convocation des états généraux du peuple pour le 31 décembre 2017 au plus tard, c’est-à-dire le dimanche prochain.

Globalement, on note que 2017 a été une année de dures épreuves pour les Béninois. Le souhait de tous est que ça change. Malheureusement, avec les réformes qui n’ont toujours pas encore pris corps, et les prévisions pour 2018, rien ne prouve que les choses vont s’améliorer. La situation au plan social pourrait se dégrader davantage dans le pays. Il n’y a qu’à relire en profondeur le discours du chef de l’Etat devant la représentation nationale le 22 décembre dernier, pour s’en convaincre.

Néanmoins, tout n’a pas été mauvais en 2017. Des actes positifs ont été posés par l’actuel gouvernement, dans plusieurs secteurs. Au plan de l’éduction, des milliers d’enseignants ont été recrutés. Le délestage a sensiblement diminué à cause des efforts fournis par le régime Talon au plan énergétique. Ils seront poursuivis par la construction des centrales thermiques dans différentes régions du Bénin. L’initiation du prix d’excellence des meilleurs dans divers domaines, le renforcement de la sécurité avec la diminution des cas de braquage et vols, et bien d’autres, ne sont pas à perdre de vue. Ces initiatives sont à poursuivre pour un Bénin prospère

4 réponses

  1. Avatar de OLLA OUMAR
    OLLA OUMAR

    à lire , relire , partager partout , cet article si véridique, éloquent, concernant la situation du benin , et des beninois sous la gouvernance talon ; 
    Et il se trouve des comme ALLOMAN, puis bientôt agadjavi , tundé, frappés de cécité, de mauvaise foi , sclérosés intellectuellement comme leurs amis qui gouvernent pour dire et penser le contraire ???; eux qui ont toujours volé , pillé les beninois 

  2. Avatar de OLLA OUMAR
    OLLA OUMAR

    Lisez moi ce énergumène de ALLOMAN :  » destruction , création  » ????
    Lui et ces détruisent , mieux liquident ce qu’ils n’ont pas créé , et viennent ici ce gausser ????
    Ruse ruse et ruse , on est où là 

    1. Avatar de OLLA OUMAR
      OLLA OUMAR

      Lire :  » ces amis  » 

  3. Avatar de ALLOMANN
    ALLOMANN

    Une année 2017, révolue, et qui serait encore pleine d’incertitudes ? Je veux comprendre ?
    Par ailleurs, l’analyse fait la part belle aux actions présentées comme des atteintes aux intérêts du peuple et aux orientations de la conférence nationale ?. La Sonapra est même citée comme exemple de structure croulant sous les liquidités !!!!!
    Soyons plus objectifs ; Je voudrais que l’on m’indique, une seule des entreprises dissoutes qui remplissait convenablement sa mission ? Ca n’existe pas ? Le Bénin est un cimetière de sociétés d’Etat toujours mal gérées et qui constituaient la vache à lait des Directeurs Généraux placés à leur tête par les Ministres et le Président de la République qui se partageaient le fruit des rapines opérées en toute impunité…Le cas le plus flagrant est l’ex OPT ou Bénin Telecom qui a laissé une ardoise de 200 milliards à la charge de l’Etat, alors que son homologue , la Sonatel au Sénégal, verse en moyenne 200 milliards par an à l’Etat du Sénégal (impôts et dividendes réunis).
    En outre, il convient de faire la part des choses entre, d’une part, privatisation et, d’autre part les autres modes de concession de la gestion de ces entités (affermage, délégation de gestion, etc).
    Je voudrais enfin préciser que la réforme indispensable est un processus de destruction création qui devrait se traduire, à terme, par l’érection d’entreprises plus viables à même de contribuer au véritable essor économique et social de notre pays. Contrairement aux structures pourries qui, de déficits en de pertes abyssales, font reculer irrémédiablement le processus de création de richesses de notre Nation

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