L’indemnisation forfaitaire proposée par le gouvernement aux propriétaires terriens en guise de leur dédommagement pour l’expropriation du domaine devant abriter le futur aéroport de Glo-Djigbé, n’est pas du goût de ces derniers. Conséquences, dans la matinée d’hier jeudi 18 décembre 2018, la route inter Etat Cotonou-Bohicon a été prise d’assaut par ces propriétaires terriens pour exprimer leur mécontentement, bloquant ainsi la circulation.
Les usagers de la route inter Etat Cotonou-Bohicon, ont hier jeudi 18 décembre 2018, eu une journée inhabituelle. Véhicules arrêtés les uns derrières les autres attendant le passage, les motocyclistes se frayant difficilement un passage sur le trottoir. Telle était l’ambiance. Cette paralysie de la circulation est la conséquence d’un mouvement d’humeur des propriétaires terriens, concernés par la proposition du gouvernement relative à leur indemnisation pour l’expropriation du domaine devant abriter l’aéroport de Glo-Djigbé, commune d’Abomey-Calavi. Laquelle proposition fixe le prix du mètre carré, de 75f à 2500f. Cette variation de prix est fonction de la proximité de chaque parcelle avec la voie principale. Pour exprimer leur mécontentement, ces derniers ont brulé des pneus sur le bitume, bloquant ainsi la circulation. Informées, les forces de l’ordre sont arrivées sur les lieux avec un arsenal bien fourni pour réprimer la population.
Des dégâts dans les deux camps
Cette vive manifestation a été dispersée par les forces de l’ordre qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et autres moyens. La population ripostant avec des jets de pierres a résisté aux hommes en uniforme de Glo-Djigbé jusqu’à Zè. Un affrontement qui a fait des dégâts tant chez les manifestants que chez les forces de l’ordre. Les forces de l’ordre ont vu deux de leurs véhicules saccagés par les manifestants. Du côté des propriétaires terriens, il y a eu des blessés et arrestations, une vingtaine.
Une situation à régler en urgence
Cette situation doit être prise à bras le corps pour que ces propriétaires terriens puissent avoir un juste dédommagement. C’est d’ailleurs l’avis de Mohammed Sidi. Tout en dénonçant l’attitude de ces manifestants et reconnaissant que la proposition d’indemnisation faite par le gouvernement doit être revue, il invite les propriétaires terriens à saisir plutôt les autorités judiciaires que de s’adonner à des casses et autres. « Depuis 6 heures du matin, nous n’arrivons pas à circuler parce que la voie est bloquée. Pourtant, c’est une route inter Etat. Ce n’est pas bien pour notre pays », s’est indigné Mohammed Sidi. Le second usager qui s’est confié à nous, a requis l’anonymat. Il a laissé entendre que même si leur revendication est fondée, ces populations devraient respecter est les textes de la République. Car selon lui, ils devaient au préalable faire une déclaration à la police pour annoncer une telle manifestation. Elle serait encadrée, pour ne pas empiéter sur la liberté des autres comme l’a martelé le Directeur de la police Républicaine.
Une population remontée
La population estime que le gouvernement est dans sa logique de gouverner avec la ruse et la rage, sinon comment comprendre que le prix d’un mètre carré commence à 75f. « Vous voulez dédommager les personnes qui habitent le domaine devant abriter la construction du nouvel aéroport de norme internationale, mais vous vous y prenez mal. Nous invitons le gouvernement à mettre balle à terre », a déclaré un riverain de Gbléglodji, un quartier de Glo-Djigbé qui a aussi requis l’anonymat. Contrairement à ceux qui estiment que la manifestation est illégale, il pense que c’est le seul recours disponible pour exprimer leur colère, les manifestants n’ont pas confiance en la justice. « Même si nous saisissons le juge pour cette affaire, ce n’est pas sûr que nous aurons gain de cause » a-t-il précisé. Abondant dans son sens, Martine P. a demandé au gouvernement de revoir sa proposition sur les indemnités de dédommagement. « Nous ne voulons qu’un juste dédommagement » a-t-elle souhaité.
Sort des personnes arrêtées
Venu constater cette vive manifestation, Hounnonkpè Nazaire le directeur de la police Républicaine, s’est confié à notre équipe en ces termes : « Les gens ne comprennent pas le sens de la démocratie. En démocratie tout se fait sur la base du droit. Quand on a un problème on se réfère au juge. Nous crions démocratie mais lorsque nous voulons revendiquer on a recours à la force. Imaginez ce qui s’est passé aujourd’hui. Certains pourraient être malades et être dans des véhicules dans le cas de leur évacuation sanitaire. On bloque tout le monde et brûle les pneus sur le bitume ». Selon ses explications, c’est l’argent du contribuable béninois qui sera encore utilisé pour réparer la route. Aucun problème ne se règle dans la rue ajoute-t-il, avant d’inviter les propriétaires terriens à déférer le litige devant le juge. « Il faut que les problèmes se règlent avec élégance » a-t-il souhaité. Se prononçant sur le sort des personnes arrêtées, Nazaire Hounnonkpè a laissé entendre que du moment où cette manifestation est illégale et que ces manifestants ont créé des troubles à l’ordre public, ils seront présentés au juge pour qu’il puisse statuer
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