Les présidents des Institutions de la République du Bénin, ont sacrifié à la tradition des vœux du nouvel an au chef de l’Etat. Au cours de la cérémonie qui a eu lieu dans les locaux du palais de la Marina ce mardi 26 janvier 2018, le président Patrice Talon, loin de se penchersur la fronde sociale qui secoue le Bénin, a tenu un discours qui recherche plutôt la convergence entre les instituions. Il n’en faut pas plus pour conclure à un mariage institutionnel. Les discours lus par le président de l’Assemblée nationale d’une part et le chef de l’Etat d’autre part, traduisent en réalité une certaine amitié qui a prévalu entre les institutions de la République du Bénin ces derniers mois. C’est un bon signe pour la démocratie béninoise, certes.
Mais il n’y a-t-il pas mieux à dire, surtout en ces moments de crise et de fronde sociale qui embarrassent tout un peuple ? Le président de l’Assemblée nationale Adrien Houngbédji, porte-parole des présidents des institutions, a levé un coin de voile sur les actions menées par le président Talon en quelques mois de gouvernance. Il s’est réjoui de voir concrétiser plusieurs œuvres en peu de temps, et l’a exhorté à maintenir la même rigueur pour la construction d’un Etat fort. Il note que depuis bientôt deux ans, le président Patrice Talon s’est attelé à une rude épreuve de réformes pour mettre l’Etat sur les rails, le transformer profondément pour le mettre en capacité de répondre aux défis auxquels il est confronté.
« Car, seul un Etat fort peut inspirer confiance aux investisseurs étrangers et nos partenaires financiers, seul un Etat fort peut débattre avec les acteurs économiques et sociaux chargés de produire des richesses, de créer l’emploi… », a fait savoir le président de l’Assemblée nationale, Adrien Houngbédji, l’air hagard.
Des propos qualificatifs
Poursuivant son allocution, le président de l’Assemblée nationale a déclaré : « Les institutions de la République ici représentées ont une conscience aigue de ces enjeux. Elles sont lucides sur l’état des lieux, lucides sur ce qui a été accompli en quelques mois, et lucides sur ce qui reste à faire. Elles suivent avec intérêt les actions hardies que vous avez engagées pour donner l’eau et l’électricité à bon nombres de béninois, pour doter le pays d’infrastructures performantes, pour rendre notre agriculture plus productive, pour rendre notre port plus compétitif, pour doter notre pays d’un aéroport moderne, pour assurer une meilleure sécurité des personnes et des biens, à travers une police unifiée, pour rendre plus fluide le fonctionnement de l’appareil judiciaire, grâce à l’amélioration des conditions de travail du corps judiciaire, pour améliorer la couverture sanitaire et l’enseignement, pour faire de notre administration une administration de développement et non de rente, pour éradiquer la corruption et mettre fin à l’impunité, … ».
Il a rappelé par ailleurs que les institutions de la République ne se contentent pas seulement de suivre les actions du président Patrice Talon, mais qu’elles les accompagnent chacune dans l’observance de leurs attributions respectives. Toutefois, Adrien Houngbédji a indiqué que les institutions de la République apprécieront que l’encrage démocratique du pays soit consolidé et approfondi, que la sécurité judiciaire soit toujours garantie, et que le dialogue exigeant soit positif avec les partenaires sociaux.
Une attente contraignante
Le chef de l’Etat rêve de la convergence des institutions pour l’accompagner dans sa politique de réforme, et l’a martelé à leurs présidents au cours de la cérémonie. Patrice Talon espère que la convergence pertinente caractérisera davantage les relations entre les Institutions au cours de cette année 2018. C’est avant tout ce que le président de la République attend des institutions, dont la mission de chacune d’elle est définie par la Constitution béninoise du 11 décembre 1990. Un tel souhait dans un contexte de crise induite par des votes de lois scélérates, parait contraignant aux dites institutions. On peut se demander ce qu’il adviendra du peuple béninois et de sa démocratie, si dans cette politique de ruse et de rage généralisée du gouvernement, les institutions passent outre leur mission constitutionnelle au nom d’une convergence souhaitée et voulue par le chef de l’Etat
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