Le régime de Boni Yayi a enregistré au cours des dix ans, un nombre record de grèves. A l’analyse, tenant compte des différents propos d’une certaine catégorie de syndicalistes et de politiciens bouillants d’hier, devenus partisans du régime de la rupture… il y a lieu de confirmer que les mouvements de grève se faisaient à dessein, commandités par des mains invisibles qui appartiennent aujourd’hui au régime en place. On constate donc avec étonnement que ceux qui incitaient à la grève sous Yayi soient ceux qui s’en plaignent aujourd’hui.
Le régime de Boni Yayi avait battu les records en matière de grève. Les syndicats et organisations de la société civile s’étaient mués en donneuses de leçons au régime défunt, multipliant les manifestations publiques pour perturber le régime du président Boni Yayi. Le mouvement ‘’mercredi rouge’’ est encore dans les mémoires. Certains des organisateurs de ce mouvement qui mobilisait également des étudiants tous les mercredis aux places publiques, sont à présent au gouvernement, d’autres au parlement, d’autres encore sont dans des services à la présidence de la République ou à la tête des directions des sociétés d’Etat.
Les grèves déclenchées par les confédérations et les centrales syndicales poursuivies à haute intensité par les syndicats sectoriels, ont failli conduire à maintes occasions à une année blanche au temps du régime dit de la refondation. Certaines entités de l’Université d’Abomey-Calavi, notamment la Faculté des Lettres Arts et Sciences humaines, ont été il y a trois ans, victimes collatérales des manifestations syndicales, avec une année blanche parce que les enseignants s’étaient vus dans l’incapacité d’organiser les secondes sessions. Comme on peut le constater, la grève a marqué le régime de Boni Yayi. Peut-être à tord. Mais les révélations de certains acteurs syndicaux de l’époque, nommés aujourd’hui à des postes de responsabilité, confirment bien la main invisible qui soutenait et organisait tout dans l’ombre.
Cette main invisible soutenait les syndicalistes dans leur élan, dans leurs déterminations à faire échouer les ambitions du régime de Boni Yayi. Certains syndicalistes bouillants qui ont ébranlé le gouvernement Yayi ainsi que certains acteurs de la société civile, ont été promus sous le régime actuel à des postes de responsabilité comme récompense à la réussite des mouvements de grève qu’ils avaient su planifier. Certains de ces syndicalistes activistes ont même été promus directeurs généraux de société d’Etat. D’autres ont été relevés de leurs fonctions, pour s’être démarqués du régime de la rupture, qu’ils ont pourtant aidé à s’installer. D’autres encore ont déjà confié à des amis et proches leur mode opératoire, se vantant d’avoir réussi par des mouvements de grèves illimités à déstabiliser le régime Yayi.
Le retour à l’envoyeur
On peut s’étonner que le gouvernement actuel manifeste sa colère par rapport aux mouvements de grève actuels. C’est à tomber à la renverse si l’on considère que ce sont les grèves organisés sous le règne du président Boni Yayi qui ont contribué d’une certaine manière à l’avènement de l’actuel régime aux affaires. Il a fallu des grèves pour appeler à l’organisation à temps des élections législatives et municipales. Il a fallu des mouvements de grève pour obtenir des libertés et faire reculer le gouvernement de Boni Yayi sur des questions liées aux droits de l’homme… Si les instigateurs de ces grèves se recrutent parmi les pontes du régime, il y a à s’étonner que, eux à qui les grèves ont rendu tous ces services, refusent aux syndicats qu’ils ont habitué à ces mouvements sociaux, d’en organiser à présent. Mais, ne dit-on pas que les rois n’aiment pas les faiseurs de rois…
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