La filière coton est-elle toujours sous l’emprise de Patrice Talon ? Difficile de répondre à cette interrogation mais plusieurs faits semblent prouver que l’ex-magnat du coton n’a pas totalement quitté le monde de l’or blanc comme il l’a affirmé au début de son mandat. Dès son accession au pouvoir, le chantre de la rupture remet la gestion du coton entre les mains de l’Aic (Association interprofessionnelle du Coton) alors que la filière était cogérée par l’Etat. L’Aic devient ainsi la toute puissante structure qui décide de tout ce qui concerne le coton béninois. Elle est présente à chaque phase du processus, c’est-à-dire, de la production à la commercialisation en passant par l’égrenage.
Pour Abel Gbetoenonmon de Social Watch Bénin qui s’est confié à l’AFP dans le cadre d’une enquête sur la filière coton au Bénin, la prise en main du coton béninois par l’Aic a marqué le début du conflit d’intérêt. Le président Talon qui contrôlait jadis 80 % de la filière se retrouve avec un monopole presque total.Et pour cause, la Société de développement du Coton (Sodéco), actuellement gérée par sa fille et son oncle vend des intrants aux producteurs. L’Ica, une autre société du chef de l’Etat contrôle plus de 99% des usines d’égrenage de coton au Bénin.
Le transport et la distribution des graines de coton sont assurés par Atral, l’une de ses entreprises. Au niveau de la commercialisation de l’or blanc, on retrouve également l’omniprésent Talon qui a voix au chapitre au niveau de la plupart des services portuaires d’exportation.
« Une gourmandise » qui n’est pas normale
Pour un ancien acteur du coton qui a requis l’anonymat, l’omniprésence de Patrice Talon dans la destinée de l’or blanc béninois « n’est pas normale ». Il aurait souhaité que le chef de l’Etat garde les parts de l’Etat dans la filière coton tout en associant plusieurs autres acteurs privés. Pour lui, le conflit d’intérêt est arrivé a un point où on se demande si les petits producteurs et les autres personnes qui travaillent à différents endroits de la chaîne peuvent se tourner vers l’Etat s’ils rencontrent des problèmes. Ces propos illustrent bien la mainmise du président Talon sur la filière coton au Bénin.
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