Bénin : Pour la culture du bilan

A quoi pense-t-on, à quoi doit-on penser quand on dit bilan ? Le dictionnaire nous aide à répondre. Le mot rapporté à une entreprise, c’est l’inventaire périodique de tout ce que celle-ci possède, de tout ce qu’elle doit. Rapporté à notre état de santé, le mot désigne un ensemble d’examens médicaux estimés nécessaires pour apprécier l’état et le fonctionnement de nos organes. C’est dire l’importance du bilan pour toute organisation, pour tout être humain. Soumettons aux exigences d’un bilan cinq domaines de notre vie nationale.

– L’an II du régime du « Nouveau départ« . L’an II sur le quinquennat du Président Patrice Talon, c’est dans un mois. Il s’agit d’une étape importante dans la gouvernance de l’actuel locataire du Palais de la Marina. L’événement invite à une pause réflexive. Qui est dans l’action a besoin de jeter un regard rétrospectif sur le chemin parcouru. Histoire de mieux appréhender le chemin qui lui reste à parcourir.

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Le Chef de l’Etat a fait rêver ses compatriotes avec le Programme d’action de gouvernement (PAG). Le bilan, dans le cas d’espèce, c’est l’état des lieux pour apporter des réponses à certaines questions essentielles. Où en sommes- nous ? Où allons-nous ? Avons-nous tenu nos promesses ? De quelles ressources disposons-nous pour tenir la route ?

De manière concrète, nous aurons besoin de savoir dans quel état se trouvait le pays au moment où le Président Talon en prenait les rênes. Nous aurons besoin de savoir quelle nouvelle corde a-t-on tressé depuis au bout de l’ancienne ? Nous aurons besoin de savoir si le changement de cap qui s’observe, dans plus d’un secteur, est-il porteur ou non de progrès ? Nous aurons besoin de savoir si les conditions météorologiques du pays portent-elles à espérer ou à désespérer, annoncent-elles une embellie ou laissent-elles présager un tsunami ?

– Le football béninois. Il est géré par une structure faîtière, la Fédération béninoise de football, structure de transition quasiment en fin de mission. Son bilan n’en est que plus attendu. Le championnat national démarre le mois prochain. Une organisation tombée en panne depuis des lustres. Une organisation presque oubliée des supporters béninois. Nous mettrons-nous à courir sans échauffement préalable ? Avant toutes choses, un bilan s’impose à l’effet de cerner tous les contours du dispositif à déployer. Dans quel état se trouvent nos clubs ? A quel niveau placer la barre pour un encadrement technique réussi ? Il faut penser aux arbitres, aux commissaires aux matches, aux entraîneurs, aux préparateurs, aux soigneurs. Ne parlons pas de l’état des infrastructures, de la qualité des équipements, de l’état d’esprit des supporters. Faisons œuvre utile : allons placarder au fronton du siège de la Fédération béninoise de football à Porto-Novo le mot « Bilan ».

– L’opération « libération des espaces publics ». Il y a exactement un an, les bulldozers étaient à l’œuvre et démolissaient sans relâche. Ils devaient partout faire place nette. Malgré les torrents de larmes. Malgré la litanie de supplications. La loi, avait-on dit, était aveugle. Le droit et rien que le droit. Un an après ce tsunami dévastateur où en sommes-nous ? Cotonou est-elle devenue la cité propre, agréable, policée de nos rêves ? La réalité nous impose l’amer constat, pour ne prendre que cet exemple, que les stations d’essence volantes, alors contraintes à la clandestinité, sont partout de retour !

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Si nous avions un brin de culture du bilan, nous n’aurions pas fait passer par pertes et profits le premier anniversaire d’une opération de cette envergure. Une opération, faut-il le rappeler, voulue par ses initiateurs comme la toute première borne-repère sur le chemin du « Nouveau départ ». En termes de bilan, il ne s’agit pas seulement de dresser la comptabilité des torts faits à autrui. Mais de disposer aussi de bonnes marques pour prendre désormais de bonnes décisions.

– La représentation nationale. L’Assemblée nationale ferme une législature, la septième. Les élections législatives frappent déjà à nos portes. Les signes et les rumeurs d’une campagne électorale se font voir et entendre. On pourrait, ici, limiter tout bilan à une seule et unique interrogation : le président de l’exécutif disant « Pi, » doit-il ou devra-t-il continuer de s’entendre répondre « Pan » par le président de l’Assemblée nationale ? Le « pi-pan » de l’attelage Exécutif-Législatif, voilà le mal. Un mal absolu qui nuit absolument à la démocratie. Collaboration entre institution n’est pas dilution de l’une dans l’autre. Séparation des pouvoirs oblige !

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