Le renvoi de Zuma et les risques de scission de l’ANC

Il est tentant de dire que Zuma doit démissionner, tant ses connections avec les frères Gupta (son fils Duduzane est leur associe) qui ont siphonné les fonds publics sont évidents. Cela vient après ses accointances avec Shaik, condamné dans une affaire de pots de vin en 2005, affaire qui avait amené Mbéki à demander et obtenir son départ du poste de vice-président. Ajoutez à cela les dépenses somptuaires dans sa résidence personnelle payées par l’Etat que la C our suprême d’Afrique du Sud exige qu’il rembourse.

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Mais la réalité est que Zuma , avec toutes ses casseroles n’a jamais été condamné –pour le moment-, même si on l’accuse d’avoir entravé la marche de la justice sud-africaine qui n’est pas une des plus timides

Si on devait écourter les mandats présidentiels pour cause de soupçon de corruption, peu de présidents passeraient 2 ans au pouvoir chez nous, entre ceux qui s’offrent à prix d’ami les domaines de l’Etat, s’auto-attribuent contrats à eux-mêmes et à leurs enfants , et les autres.

De même que le fait d’écourter le mandat de Mbeki était discutable, de même celui de Zuma n’apparaît pas s’imposer du point de vue strictement légal… Le respect de l’Etat de droit ne devrait pas être à dimension variable.

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A-t-on écourté les mandats de Sarkozy ou Chirac pour cause de soupçons de corruption qui pesaient sur eux.

La réalité est que la communauté blanche d’Afrique du Sud, qui contrôle l’économie et les médias, n’a jamais coopté Jacob Zuma, comme elle l’a fait pour les Ramaphosa et les Sexwale pour qui ils ont organisé des prêts leur permettant d’acheter des miettes des empires miniers, de s’enrichir personnellement de façon « légale », et de devenir des potentiels protecteurs du système…

Zuma, qui n’a jamais été a l’école –formelle-, mais parle couramment une demi-douzaine de langues, n’est pas policé et raffiné comme Mbeki, pas marié à une blanche comme Sexwale, pas introduit dans les conseils d’administration comme Ramaphosa. Avec ses qualités et défauts, il est reste « rustre » aux yeux des élites blanches. dont il est permis de douter qu’elles aient jamais accepté un pouvoir noir en Afrique du Sud. Derrière les mots codés « incompétents » se cache parfois un racisme à peine déguisé… avec l’hypothèse implicite « noir donc incompétent »…

L’Afrique du Sud est gangrénée par la corruption, mais cela ne date pas d’aujourd’hui… Les pots de vin sur les marchés publics existaient du temps ou les Boers contrôlaient la défense et les grands groupes publics ( Rail et ports avec Transnet, SAA, ESKOM, TELKOM, etc…) et ne sont pas le monopole de la RSA, pas plus que les emplois fictifs des enfants de chefs ( France, USA, UK…, RUSSIE) ou leur trafics d’influence .

Le problème essentiel de l’Afrique du Sud, c’est la mainmise de quelques groupes –blancs – et quelques familles sur l’économie du pays (Anglo American et de Beers contrôlaient 40% de l’économie) et les inégalités criardes de revenus. Une petite minorité noire a intégré le cercle de la haute bourgeoise sud-africaine, mais cela reste marginal.

Zuma et son populisme sont perçus à tort ou à raison comme un danger pour cet édifice. La gloutonnerie de ce dernier permet à cette bourgeoisie de demander et obtenir sa mise à mort.

L’Anc est menacée d’éclatement, pour le plus grand bonheur de cette bourgeoisie qui n’a jamais accepté d’être écartée des affaires.

Comme en 2009 avec la création de la Cope par les partisans de Mbeki, une scission de l’Anc est possible si Zuma est démis de façon non cérémonieuse. Le résultat de cette scission sera la perte par l’Anc de sa majorité des 2/3 au Parlement. Le contrôle effectif du pouvoir reviendrait à la bourgeoise blanche regroupée dans la « Democratic Alliance »…

Les jeux sont faits, faites vos jeux…

Régis Fanou
Juriste,Cotonou

Une réponse

  1. Avatar de gombo offline
    gombo offline

    Zuma est menace de poursuites judiciare (783 chefs d’accusation) pour une histoire de pot de vin vrse par Thales -ex Thomson-CSF , notamment-
    Cette affaire qui a vu la condemnation en 2005 de Shaik et la 1ere destitution de Zuma comme vice-president implique de nombreux acteurs, y compris les presidents fracais Chirac et Sarkozy, comme le revelera un avocat sud-africain de Thales.
    A-t-on jamais entendu parler de la corruption de Chirac et Sarkozy dans cette affaire ?
    Qui est le corrupteur, si ce n’est Thales, societe francaise ?
    De qui se moque t-on qund on sait depuis le temps de l’apartheid, les societes francaises et autres fournissaient les armes permettant au regime de l’apartheid de se maintenir en tuant les militants de l’ANC ?
    On a une immense hypocrise quand les blancs d’Afrique du Sud se decouvrent des talents de moralisateurs alors qu’ils se taisaient et couvraient les achats d’armes et pots de vin aussi nombreux sous l’aprtheid !!!

    NOus condamnons la corrution, mais on doit d’abord et avant tout condamner les corrupteurs

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