Il y a presque tous les jours maintenant des raisons de se convaincre que l’opération de lutte contre la corruption est loin d’être une véritable action d’assainissement des mœurs. Si l’on s’en tient au traitement différencié qui est réservé aux différents mis en cause. La libération récente de l’ancien directeur général du Conseil national des chargeurs du Bénin, Cncb, Dayori, a renforcé dans les esprits ce sentiment de discrimination.
Pour répondre à la critique récurrente des observateurs qui accusent la lutte contre la corruption d’être un prétexte pour anéantir ses adversaires politiques, le gouvernement a réagi enfin en procédant à l’interpellation suivi des auditions de deux soutiens du régime bien connus : l’ancien directeur général de la Cncb, Dayori. Il a été observé par la suite une vaste campagne de médiatisation de ces arrestations. Certains médias classiques comme les réseaux sociaux ont présenté ces arrestations comme la preuve du caractère non sélectif de la lutte contre la corruption. Mais il a fallu seulement être un peu patient pour s’apercevoir que ces arrestations des soutiens du régime ne sont que de la poudre aux yeux.
En effet, deux jours après leur détention, nous apprenons par voie de presse, et des médias proches du pouvoir que l’ancien Dg du Cncb a été libéré sur convocation. Une information aussi surprenante si l’on s’en tient aux faits reprochés à l’intéressés. Cela reste étonnant que l’ancien Dg du Cncb à qui il est reproché selon des informations des médias proches du pouvoir, un détournement de près de 500 millions Fcfa soit libéré pendant que Laurent Mètongnon à qui il est reproché d’avoir perçu 2 millions cinq cents mille francs n’a pas bénéficié de la même largesse de la part de la justice.
De même, un maire d’une grande ville du pays et dont le parti politique est un sérieux allié du pouvoir, a été aussi libéré après paiement d’une caution de 25 millions Fcfa. Ceci après une journée de garde avec comme motif le détournement présumé de plus de 200 millions Fcfa. Et depuis cette libération sous caution dudit maire, c’est comme si l’affaire est classée sans suite. A chacun d’apprécier ce traitement différencié des mis en cause.
Le problème ici n’est pas lié au fait que cette libération sur convocation ait été accordé à l’ancien Dg. Puisque le code procédure fait de la liberté, la règle et de la détention, une exception. Mais c’est le fait que cela soit accordé à un mis en cause dont le montant des faits reprochés est plus de 80 fois supérieur à celui à qui on l’a refusé.
Est-ce à nous faire croire que le sieur Dayori présente plus que Laurent Mètongnon, des garanties de représentation ? Assurément non, et la vraie raison se trouve ailleurs. Certainement dans le désir de sortir complètement de la scène Laurent Mètongnon en le privant avant la tenue du procès, de la liberté d’aller et de venir. On en veut pour preuve que la qualification de flagrant délit des faits qui se sont déroulés trois années auparavant. Et même le cas échéant, le procès d’un flagrant délit contrairement à l’article 402 selon les explications de son conseil à l’occasion, a été programmé sur plus d’un mois au lieu des 72h au plus selon l’article 402 du code de procédure.
Aujourd’hui ce procès de flagrant délit a déjà excédé trois mois de détention des mis en cause sans véritable jugement. C’est ce qui amène les militants du Front du sursaut patriotique à affirmer non sans pertinence que la poursuite de Laurent Mètongnon est éminemment politique.
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