Romuald Hazoumè sur la participation du Bénin aux 13e championnats de cyclisme sur route

Une délégation de six coureurs et un entraîneur, s’est envolée depuis ce samedi 10 février 2018 pour Kigali, afin de prendre part aux championnats de cyclisme sur route. Avant le départ de l’équipe du Bénin à cette compétition qui se déroule du 13 au 18 février 2018, le président de la Fédération béninoise de cyclisme, Romuald Hazoumè, nous a reçus ce vendredi 9 février 2018 à son domicile sis à Fidjrossè plage à Cotonou. Assez détendu et bien confiant en sa vision pour le vélo béninois, il nous a entretenus sur le choix des six coureurs, leur préparation, le partenariat entre la fédération et la Sobébra, et quelques actions entreprises pour donner une nouvelle dynamique au cyclisme Béninois.

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Monsieur le président dites-nous comment le Bénin s’y est pris pour être invité à ces championnats continentaux de cyclisme sur route ?

Déjà il faut savoir que c’est des pays africains qui envoient leurs délégations sur invitation à aller participer à ce championnat. C’est un peu comme notre Can (Coupe d’Afrique des nations, Ndlr) à nous. Mais le seul inconvénient est qu’il faut avoir les moyens d’y aller. On n’avait jamais vraiment été invité parce que l’équipe qu’on avait ne reflétait pas la crédibilité nécessaire pour faire partir des nations sérieuses de cyclisme, à cause du mauvais travail qu’on avait fait. Mais depuis que moi je suis là, j’ai d’abord commencé par restaurer cette crédibilité en allant en Côte d’Ivoire à la réunion de l’Union francophone cycliste (Ufc), et en allant au congrès de l’Uci (Union cyclisme internationale) à Gargène, où nous avons fait des élections pour changer le patron de l’Uci. Donc, le Bénin a retrouvé sa crédibilité. On m’a demandé en Côte d’Ivoire, président est-ce que vous être prêt ? J’ai dit oui. Est-ce que vos coureurs sont prêts pour prendre part au tour de la Côte d’Ivoire, et j’ai dit oui nous viendrons si vous nous invitez. A ce moment là, le président Yao Ala Kouami de la Côte d’Ivoire a appelé son collègue du Cameroun et lui a dit qu’il y a un nouveau président à la tête de la Fédération béninoise de cyclisme, il faudrait que tu l’invites au tour du Cameroun. Et c’est comme ça qu’on a recommencé à être invités. Et ce n’est plus trois coureurs qu’on emmène, mais une équipe complète avec deux dirigeants. C’est pour cette raison que nous sommes invités au Rwanda. Parce que les résultats que nous avons faits en six mois et l’image que nous avons présentés, montrent que nous sommes une nation sérieuse.

Quel est l’objectif à minima de l’équipe béninoise à ces championnats continentaux de cyclisme course sur route ?

L’objectif à minima, c’est d’avoir déjà une participation exemplaire. Cette participation exemplaire c’est déjà pouvoir y aller. Donc, l’essentiel est d’y être et de bien se comporter. Et cela n’exclut pas qu’on va gagner. Parce que en regardant les étapes que nous avons faites (le tour du Cameroun, le tour du Burkina), on a fait des résultats qui ne sont vraiment pas mal avec de vieux vélos. Maintenant, on ne dit pas forcément qu’on va être le premier ou le maillot jaune. Mais nous n’allons plus être à la traine et aucun coureur ne pourra dire aujourd’hui que son matériel ne va pas. Et c’est pour cette raison qu’on s’est dépêchés d’aller chercher les vélos.

Parlant de vélos, vous certifiez que les coureurs qui vont à Kigali y vont avec de bons vélos ?

Ils ont le type de vélo qui a été champion du monde sur route. C’est-à-dire que le champion du monde sur route de l’année passée a eu le même vélo que les Béninois aujourd’hui. Nous n’avons pas acheté n’importe quoi. On a acheté des vélos de pro. Donc, on ne doit plus entendre des railleries. Si on entend des railleries, c’est que ce coureur n’est pas bon et à la prochaine occasion, il descendra.

Sur quels critères les six coureurs ont été choisis pour représenter le Bénin?

Quand j’ai pris les clés de la Fédération, j’ai sorti beaucoup d’argent de ma poche pour faire l’état des lieux avant de récupérer cet argent une fois que le gouvernement a donné les subventions. Ce qui signifie que j’ai rassemblé tous les coureurs qu’on connaissait sur le territoire béninois. Et c’est de tout ce lot qu’on a fait une première mise au vert de 20 jours. Après, on a refait une deuxième de 20 jours avant d’aller aux jeux de la francophonie. Donc, nous avons vu ceux qui étaient les juniors, les jeunes qui arrivent, les filles et les gars de l’élite qui sont encore bons… Donc, la sélection est indiscutable et il n’y a aucun coureur de zoom-zoom club (le club du président de la fédération Romuald Hazoumè). Et ça va être comme ça. C’est ceux qui sont bons qui doivent être à la place qu’il faut. Et jusqu’à présent, c’est pareil. Nous, on veut les résultats, on veut les meilleurs béninois.

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Dans la perspective de bien se comporter au Rwanda, quel a été la préparation de l’équipe du Bénin ?

Sourire. La préparation cette fois si n’a pas été facile. Les coureurs eux-mêmes ont contribué à leur préparation parce qu’on n’a pas d’argent. Nous avons commencé l’année et on n’a pas encore la subvention de l’Etat. Notre partenariat avec la Sobébra ne nous autorise pas à faire certains frais. Dedans, il n’y a pas la formation. Il y a le voyage, les billets d’avion et les primes, c’est tout. Donc, les coureurs je les salue. On le leur a expliqué et eux-mêmes ont participé à leur mise au vert. Et ça c’est quelque chose de tout à fait nouveau.

Ils ont fait 20 jours de mise au vert, mais vraiment 20 jours difficiles. Ce n’est pas comme les autres mises au vert où nous avons un budget où on les nourrissait. Ce sont eux-mêmes qui ont contribué à se nourrir, à s’entraîner. Nous, on n’a fait que les loger et payer la vaccination.

Des démarches ont-elles été menés pour solliciter l’appui de l’Etat dans le cadre des ces championnats ?

On a tenu informé le ministre, mais on n’a pas demandé d’argent. Parce que l’essentiel n’est pas forcément d’argent. Les gens savent ce qu’ils doivent faire. Et nous nous savons ce que nous faisons pour aider le gouvernement qui nous soutient déjà énormément (ayant doublé la subvention que le cyclisme avait). Si nous avons cette subvention et si nous sommes aidés pour le tour du Bénin pour lequel ils ont lancé une communication, c’est déjà suffisant. Nous avons un partenaire et même s’il n’a pas tout donné, on ne peut pas demander à l’Etat de donner beaucoup. Nous dans notre partenariat avec la Sobébra, nous avons changé un de nos tours auxquels nous devons participer qui nous coûte 4 180 000 francs en budget, pour payer un budget de six millions et plus pour aller au Rwanda. Donc, nous avons un déficit de 1 820 000 à peu près, que nous devons prendre dans la caisse de la fédération. Mais nous y serons tout de même.

Parlant de partenaire, dites-nous la teneur de votre partenariat avec la Sobébra

Nous avons élaboré nos centres d’intérêts, et la Sobébra et nous regardons dans la même direction qui est de rendre le vélo populaire au Bénin. Parce que c’est le sport le moins cher pour toute la population… vous sortez de chez vous, vous vous mettez au bord de la route et vous nous voyez passer… ça sert la Sobébra et ça nous sert aussi, car le pays y gagne en image. Donc, dans ce partenariat ils vont financer certains tours internationaux auxquels on ne pouvait pas participer avec notre budget. On pourra faire 13 tours et on pourra faire quatre compétitions dans le Bénin plus le championnat national. Alors, si eux ils nous permettent de participer à tous les tours au niveau international, il est légitime qu’ils deviennent officiellement notre sponsor. Mais cela ne veut pas dire que nous ne restons pas ouverts à d’autres partenaires. Air France nous a aidés pour les vélos. Air France est un partenaire. La douane nous a aidés pour vite sortir les vélos, la douane est un partenaire.

Avez-vous un message pour rassurer les Béninois sur l’avenir du cyclisme au Bénin ?

Moi je ne pense pas qu’il faut les rassurer. Il faut leur dire maintenant là, que nous on a besoin de leur soutient. Parce qu’on a trouvé un peu d’argent et qui est vraiment pas mal par rapport à d’autres fédérations. Le vélo, c’est le sport le plus cher. Le football n’est pas cher. Chez nous, vous achetez un vélo, il n’y a plus personne qui mange. Le prix d’une chaine achète quatre ou six ballons de foot. Donc, le peuple doit jouer son rôle. Quand on dit qu’il y a course dans une localité, il faut que les gens sortent pour applaudir les leurs. S’ils ont des coureurs dans les localités, ils n’ont qu’à les aider même en donnant 500 francs. Le gouvernement a joué sa partition et je le remercie dans l’ensemble.

Réalisation : Arthur Sélo

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