Bénin : La mauvaise communication, cause principale de l’échec des partis politiques

Il existe quelques partis politiques qui rassemblent les moyens financiers considérables, la ressource humaine requise et même des militants et des sympathisants.Mais qui n’arrivent pas à s’affirmer sur l’échiquier politique national comme une formation politique d’envergure nationale. Il en est de même des échecs cuisants et surprenants lors des échéances électorales. Si les raisons de ces débâcles peuvent être multiples, la mauvaise gestion de la communication en est la cause principale.

L’erreur que plusieurs organisations politiques est de considérer la communication comme étant une chose quelconque qui peut être gérée par les journalistes. Cette prédisposition amène les leaders des partis politiques à gérer le secteur de la communication avec légèreté alors que c’est elle qui doit être au centre de toutes les activités du parti.La confusion est vite faite en considérant les journalistes comme pouvant aussi faire de la communication. Pourtant ces deux activités bien que voisines diffèrent bien de par leur nature que leurs objectifs. Le journaliste qui est un technicien du recueil, du traitement et de la diffusion de l’information, ne maîtrise pas vraiment la communication qui appelle d’autres aptitudes comme la conception, l’élaboration et la détermination des mécanismes de diffusion des messages à des cibles ou publics donnés. Malheureusement, la pratique a traditionnellement érigé les journalistes en chargés de communication. Dans les conversations, 2 journalistes sur 4, mêmes les moins brillants se présentent souvent comme ayant été des chargés de communication dans des ministères, des institutions publiques ou dans et autres.

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Le journalisme n’est pas la communication

Cette pratique a fini par amener la conscience collective à intégrer l’idée que les métiers de journalisme et de communications sont interchangeables. C’est-à-dire que l’on peut considérer l’un pour l’autre. Une grande illusion pourtant,puisque la communication se rapproche du marketing qui est l’activité de détermination des techniques ou de procédés de vente d’un produit. Et justement le parti politique ou le candidat à une élection donnée est assimilable à un produit à vendre. Les compétences requises pour trouver les moyens de faire admettre ce produit au public excèdent de loin celles du journaliste. Il s’agit plus précisément de la communication politique. Elle est un domaine transversal qui appelle des aptitudes en sociologie des organisations, en psychosociologie et en science politique. La communication politique est une activité qui requiert habilité et justesse. C’est l’équipe de communication qui devient le maitre et le guide du candidat sur tous les plans. Le choix de ses tenues, de ses voitures, de son quartier de résidence, la rédaction de ses discours, la préparation de ces interviews, le choix des lieux où il doit se rendre, la préparation de sa conduite à tenir à chaque lieu.

La communication, une activité particulière

Cela suppose que les chargés de communications doivent être non pas seulement les habitués du micro ou des simples orateurs, mais des personnes capables de concevoir des stratégies pouvant concourir à adopter leurs partis politiques ou leurs candidats par les électeurs. Cela n’est malheureusement pas ce qui s’observe sous les tropiques et plus particulièrement au Bénin. Ici, le chargé de communication pense que ses attributions consistent simplement à négocier les passages des membres du parti sur les plateaux de télévision ou dans les studios de radio. D’autres estiment que ces missions consistent à déterminer les médias à inviter aux activités du parti, à budgétiser la communication à 5 millions et à partager seulement 500 mille aux journalistes invités puis à empocher les 4 millions 500 mille restants. C’est cette méconnaissance du métier de chargé de communication des partis politiques en Afrique en général et au Bénin en particulier, qui est au premier rang de l’échec de ses partis politiques. En tant que vendeurs d’un produit donné, ils doivent adopter ne fut-ce que la gentillesse commerciale qui passe par le bon accueil et des échanges courtois. Bien loin de cela, les chargés de communication sont plutôt des personnes arrogantes qui s’adressent aux cibles potentielles avec mépris et déconsidération.

Une communication ratée voire approximative

C’est ce à quoi on a assisté encore lors du congrès constitutif de l’Union sociale libérale à Djèffa les 23 et 24 mars 2018. Un congrès qui a réussi sur plusieurs plans sauf sur celui de la communication. Déjà sur la voie qui mène à Djeffa, partant du carrefour le Bélier à Akpakpa, aucune affiche ne renseignait sur la tenue dudit congrès. Même à l’entrée du lieu de déroulement du congrès, il n’y avait aucune affiche ni indication. A l’intérieur, en dehors de la sonorisation qui était de bonne qualité, personne pour accueillir les journalistes invités. Pour de telles circonstances, des tables sont souvent disposées avec des hôtesses qui renseignent et distribuent des badges aux journalistes, rien de cela. Il fallait plutôt comme journaliste invité, se battre à rechercher soi-même les organisateurs. Personne pour entretenir les journalistes sur les articulations de l’évènement et le dossier de presse distribué à la fin de l’évènement sur le critère relationnel..

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Confier la communication aux spécialistes

A l’arrivée, tous les journalistes présents sont rentrés mécontents et déçus par le mauvais traitement et surtout du peu de considération pour ceux qui sont censés relayer le message. Les raisons de cette approximation dans la gestion de la communication lors de ce congrès sont à rechercher dans l’habitude qui veut qu’on confie aux journalistes la charge de la communication là où d’autres contactent des cabinets de communication. Aussi longtemps que les partis politiques ne veilleront pas à établir une ligne de démarcation entre le journalisme et la communication, on ne sera pas surpris que même avec des moyens et des militants, les succès électoraux ne soient pastoujours au rendez-vous

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