Bénin : Nécessité d’installer un tribunal spécial pour corriger les injustices

La mal gouvernance est devenue un mode de gestion des affaires publiques au sommet de l’Etat. Les mécanismes juridiques et institutionnels mis en place par l’Etat, n’arrivent pas à bout de cette gangrène qui freine le développement du Bénin. Si le mal perdure, c’est parce qu’il manque la nécessaire volonté politique de créer une juridiction spéciale impartiale, capable de juger les auteurs et les bénéficiaires des actes de corruption dont le but sera d’aider l’Etat à entrer en possession de ses biens détournés.

La corruption, la concussion, la prévarication et les détournements de biens publics constituent un fléau qui, depuis des lustres, annihile tous les efforts de développement du Bénin. Les études ont déjà montré que chaque année, le Bénin perd des centaines de milliards de F CFA pour cause de la mal gouvernance au sommet de l’Etat. Aujourd’hui, le mal élargi ses tentacules dans tous les secteurs de la vie nationale. Même le secteur privé n’est plus épargné. Tous nos dirigeants successifs dénoncent avec véhémence la gestion hasardeuse des affaires publiques, mais ne font rien pour enrayer le mal. Au contraire, ils sont les véritables acteurs des grands scandales qui ruinent le pays. Les partenaires techniques et financiers n’ont jamais cessé d’attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale sur les méfaits que constitue la corruption. Tout se passe comme si les différentes réactions sont des paroles d’encouragement et de soutien à la corruption. Aucun secteur n’est épargné. Les petits malfaiteurs, pour la plupart en quête de pitance, sont vite envoyés en taule. Mais ni les ministres, ni même les directeurs ou conseillers ne seront inquiétés.

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Les affres de la corruption

Ces actes de corruption et de la mal gouvernance sont l’œuvre d’une minorité d’individus sans foi ni loi, dont la visée première est de s’accaparer la majeure partie des ressources de l’Etat et d’en priver la majorité de la population. Cette majorité croupit toujours dans la misère et le désarroi. Les différentes initiatives pour barrer la route à ces agissements n’ont pas porté leurs fruits. Depuis le régime du Président Nicéphore Dieudonné Soglo jusqu’au gouvernement du Président Patrice Talon, la lutte contre la mal gouvernance est toujours inscrite en bonne place dans la politique de nos dirigeants. Mais sa mise en œuvre ne recueille pas l’adhésion des gouvernants parce qu’ils sont eux-mêmes les vrais auteurs des actes de corruption et de la mal gouvernance. Le chef de l’Etat Patrice Talon s’est engagé à lutter farouchement contre la corruption et tous les auteurs qui se sont illustrés dans ce domaine. Sa détermination est sans faille pour dénicher les pourfendeurs de l’économie nationale et mérite d’être encouragée. Mais ce combat qu’il mène est sélectif et subjectif. Tout d’abord, cette opération main propre de Patrice Talon cible particulièrement une période où il était en cessation d’activités avec l’Etat et ne vise pas les affaires qu’il gérait avec ce dernier. Cette attitude est dérangeante à plus d’un titre et la lutte s’apparente à des règlements de compte politiques.

Le repentir non exclusif

Les aveux répétés du chef de l’Etat devant l’épiscopat béninois et le Président Emmanuel Macron d’avoir participé à la mal gouvernance au Bénin et d’en bénéficier lui-même, sont des comportements à considérer avec une profonde réflexion parce qu’il est moralement indécent que le chef de l’Etat initie une lutte qui épargne la période où il participait aux actes de corruption et de la mal gouvernance, selon ses propres déclarations. La seule chose que peut faire le chef de l’Etat, c’est que reconnaissant d’avoir contribué à la mal gouvernance, à la corruption, il décide de tourner la page et de veiller pour que sous son règne les actes de corruption ne se déroulent plus. Une autre alternative consisterait à créer un tribunal spécial circonstanciel dont la mission serait de permettre à tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à spolier l’Etat pourront avouer leurs forfaits, en vue de restituer les biens frauduleusement soustraits à l’Etat sans que les auteurs ne soient envoyés en prison. Il s’agira d’un tribunal vérité et réconciliation qui pourra rendre justice de manière impartiale au profit du peuple. En définitive, afin que le repentir du chef de l’Etat ait une valeur et un sens, il faudrait que soit il accepte de faire partie de ceux qui ont spolié le peuple et qui doivent rendre gorge, soit il choisit de mettre un trait sur toutes les malversations réelles ou supposées qui vont jusqu’avant son accession au pouvoir le 06 avril 2016.

2 réponses

  1. Avatar de Adevi
    Adevi

    Vivement qu’on materialise cela pour mettre fin aux frustrations de tout genre. Voyez ce qui se passe a la CNSS actuellement, on lance un concours de recrutement et on ecarte ceux qui ont plus de 30ans au detriment de ceux qui viennent de finir ou qui sont encore a l’universite. Le Benin, cest pour nous tous.

  2. Avatar de Tchite'
    Tchite’

    Je dirais, « nécessité de rendre les tribunaux existants, fonctionnels ».

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