Ils ont osé sortir dans le cadre douillet et feutré d’un hôtel de la place, pour se prononcer prétendent-ils, sur les sujets brûlants de l’actualité que sont la non désignation des représentants de l’Assemblée au sein du cos-lépi, la levée de l’immunité de certains députés, le retrait du droit de grève et la charte des partis.
Ils, ce sont les députés soutenant le chef de l’Etat et son gouvernement, regroupés au sein de ce qu’on appelle pompeusement : le bloc de la majorité parlementaire (bmp). Les sujets soulevés et les réponses données montrent à suffisance qu’il s’agit de cette frange des représentants du peuple qui ont délibérément choisi de s’aligner sur les positions d’un gouvernement formé plus d’un an après leur installation comme députés, et l’avènement d’un chef d’Etat dont la plupart d’entre eux n’ont pas soutenu la candidature.
C’est quoi donc le Bmp ? Un conglomérat hétéroclite de partis allant du Prd qui a soutenu le candidat Zinsou, à ce qui reste de l’Un qui n’a donné aucune consigne de vote au premier tour, en passant par des renégats de la Rb dont on sait qu’elle a soutenu le candidat Zinsou, les anciens inconditionnels de Yayi comme les inénarrables Gbadamassi, Kassa, Dègla et Okounlola, et les députés singletons de petits clubs électoraux du Zou et du Nord. On cherchera en vain dans ce regroupement de transhumants invétérés, un bloc solide des militants de la rupture de la première heure, de l’époque où depuis Paris, son leader « charismatique » a lancé un appel resté sans échos à la classe politique, qu’on ne retrouvera que le parti Alternative citoyenne dont les militants se comptaient sur les doigts d’une main. C’est dire que le Bmp ne constitue un bloc que de nom, formé après le retentissant échec du projet vicieux de la révision constitutionnelle… Pour adopter à la hussarde des lois scélérates concoctées par le noyau dur des ploutocrates au pouvoir décidés à en finir avec les acquis démocratiques conquis de haute lutte. Les oeuvres de ce noyau dur du néo libéralisme à tout crin sont connues : Ce sont la loi sur l’embauche et sur les collaborateurs extérieurs aux salaires hors-norme, celle sur le secret-défense, le renseignement, le retrait du droit de grève, etc.
Le Bmp ainsi décrit est une escroquerie intellectuelle doublée d’une escroquerie politique. Escroquerie intellectuelle parce que
ces individus n’étaient pas au départ de la Rupture, loin s’en faut ! Ils ont pris le train en marche après en avoir goûté les fruits doux de la double corruption active de la télécommande de Paris, pour l’élection de leur président hier et l’adoption aujourd’hui des lois scélérates citées plus haut. Car, il est de notoriété publique que ce regroupement de députés coutumiers de la ‘’circulation‘’ nocturne de mallettes d’argent (Rosine Soglo dixit), perçoit à en croire les rumeurs jamais démenties véhiculées par les réseaux sociaux, un bonus consistant en dehors de leurs émoluments mensuels. Comment pourrait-il d’ailleurs en être autrement, quand on connaît le mode opératoire des actuels tenants du pouvoir et la cupidité légendaire de nos députés. L’un d’eux n’a-t-il pas déclaré récemment au cours d’un entretien télévisé, qu’il ne faut pas moins de 100 millions pour se faire élire député de son patelin, chiffre à multiplier par dix pour les grandes cités. Où trouve-t-on tant d’argent qu’aucun salaire ne peut justifier, sinon de la télécommande généreuse. « Quand un président qui aspire à un second mandat maîtrise les grands électeurs avait-elle dit, l’élection est toujours pliée, quel que soit son bilan ».
Le Bmp est enfin une escroquerie politique, parce qu’il s’arroge les prérogatives d’un parti politique ayant conquis le pouvoir, alors que les individus qui le constituent ne sont que des députés simplement appelés à voter les lois et contrôler l’action gouvernementale. On nous rétorquera qu’il en a toujours été ainsi depuis l’ère du Renouveau démocratique : Il ya toujours eu en effet de Soglo à Yayi en passant par Kérékou II, des partis ou alliances de partis qui ont soutenu des présidents élus. Oui !! Cependant, aujourd’hui le jeu politique se fait à l’Assemblée nationale, directement avec les députés à qui il a été demandé de voter les yeux fermés. Le Bmp se comporte de facto comme un parti politique de soutien au gouvernement dont le sémillant coordonnateur a déclaré vouloir répondre aux opposants du tac au tac. En réalité, ce regroupement de ‘’bras cassés’’ tenus par l’argent régulièrement versé et les promesses de versements toujours plus importantes, en attendant les futurs positionnements, apparaît comme un dévoiement pernicieux du système démocratique. Et c’est ici que se situe l’escroquerie politique. La télécommande nationale auto proclamée sous la rupture, a élargi la base de sa clientèle politique. Au lieu de continuer à négocier directement avec les entrepreneurs politiques que sont les chefs de partis régionaux faillis, elle préfère descendre au niveau des notables locaux stipendiés et missionnés comme de simples démarcheurs politiques, pour la pêche aux voix des électeurs. Ainsi va la démocratie sous la Rupture !
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