Le Béninois a le génie d’entretenir le pourrissement. Il ne réagit aux problèmes sociétaux qu’au tout bord du précipice. Il ne se rend compte du cadavre de la bête à son côté, que lorsque devenu charogne ses odeurs fétides l’empêchent de respirer. Lorsqu’on parle d’anticipation, de prévision et de programmation, le Béninois en fait le dernier de ses soucis. Ce n’est parfois pas de sa faute. Il est tellement submergé par la gestion des affaires quotidiennes, qu’il lui est difficile de penser aux problèmes que ses actes d’aujourd’hui vont engendrer demain.
C’est bien parce que nous fonctionnons tous ainsi, sans anticiper sur les problèmes de demain, qu’on se découvre brutalement dans un pays de barbarie où des jeunes assoiffés d’argent facile perpètrent des crimes rituels avec la complicité des « Hounnon » et autres devins vendeurs d’illusion et de fortune. C’est bien parce qu’on ne voit jamais le danger venir qu’on n’a pas vu hélas le drame national qui se jouait depuis plus d’une décennie.
Par milliers, des adolescents abandonnent collèges, universités et centres de formation professionnelle, pour s’adonner à la ‘’cyber escroquerie’’. On les voyait prendre d’assaut les cyber-cafés qu’ils occupent à longueur de journée, les yeux rivés sur des écrans d’ordinateurs. Puis quelques mois après, ils étaient totalement métamorphosés. Les vieux Jean et les T-shirts délavés rapidement troqués contre des habits et des bijoux de luxe. Les coupes de cheveux, les tatouages, les piercings et les baskets les différencient désormais du lot. Ils roulent désormais carrosse, changent de mode de vie, fréquentent les bars climatisés et les restaurants chics. Ils ne cachent plus leurs fortunes.
Leur générosité profite bien à leurs proches : papa, maman, frère, cousin, neveu et petite amie… sont fréquemment arrosés de billets de banque… ou pas ! Certains parents impressionnés par la fortune subite de ces jeunes, invitent parfois leur progéniture à les imiter. D’autres s’efforcent à donner leurs filles en mariage à ces « nouveaux riches », qui ont pion sur rue dans toutes les grandes villes du pays. Tout cela se passait dans notre pays ici depuis plus d’une décennie. Très peu parmi nous voyait du mal à cela.
On était presque tous fiers d’eux, tant ils pullulaient dans nos quartiers avec des véhicules luxueux. L’approbation était presque généralisée, au point où un technicien en informatique m’a déclaré un jour : « moi j’ai fait l’informatique mais je ne savais pas qu’on pouvait en tirer autant d’argent ». Il regrettait ainsi de n’avoir pas pu exercer ce ‘’métier’’, en dépit de sa connaissance de l’informatique.
On applaudissait presque tous ces « petits cyber escrocs » qui ont changé parfois nos vécus, et démythifié l’usage des voitures de luxe dans nos grandes villes. On les louangeait et on continuerait à le faire si leurs victimes se comptaient seulement parmi ces toubabs qu’ils déplumaient financièrement par des ventes virtuelles de choses qu’ils ne possédaient pas. On les célébrait pour leur ingéniosité et la grande intelligence qu’ils consacraient à escroquer les ‘’blancs’’. Tant que ce sont les autres, personne ne voyait de mal à leur sale boulot. On les glorifiait pour leur « exploit », à gruger les blancs.
Certains parmi eux n’hésitaient pas à dire que c’était pour eux le seul moyen de récolter les fruits des efforts consentis par leurs aïeux -pendant l’esclavage et la colonisation-, pour développer l’Europe. Mais mal leur a pris. Depuis quelques années déjà, leur « business » ne marche plus trop. Et pour cause, le nombre très croissant des victimes de cyber escroquerie a amené beaucoup d’occidentaux à se montrer plus prudents, et même réfractaires aux propositions alléchantes sur la toile.
Les services compétents de plusieurs Etats ont aussi développé des projets pour lutter contre le fléau. Tout ceci, a contribué à réduire de façon drastique le nombre de victimes en Europe et en Afrique.
Ainsi désabusés, les « gay-men » se sont reconvertis. Ils ont découvert une autre opportunité pour gagner facilement beaucoup d’argent, dont ils ont besoin pour frimer et maintenir le même train de vie. Désormais, ils font des alliances diaboliques avec des fétiches, des divinités obscures qui leurs crachent des billets de banque tous les jours ou qui les aident à hypnotiser leurs victimes. En retour, ils doivent leur offrir du sang humain. Ne pouvant s’en prendre aux blancs, ils ont jeté leur dévolu sur nos enfants, nos sœurs, nos parents qu’ils kidnappent, égorgent, vident de leur sang pour satisfaire l’appétit funeste de leurs fétiches.
Les nombreux corps mutilés et vidés de sang découverts en si peu de temps, témoignent du niveau du drame. Nos « héros » d’hier sont devenus des damnés d’aujourd’hui, traqués par la police républicaine. Le mal était pourtant là depuis. Il pourrissait et nous rongeait en silence. Nous sommes tous responsables pour avoir laisser faire. C’est la rançon de notre hypocrisie collective
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