En RDC, « la force de la justice vaincra la dictature »

À l’instar de Moïse Katumbi, principal opposant au régime de Joseph Kabila et pressenti pour lui succéder, de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer les excès du régime congolais, dont celles des catholiques, très influents dans le pays.A croire que Joseph Kabila n’écoute plus rien ni personne. Alors que la communauté internationale l’avait enjoint à modérer ses répressions à l’encontre des manifestants, qui se terminent bien souvent en bains de sang, le chef de l’Etat a récidivé dimanche 25 février.

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Une marche pacifique, organisée par des catholiques laïcs en République démocratique du Congo (RDC), a ainsi été sévèrement réprimée par les forces de l’ordre, faisant plusieurs morts et blessés. Un scénario récurrent, ces derniers temps, puisque le 31 décembre dernier, à Kinshasa notamment, des « marcheurs » réunis au sortir de la messe s’étaient déjà fait accueillir par les gaz lacrymogènes et les armes.

« Le mensonge systématique des médiocres »

Ce qu’ils réclamaient ? Le départ du chef de l’Etat, dont le mandat s’est officiellement terminé le 19 décembre 2016, et qui s’accroche depuis au pouvoir. Malgré la signature d’unaccord avec l’opposition, le jour de la saint Sylvestre, prévoyant des élections présidentielle et législatives en 2017 ; malgré la gronde persistante des Congolais, qui souhaitent, ni plus ni moins, que fonctionne la démocratie dans leur pays — un terme qui ne fait manifestement pas partie du vocabulaire de Joseph Kabila, en place depuis 2001 — ; malgré, enfin, les appels pour l’instant trop timorés de plusieurs dirigeants internationaux à faire preuve de moins de violence.

Si les États-Unis, mais également les Nations unies (ONU) et, dans une moindre mesure, la France, ont déploré les excès du régime, ces derniers ne savent pas vraiment comment (ré) agir face à un président qui a semble-t-il perdu toute capacité d’écoute — et de raison. Mais qui, depuis quelque temps, s’est trouvé un adversaire de taille en RDC : l’Église catholique, très influente dans le pays, qui n’hésite plus à dénoncer franchement les sorties de route de Joseph Kabila. Fin janvier, l’archevêque de Kinshasa, Laurent Monsengwo, avait ainsi appelé les fidèles à protester, après avoir critiqué « le mensonge systématique [des] médiocres », ciblant clairement le régime.

« Il est temps que la vérité l’emporte [et] que règnent la paix et la justice », avait-il également déclaré à la veille du réveillon, « commémorant » l’accord du 31 décembre 2016 resté lettre morte. D’autres autorités religieuses du continent se joignant d’ailleurs à lui pour dénoncer les abus de pouvoir de M. Kabila. Le 17 février, le président de la Conférence épiscopale nationale du Burkina-Niger, Monseigneur Paul Ouedraogo, a par exemple tenu à exprimer sa « compassion » et sa « solidarité » avec les catholiques congolais, tout en appelant Kinshasa à « rechercher l’intérêt supérieur de la nation ». Le 23 février, c’est la Conférence des évêques de Madagascar qui a condamné « les actes de répression et de violence » auxquels se livre le régime.

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Moïse Katumbi, opposant exilé

De son côté, l’opposition congolaise a bien évidemment donné de la voix. Juste avant la marche du 25 février, Moïse Katumbi, candidat déclaré à la présidentielle — et pressenti pour succéder à Joseph Kabila —, a ainsi tenu à rendre « hommage à ceux qui ont perdu la vie pour que la démocratie puisse enfin s’installer dans notre pays », tout en soulignant « le grand élan pacifique populaire » naissant en RDC, dont le but est « la première alternance démocratique à la faveur d’élections libres, démocratiques, inclusives et transparentes ». « La force de la justice, portée par des millions de Congolais, vaincra la dictature » selon lui.

Contraint à l’exil depuis sa condamnation à trois ans de prison ferme, en juin 2016, au terme d’un procès politique — dont la juge avait reconnu, à l’époque, qu’il s’agissait d’un « coup » du pouvoir —, l’ex-gouverneur de la province du Katanga (sud), qui jouit d’une grande popularité dans le pays, n’hésite pas à appeler régulièrement la population congolaise à « marcher », au même titre que d’autres membres de l’opposition. Martin Fayulu, coordonnateur de la Dynamique de l’opposition, a par exemple « souscrit entièrement à l’appel [des catholiques] à marcher pour exiger le départ de M. Kabila » ; l’Union pour la démocratie et le progrès social (UPDS) invitant quant à elle « tout Congolais épris de justice et de paix » à se soulever contre le pouvoir.

Seule la voix de communauté internationale reste trop timide. Celle-ci, malgré quelques remontrances envers Jospeh Kabila, peine à convaincre de sa volonté réelle de voir la démocratie être appliquée en RDC. Plus que toute autre nation, la France, de par son statut de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, mais également eu égard à ses relations poussées avec le pays, ne devrait-elle pas montrer davantage d’empathie vis-à-vis de la population congolaise, dont le droit le plus primaire, celui de la démocratie, est bafoué ?

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