En dépit des rencontres gouvernement centrales et confédérations syndicales, et celle du président avec ces dernières, la crise dans le secteur de l’éducation n’a pu connaître un dénouement.Pis, elle s’est intensifiée. Malgré leur bonne foi, les responsables syndicaux se sont rendus à l’évidence que l’exécutif depuis le début entretenait un faux dialogue social, d’où l’appel à la radicalisation. Commencée il y a plusieurs semaines, la grève dans le secteur de l’éducation passe à une vitesse supérieure à compter de ce jour mardi 06 mars 2018.
En effet, à travers une nouvelle motion de grève prise avant les congés de détente, les enseignants réunis au sein du Front d’action des syndicats de l’éducation, ont décidé de passer de 72 heures à 96 heures de grève chaque semaine. Et ce, par tacite reconduction jusqu’à la satisfaction de leurs revendications. Cette situation triste qui perturbe les activités pédagogiques de ce secteur à en croire les enseignants, est la conséquence de la mauvaise foi du gouvernement et de son faux pragmatisme vis à vis de leurs revendications.
Le gouvernement est visiblement dans la logique de foncer tête baissée. Sinon, comment comprendre que l’on se permette d’augmenter les salaires politiques à des proportions inimaginables, pendant que le président de la République en personne fait comprendre aux syndicats que l’Etat ne dispose pas d’assez de ressources pour faire face à leurs revendications dans l’immédiat…
Appeler les partenaires sociaux à une table de négociation, surtout dans une situation d’impasse comme la nôtre, demande un minimum de concession de la part du gouvernement. A la place des échanges, c’est plutôt à un cours magistral du président aux syndicalistes sur l’incapacité du gouvernement à satisfaire à leurs revendications, que l’on assisté. Par ailleurs, accusant le gouvernement et la chaîne de service public de n’avoir pas diffusé exactement ce qui s’est passé lors de la rencontre, le président de la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Unseb) Kassa Mampo, a expliqué que cette attitude de ruse n’est pas de nature à ramener l’accalmie.
Le gouvernement resserre l’étau contre lui-même
Après cette rencontre infructueuse avec le président de la République, toutes les centrales et confédérations syndicales ont fait observer à Talon que leur motion de grève de leurs bases. Elles ont donc promis rendre compte à leur base, pour que de nouvelles dispositions soient prises en ce qui concerne la suite du mouvement. C’est donc dans l’espoir que cette motion de grève soit levée, que le gouvernement a jeté un autre pavé dans la marre et malencontreusement resserré l’étau contre lui-même. Sa volonté de procéder à des défalcations sur les salaires du mois de février des travailleurs pour fait de grève, en dit long.
Pourtant, selon l’article 25 de la loi n 2001-09 du 21 juin 2002 portant exercice du droit de grève en République du Bénin : « les grèves ayant pour motif la violation des libertés fondamentales et des droits syndicaux universellement reconnus, ou le non-paiement des droits acquis par les travailleurs, ne donnent lieu à aucune réduction de salaire ou de traitement. ».
Cette décision du gouvernement a radicalisé la position des travailleurs, et ces derniers sont prêts à aller au bout de ce bras de fer. Cette attitude du gouvernement attise davantage la fronde sociale, et c’est le Bénin qui en sort perdant. Le gouvernement a intérêt à jouer la carte de l’apaisement, pour éviter le spectre de l’année blanche qui plane sur l’éducation béninoise. Face à cette situation, il urge que les parents d’élèves jouent le rôle qui est le leur, c’est-à-dire celui de médiateurs, d’arbitre non partisan
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